Les oeuvres dévoilées aux hortillonnages d'Amiens
Dix bougies et toujours autant d’émerveillement.
Le Festival international de jardins a à nouveau lieu aux hortillonnages d’Amiens, du 7 juin au 20 octobre. Un mariage savant entre art et nature.
Montez dans une barque, sillonnez les canaux, entre les jardins flottants verdoyants, au cœur d’un cadre naturel privilégié, dans lequel sont disséminées cinquante œuvres de jeunes artistes, paysagistes, architectes et plasticiens. Voici l’échappée belle esthétique et poétique que propose la dixième édition du Festival international de jardins, aux hortillonnages d’Amiens, du 7 juin au 20 octobre.
«Les hortillonnages sont le poumon de la métropole, explique Nathalie Devèze, élue en charge de la culture à Amiens métropole. Ce festival rend la culture accessible dans l’espace public. Il permet aux habitants et aux touristes de connaître Amiens différemment. C’est l’occasion pour eux de s’approprier ce patrimoine naturel.»
Dix nouvelles créations
Une quarantaine d’œuvres anciennes sont toujours à admirer, auxquelles s’ajoutent dix nouvelles. «Des choses extrêmement fortes et grandes», assure Gilbert Fillinger, directeur de l’association organisatrice Art et jardins. Et en ce mois de mai, les artistes travaillent toujours d’arrache-pied pour que leurs créations soient terminées à temps. «Chaque année, nous avons du retard, surtout parce que la végétation pousse à une vitesse folle et que l’entretien est effrayant.»
Parmi les nouveaux, Simon Augade travaille à son projet nommé Affaissement, installé à l’étang de Clermont. Il s’agit d’une colonne de 12 m de long, maintenue ou retenue par un assemblage de bois brûlés en guise de pilotis. On pourrait imaginer que cet élément puisse relier les deux rivages. Mais ce colosse au pied d’argile est tenu en oblique, entre deux états, ni allongé, ni debout. On peut, en fait, y voir une faiblesse, un affaissement retenu dans une certaine urgence, ou une tentative d’élévation, selon le sens de lecture que l’on veut lui accorder. «En découvrant les hortillonnages, j’ai tout de suite été sensible à la fragilité des berges et à leur affaissement. C’est ce sujet que j’ai voulu traiter à travers cette création», justifie Simon Augade.
Pour l’artiste, comme pour tous ses confrères, les conditions de travail sont particulières. «Tout le matériel est apporté en barque. Nous devons aussi nous organiser pour partager les groupes électrogènes qui nous fournissent l’électricité.» Le dressage d’Affaissement, qui se fera sur l’eau, sera «une sacrée aventure». Simon Augade espère qu’il aura réussi à relever le défi de la résistance dans le temps et aux conditions climatiques.
Cohabitation avec les maraîchers
Ces problématiques spécifiques aux hortillonnages, d’autres professionnels les connaissent bien et les vivent à longueur d’année : les maraîchers des hortillons. «Avec notre présence, nous participons à l’entretien du site, et nous les motivons», ajoute Gilbert Fillinger. Des animations seront d’ailleurs organisées tout au long du festival.
L’inauguration officielle, par exemple, aura lieu le 29 juin. Au programme : un concert sur l’eau sera donné sur l’œuvre des Cabotans maraîchers, à l’étang de Clermont, vers 15h30. Puis, direction le Port à fumier, à Camon, où un nouveau ponton va être aménagé, vers 18h. Un dîner y sera organisé avant le retour de la musique vers 22h. Le festival Minuit avant la nuit, qu’organise la Lune des Pirates, sera une continuité du Festival international de jardins. «Nous allons proposer des balades en barque du parc Saint-Pierre aux hortillonnages, pour assister à un concert secret, en acoustique, sur un îlot», précisent les organisateurs. Les visiteurs iront de surprise en surprise.