Les organisations de producteurs (OP), un atout pour leurs membres
Les organisations de producteurs (OP) représentent une valeur ajoutée certaine pour leurs membres et les communautés locales en dotant les agriculteurs d'un plus grand pouvoir de négociation dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire, de services techniques performants et d'une stratégie commerciale globale plus efficace, souligne une «étude sur les meilleurs moyens pour les organisations de producteurs de se constituer, de mener leurs activités et d'être soutenues» publiée par la Commission européenne le 23 octobre.
«Les organisations de producteurs (OP) et les associations d'organisations de producteurs (AOP) contribuent à renforcer la position des agriculteurs dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire tout en fournissant une assistance technique à leurs membres. Ces organisations profitent également à d'autres acteurs de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, ainsi qu'aux communautés locales où elles opèrent», explique dans ses conclusions le rapport «Étude sur les meilleurs moyens pour les organisations de producteurs de se constituer, de mener leurs activités et d'être soutenues», rédigé conjointement par le Groupement européen d'intérêt économique Arcadia International, Ernst & Young et par des experts indépendants, et publié le 23 octobre par la Commission européenne.
Avantages et inconvénients
Le rapport note d'abord que les OP transmettent un plus grand pouvoir de négociation en permettant aux agriculteurs d'obtenir des conditions contractuelles plus avantageuses (déterminer des prix plus élevés pour la vente, prévoir des contrats de fourniture à long terme, des commandes régulières ou des paiements anticipés). Les OP permettent ainsi aux membres de mieux résister que les agriculteurs individuels aux pratiques des partenaires commerciaux qui, parfois, ne sont pas conformes aux clauses contractuelles. Quant aux services techniques fournis par les OP, ils contribuent notamment à une plus grande efficacité du système de production agricole, à l'élaboration de normes de qualité des produits agricoles ou encore à l'utilisation conjointe d'infrastructures et d'équipements. L'étude précise que ces services conduisent à un degré plus élevé de coordination verticale des agriculteurs dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Les OP permettent aussi à leurs membres de bénéficier d'une stratégie commerciale globale, ce qui inclut notamment l'organisation des activités promotionnelles et la gestion de la vente. Grâce à la commercialisation conjointe de produits agricoles, les OP permettent ainsi à leurs membres d'utiliser des circuits de distribution plus efficaces à l'échelle nationale et internationale.
Besoin de transparence sur le fonctionnement
À l'endroit des opérateurs économiques, l'achat auprès des OP permet de mieux garantir la sécurité alimentaire et la qualité des produits agricoles, car les OP agissent en tant qu'organismes de certification des produits de leurs membres et en tant que point de contact unique pour leurs clients en cas de problème quelconque. L'étude montre également que les OP profitent non seulement aux agriculteurs, mais aussi aux communautés locales dans lesquelles elles sont établis. Les OP créent également des possibilités d'emploi et font la promotion de la qualité de l'agriculture régionale ou locale. En parallèle, les agriculteurs peuvent décider de ne pas adhérer à des OP, principalement par crainte de perdre leur identité et leur liberté d'entreprendre. D'autres facteurs peuvent également les dissuader tels que le manque d'informations sur les avantages d'une adhésion à une OP, le manque d'exemples concrets d'OP prospères ou encore les coûts engendrés par une adhésion à ces organisations. Dans le secteur des fruits et légumes, les OP peuvent dissuader certains agriculteurs en raison d'une charge administrative élevée.
Dans le secteur du sucre, la CBG jubile après la reconnaissance des OP
Pour la Confédération générale des betteraviers (CGB), la publication du décret relatif à la reconnaissance d'organisations de producteurs (OP) dans le secteur du sucre est arrivée comme une bonne nouvelle. «Alors que le secteur betterave sucre poursuit sa mutation dans le cadre post quota, la publication de ce décret est une opportunité supplémentaire offerte aux betteraviers et aux sucriers de sécuriser et progresser dans leurs relations commerciales», a défendu la CGB, le 12 novembre. Depuis plusieurs mois, le syndicat betteravier demandait, en effet, la possibilité de créer des OP dans le secteur betteraves. Aujourd'hui, assure l'organisation syndicale, «on ne peut que se réjouir de l'engagement du ministre de l'Agriculture et de ses services au travers de la publication de ce décret». Pour Franck Sander, le président de la CGB, «cela témoigne de la volonté du ministre d'accompagner une meilleure structuration des filières et de l'attention qu'il porte à l'heure actuelle à notre secteur. Les Organisations de producteurs ont été au coeur des dernières évolutions réglementaires et constituent le sens de l'histoire pour mieux structurer les relations entre les betteraviers et leurs sucriers privés». Dans cette perspective, deux premières Organisations de producteurs ont été créées par les betteraviers de Roye (Somme) et d'Etrépagny (Eure). Pour la CGB, betteraviers et sucriers doivent désormais faire de ce décret «une opportunité pour consolider leur relation et ainsi la résilience de la filière betterave-sucre dès la campagne 2020».
3 505 OP et AOP reconnues au sein de l'UE
Au premier semestre 2017, selon l'étude publiée par la Commission européenne le 23 octobre, 3 434 organisations de producteurs (OP) et 71 associations de producteurs (AOP) au total ont été reconnues par les autorités nationales dans 25 États membres de l'UE - il n'y a pas d'OP/AOP reconnues en Estonie, Lituanie et Luxembourg. Tandis que l'UE comptait plus de 42 000 organisations de producteurs reconnues et non reconnues, définies comme toute coopération des agriculteurs fondée sur une entité juridique. Le nombre total d'OP/AOP reconnues continue de croître dans l'UE, soit 33 % depuis la dernière réforme de l'OCM. L'étude précise qu'environ 60 % du total des OP et AOP reconnues au niveau de l'UE sont basées dans trois États membres, à savoir la France (759), l'Allemagne (658) et l'Espagne (588), suivis de près par l'Italie avec 563 entités reconnues. Environ 50 % de toutes les OP/AOP actuellement reconnues sont des coopératives agricoles. Plus de la moitié des OP et AOP (1851) reconnues opèrent dans le secteur des fruits et légumes, suivies par le lait et produits laitiers (334), huile d'olive et olives de table (254), vin (222), viande bovine (210), céréales (177), autres produits comme les pommes de terre ou encore l'élevage de lapins (107) et viande de porc (101). L'étude souligne que les principaux objectifs des OP et AOP reconnues sont communs à tous les secteurs et incluent la planification de la production, l'adaptation à la demande, la concentration des produits et leur mise sur le marché.