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Les prix resteront durablement élevés

Les filières animales font face à des hausses durables des prix des aliments. Mais en France, le déclassement d’une partie du blé en blé fourrager pourrait canaliser ces hausses. La production française de maïs fourrager et grains devrait aussi être abondante.

En production avicole, l’alimentation (très élevée en ce moment), représente 55 à 60 % du coût de production d’un poulet.
© Pixabay

Aucun pays, aucune filière ne sont épargnés par l’augmentation des matières premières agricoles. La flambée des prix observée ces dernières semaines a été précédée par une année de hausse continue des cours. L’élément déclenchant a été les récoltes décevantes de maïs en 2020 aux États-Unis et au Brésil, touchés de plein fouet par l’El Nina. Au Brésil encore, les capacités d’exportation de soja étaient inférieures de 10 millions de tonnes en 2020-2021 par rapport à la campagne précédente. Ensuite, une succession d’évènements a réduit l’offre mondiale de céréales et d’oléo-protéagineux alors que la demande ne cessait de croître. La crise de la Covid 19 a entravé aussi l’acheminement des grains par voie maritime, renchérissant les cours du fret et par conséquent les coûts d’achat des matières premières agricoles. 

L’indice le plus élevé depuis dix ans 

Au mois de mai dernier, l’indice du coût des matières premières dans l’alimentation avait ainsi progressé d’une dizaine de points en quelques mois pour revenir à son niveau de 2014 (base 100). «A ce jour, cet indice est égal à 120, le niveau le plus élevé depuis huit ans. Or en production avicole, l’alimentation représente en France 55 % à 60 % du coût de production d’un poulet», rapporte François Cadudal, directeur économique à l’Institut technique avicole. Cependant la contractualisation de la production avicole atténue l’augmentation des coûts de production supportée par les aviculteurs. Les prix de reprise des volailles sont en grande partie indexés sur l’évolution des prix de l’aliment. «Les prix des céréales et des oléo-protéagnieux seront élevés au moins jusqu’à Noël», analyse l’expert. D’ici là, tout ce qui alimentera les marchés céréaliers contribuera à leur détente. Citons par exemple la récolte abondante de maïs attendue dans quelques semaines dans l’Union européenne, et en France notamment, ou encore les bonnes conditions d’implantation du soja au Brésil. Toutefois, aucun pays n’est à l’abri de nouvelles prévisions baissières annonçant des potentiels de production en recul.  Par ailleurs, les cours des céréales employées pour fabriquer des aliments pourraient quelque peu se détendre sur le marché européen et français si une grande partie du blé récolté dans l’UE, et en France en particulier, est déclassée en blé fourrager. Comme la céréale concurrencera alors le maïs employé pour l’alimentation animale, l’offre européenne de céréales pour la fabrication d’aliments sera plus importante.

Reformulations 

En production porcine, la hausse des coûts des matières premières intervient alors que le marché du porc est morose, jonché d’incertitudes pour les semaines à venir. A l’import, la Chine est moins aux achats qu’auparavant. En attendant, les producteurs de porcs écoulent des animaux nourris avec des aliments de plus en plus chers chaque mois. Et ils puisent sur leur trésorerie pour compenser leurs manques à gagner. «Au mois de juin (dernier mois connu), la tonne d’aliment pour porcs Ifip basé sur les prix IPMPA valait 280 en moyenne contre 228 € il y a trois ans», explique Mathilde Le Boulch, ingénieure d’études économiques sur le marché des matières premières pour l’alimentation animale à l’Ifip. «Et pourtant, les industriels n’hésitent pas à les reformuler pour rendre leur élaboration bon marché. Ils choisissent en permanence les matières premières les moins onéreuses pour les fabriquer. Aussi, les prix des aliments augmentent proportionnellement moins vite que les cours des matières premières agricoles. Mais on va rester longtemps sur des prix d’aliments élevés», poursuit-elle. Compte tenu des délais nécessaires pour élever des porcs, la flambée des prix des matières premières observée mi-août pèsera pleinement sur leurs coûts de production dans plusieurs mois. Et alors seule une hausse des cours de la viande porcine permettra d’en atténuer partiellement ou totalement les impacts. Les filières des ruminants ne sont pas non plus épargnées par l’augmentation des coûts des matières premières et des prix des aliments achetés. Mais ces derniers ne constituent pas la base de l’alimentation des animaux. Par ailleurs, les conditions de cultures pour produire des fourrages en abondance ont été et sont toujours favorables. Les éleveurs n’ont pas subi cette année, un nouvel épisode caniculaire. 

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