L’OP des betteraviers de Roye veut ratisser large pour avancer
De nombreuses réunions se sont tenues dernièrement à destination des planteurs de Roye et d’Eppeville pour les informer de la création de l’Organisation de producteurs (OP) des betteraviers de Roye. Benoit Gerbaux son président, répond à nos questions.
Quel premier bilan tirez-vous des réunions d’informations ?
Les planteurs de Roye et d’Eppeville qui ont participé à ces réunions ont très bien compris les enjeux liés à la mise en place d’une OP portée par la Scica de Roye. En effet, à la veille de la 3e campagne sans quotas et dans un contexte de crise betteravière, ils veulent retrouver de la lisibilité par rapport à la production betteravière et ils sont conscients que c’est ensemble que nous pourrons relever ce défi.
Vous évoquez la Scica de Roye Déshydratation, mais quel est le rapport avec l’OP des betteraviers de Roye ?
La Scica de Roye Déshydratation est une structure ancienne qui, comme son nom l’indique, déshydrate les pulpes des planteurs de Roye, mais cette activité cessera à l’issue de la campagne 2019. Dans le cadre de notre réflexion, le conseil d’administration a donc décidé de l’utiliser pour l’OP. Cela nous permet d’ailleurs de bénéficier de tous les avantages d’une structure déjà existante et en bonne santé financière. C’est un gain de temps important et un gage d’efficacité.
Comment vont se dérouler les adhésions des planteurs ?
Les dossiers d’adhésions sont arrivés en début de semaine dans les fermes avec toutes les explications nécessaires. La tâche qui nous attend dans les semaines à venir est de récupérer le plus grand nombre d’adhésions, et nous restons bien évidement à la disposition des planteurs pour répondre aux questions. Nous avons choisi une organisation simple et réactive avec un investissement limité. Pour un planteur qui produit 1 000 tonnes de betteraves, son apport via une prise de capital dans la Scica sera de 150 €. Ce faible montant doit permettre à tous de rejoindre l’OP des betteraviers de Roye. L’objectif premier est d’apporter aux planteurs des solutions et de la visibilité quant à la rentabilité de la culture betteravière. L’OP est un outil, mais derrière il y a un projet. L’adhésion des planteurs nous permettra ensuite d’aller rencontrer Saint Louis Sucre pour améliorer le contrat 2020 et construire un partenariat gagnant-gagnant. Demain, nous pourrons aussi aller chercher des soutiens financiers auprès de l’Europe qui permettront de gagner en compétitivité.
Vous attendez la sortie d’un décret sur les OP. Quelle sera sa portée ?
Grâce au transfert de propriété prévu dans l’OP, nous pouvons d’ores et déjà travailler. La parution du décret dans les semaines à venir renforcera notre cadre réglementaire. La mise en place de cette OP engage notre responsabilité avec un devoir de résultat. Mais au regard des deux premières campagnes, la force des planteurs Saint Louis Sucre rassemblés au sein de l’OP ne peut que nous permettre d’améliorer la situation. Concernant les volumes, les planteurs doivent s’engager dans l’OP sur les mêmes bases que celle de l’enquête SLS surfaces 2020. Grâce à l’OP, nous pourrons réellement négocier, ce qui n’était pas possible en CRV qui n’était qu’une instance de répartition de la valeur. Nous pourrons ainsi proposer de nouvelles clauses du contrat ou de modalités de fixations des prix via des indicateurs fiables. Et ceci pour gagner en transparence et donc en confiance et avoir un prix de betterave cohérent avec les marchés.
Le transfert de propriété inclue dans l’OP inquiète certains planteurs ?
Pour le planteur, cet aspect ne change pas grand-chose, l’OP sera une interface entre lui et Saint Louis Sucre. Grâce à la propriété des volumes, l’OP acquiert du pouvoir et une vraie force de négociation. Celle-ci nous permet aussi de ne pas être en porte-à-faux vis-à-vis du droit de la concurrence. Nous voulons unir les planteurs pour être plus fort, mais nous n’avons pas la prétention de remplacer Saint Louis Sucre dans ses métiers ou d’embaucher des inspecteurs de plaine. L’engagement des planteurs dans l’OP a été fixé à trois ans. C’est une durée équilibrée qui permet de donner de la lisibilité sur l’approvisionnement de l’usine et de la souplesse aux planteurs. À l’intérieur de l’OP, nous aurons également une souplesse collective sur la gestion des surfaces de chaque planteur.
Les adhérents de la Scica doivent-ils commercialiser leurs betteraves via l’OP ?
L’engagement de confier ses betteraves à l’OP pour les commercialiser auprès de Saint Louis Sucre est une liberté et un choix individuel ! Mais cet engagement est devenu sans aucun doute une nécessité d’aujourd’hui si les planteurs veulent qu’il y ait une réelle négociation des prix et des volumes. Le contrat SLS 2020 qui devrait sortir prochainement n’a fait l’objet d’aucuns échanges avec les représentants planteurs en CRV. C’est une proposition uniltatérale !
Quels sont les objectifs en termes d’adhésions ?
Nous souhaitons recueillir rapidement un maximum d’adhésion des planteurs. Les prochaines semaines seront décisives à cet égard. Nous avons fait le choix d’une adhésion avec un coût très limité. Nous sommes dans une dynamique de projet pour réunir tous les planteurs Saint Louis Sucre sans distinction. Dans cette optique, nous avons tendu la main à l’autre projet d’OP Saint Louis Sucre pour leur dire : travaillons ensemble pour le bien des planteurs. Notre objectif commun est la défense du revenu betteravier, nous attendons leur retour. Si nous sommes divisés et pas assez nombreux, alors le projet sera mort-né et nous retomberons dans les travers que nous connaissons depuis deux ans. Le seul risque que nous courrons, c’est de faire mieux qu’à l’heure actuelle.
Quelle attitude doivent adopter les planteurs s’ils reçoivent de Saint Louis Sucre d’ici quelques jours un contrat à signer pour la prochaine campagne ?
La proposition d’un contrat par un fabricant de sucre quel qu’il soit, doit faire référence obligatoirement à un accord interprofessionnel signé. Cet accord interprofessionnel national est actuellement en discussion et n’est donc pas signé. Tant qu’un accord interprofessionnel n’est pas signé, le contrat proposé ne peut être considéré comme valable. Et ceci, quand bien même chaque planteur aurait communiqué ses intentions de surface 2020 via une enquête. Aussi, nous encourageons les planteurs à s’engager avec l’OP des betteraviers de Roye. D’ici quelques semaines, nous ferons le compte des volumes et des planteurs que l’OP aura fédéré. Là, ce sera à Saint Louis de voir dans quelle voie il veut travailler. Poursuivre la contractualisation individuelle avec quelque 2 000 planteurs de Roye ou travailler en bonne intelligence avec l’OP, comme nous leur proposons.