Pommes de terre
Lutter contre les pucerons et les taupins
Le mardi 23 novembre, l’institut du végétal Arvalis a présenté un webinaire sur la lutte des pucerons et des taupins. L’occasion de faire un bref retour sur la campagne, mais aussi de présenter les dispositifs pour faire face aux nombreux ravageurs.
Le mardi 23 novembre, l’institut du végétal Arvalis a présenté un webinaire sur la lutte des pucerons et des taupins. L’occasion de faire un bref retour sur la campagne, mais aussi de présenter les dispositifs pour faire face aux nombreux ravageurs.
Commençons par faire un bilan de campagne pour comprendre la situation des ravageurs dans cette campagne. Les pucerons, présents dès la fin du mois de mai, sont arrivés assez vite dû à une fraîcheur courant avril. L’année 2021 démontre que les populations ont été bien plus faibles en quantité par rapport aux années précédentes. Cependant les risques causés par les pucerons se sont intensifiés sur la fin juin-début juillet puis ont diminué significativement.
Au niveau des auxiliaires qui régulent naturellement et fortement les populations des pucerons, l’indice auxiliaire en Hauts-de-France a montré une présence importante tout au long de la campagne. Ils sont arrivés globalement à la mi-mai, cela a permis de gérer la population de pucerons.
Concernant les doryphores, ils ont été présents dès le début de juin en parcelles en compagnie d’adultes et de pontes. Malgré quelques interventions sur la deuxième quinzaine de juin et le début du mois de juillet, la pression était moins élevée qu’en 2020 grâce à la température. C’est un parasite qui aime les températures chaudes.
Pour les taupins, la situation s’aggrave dans certaines régions, notamment en Bretagne et dans le Sud de la France, avec de nombreuses piqûres de larves de taupins observées. Dans le centre, toujours des signalements avec des dégâts bien présents qui peuvent entraîner un déclassement des lots. Dans le nord, le taux de parcelles à problème devient significatif.
L’autre parasite émergeant, la cicadelle. Difficile à déceler en parcelle, elle est généralement sur la face inférieure des feuilles, à ne pas confondre avec les pucerons. Les cicadelles volent et se déplacent très vite. Piqueurs et suceurs, ils se nourrissent du contenu des cellules des feuilles. Elles sont vectrices de certaines viroses. Elles sont considérées comme un ravageur dit secondaire mais en recrudescence. Pour les limaces, elles ont été peu présentes durant toute la campagne.
Dispositifs face aux pucerons
Même si cette année 2021, les pucerons n’étaient pas envahissants, il faut rester vigilant à ce ravageur. Sur un essai à base de Nicolas réalisé dans les Hauts-de-France, Juliette Maron, ingénieur service protection intégrée des cultures à Arvalis, explique l’efficacité des produits pour lutter face aux pucerons. «Le mélange entre le Karate Zeon et Karate K n’a aucune plus-value par rapport à l’utilisation de Karate K seul. Pour les produits de biocontrôles, huile de paraffine et purin d’ortie, leurs efficacités restent assez moyennes. Afin de pallier ce problème, il est possible de passer plusieurs applications. Le Teppeki reste toujours efficace à la fois sur l’effet choc sur les ravageurs, mais aussi sur sa persistance sur le temps. On observe une bonne efficacité des produits qui ont du carbamate primicarbe. Ce qui est sûr, dans notre essai, c’est que le Karate Zeon n’a pas été efficace» détaille-t-elle.
Elle recommande de privilégier les mesures prophylactiques, notamment les repousses et des déchets qui peuvent constituer des réservoirs de pucerons. De plus, il faut préserver et favoriser la faune auxiliaire qui joue un rôle important dans la régulation des ravageurs. Il faut également mettre l’accent sur la surveillance en «évaluant régulièrement le niveau de population de pucerons dans les parcelles pour vérifier le seuil de traitement afin d’éviter de le dépasser. Le seuil de traitement, je le rappelle, est de cinq à dix pucerons par feuilles» recommande-t-elle. Si le seuil est dépassé, il est conseillé d’éviter l’utilisation de pyréthrinoïde seule car il y a une certaine résistance sur quelques espèces de pucerons. Du côté d’Arvalis, l’institut compte mettre l’accent sur les produits de biocontrole notamment l’amélioration l’efficacité des deux produits de biocontrôle (huile de paraffine et purin d’ortie) en optimisant les conditions d’application et en les testant dans des situations d’infestation différentes. «Nous continuons à poursuivre la surveillance des résistances surtout aux carbamates sur pomme de terre» conclut Juliette Maron.
Lutter face aux taupins
Les différentes filières de production de pomme de terre (primeur, plant, consommation, transformation) sont exposées au risque d’attaques par les larves de taupins qui occasionnent des piqûres, morsures et galeries sur ou dans les tubercules. Ces dégâts sur tubercules entraînent une dégradation de la qualité de la production. En cas de fortes attaques, la production peut être déclassée. Philippe Larroudé, spécialiste ravageurs Arvalis, revient sur les solutions face à ces ravageurs. «Les produits homologués conventionnels ont une efficacité avoisinant les 30 à 40 % en moyenne que ce soit pour le Karate (0,4 gr) ou le Trika Expert +. L’efficacité du Success GR, à base de spinosad, tourne autour de 25 % d’efficacité. Pour le Naturalis, l’année précédant son taux d’efficacité ressemblait à celui du Karate, cette année, elle est moins efficace. Nous devons donc optimiser sur l’application et la bonne gestion des doses», détaille-t-il. Concernant les produits de biocontrôle, l’efficacité se rapproche des références conventionnelles (30 à 40 %) mais reste insuffisante. «Sur la partie champignons entomopathogènes, les évaluations sont toujours en cours. Concernant la stratégie des plantes compagnes, il n’y a pas de résultat exploitation, cependant, on trouve une certaine efficacité. Nous devons accentuer nos recherches. La stratégie Push-Pull qui fait intervenir des répulsifs est à initier», explique-t-il. En termes de recommandations, Philippe Larroudé conseille la prophylaxie avant tout. «Il faut, bien évidemment, se baser sur le choix de la parcelle en sachant l’historique de dégâts, et éviter les pairies de longue durée. Il faut réfléchir à la gestion de l’ensemble de la rotation afin de protéger les cultures dès que l’on en a la possibilité, et travailler le sol au moment opportun (au moment de la ponte et des jeunes larves). Il faut également éviter les récoltes tardives pour empêcher l’augmentation de l’exposition des tubercules.»