Machinisme en agriculture bio : des tendances contrastées
A l'heure où la tendance est à la réduction des produits phytopharmaceutiques, le désherbage mécanique apparaît comme une solution de lutte contre certains adventices. La demande pour ce type de matériels émane principalement de producteurs en culture biologique.
Parmi les constructeurs, la société Bionalan s’est lancée dans la construction d’une écimeuse dénommée Selac. Ce matériel permet de couper l’inflorescence des plantes indésirables pour stopper leur montée à graines et la dispersion de ces dernières. L’outil, installé à l’avant ou à l’arrière du tracteur, utilise des couteaux rotatifs animés hydrauliquement. Il travaille sur une largeur de 4,40 m à 1320 m et se replie verticalement pour le transport. Des essais sur blé ont récemment révélé sa capacité de coupe à allure soutenue (plus de 8 km/h) grâce à son système de diviseurs et de contre-couteaux. L’un des points forts de l’écimeuse réside dans son excellent châssis intermédiaire, permettant une position flottante et une correction manuelle de la hauteur droite et gauche grâce à ses roues de suivi de sol. Légère et maniable, elle permet de travailler aussi bien dans des céréales de faible hauteur (15 cm) que dans des céréales jusqu’à 1,80 m. L’entreprise Bionalan prévoit de concevoir des modèles beaucoup plus larges pour les grandes plaines.
Matériels plus classiques en agriculture biologique, les outils de désherbage mécanique : herses étrilles, houes rotatives… Chez Grégoire Agri, constructeur qui a plus de vingt-cinq ans d’expérience, après avoir imaginé des outils avec caméra portée et guidage GPS, on revient à de la mécanique plus robuste, mais mieux adaptée. Jean-Luc Grégoire s’en explique : «Avec des systèmes électroniques, on arrivait à des coûts de matériels bien trop élevés. On a préféré investir sur la qualité des dents qui épousent bien le sol, sur les ressorts pour assouplir la ligne et sur le réglage de la pression de nos outils, de 300 g à 5 kg. L’agriculteur a plus intérêt à investir dans une barre de guidage RTK pour son tracteur. Cela lui donnera une meilleure qualité de semis, bien droit. Nos outils de désherbage mécanique seront alors d’autant plus efficaces, notamment lorsqu’il s’agit de travailler sur le rang.»
L’amélioration de la performance mécanique des outils permet ainsi de désherber mécaniquement sur une période plus large, plus tôt et plus tard en saison. Les outils peuvent être montés à l’arrière du tracteur, en frontal, et il est possible de combiner les deux. Parmi les outils phare du constructeur de Loire-Atlantique, le Désherb’rang, d’une largeur maximale de 9 m.
Les outils du futur
Tendance contraire qui se développe, en agriculture biologique ou conventionnelle : l’utilisation de robots autonomes, pour du désherbage ou même d’autres travaux. L’une des start-up qui officie dans ce domaine Agreenculture, installée à Toulouse, a développé un premier robot, Ceol, qui se veut polyvalent, car différents outils peuvent y être fixés. Le robot, qui pèse 300 kg et mesure une soixantaine de centimètres de large, peut ainsi semer, travailler le sol ou effectuer un désherbage.
Selon Jérôme Asmar, responsable développement agronomique chez Agreenculture, «grâce à un guidage GPS RTK, il est extrêmement précis et ses chenilles en font un allié précieux contre le tassement des sols. Bien entendu, il n’est efficace que sur des cultures à large inter-rang comme la vigne, la lavande, le maïs ou certaines cultures maraîchères. A ce titre, il est tout à fait adapté à la conduite biologique de la vigne dans laquelle il peut semer, puis détruire ultérieurement des couverts.»
Pour aller plus loin, Agreenculture co-développe avec Kuhn un robot beaucoup plus imposant, de 2 tonnes, voué aux grandes cultures. Un challenge est même lancé cette année, Challenge Centeol 2018. Il s’agit, pour trois robots, d’assurer le travail du sol, le semis, le désherbage et la fertilisation localisée d’une parcelle de 50 ha de maïs. Seule la récolte sera effectuée classiquement. Sans intervention humaine sur la parcelle, voilà une autre conception qui pourrait trouver sa voie en agriculture biologique ou même conventionnelle. Il suffit juste de programmer les «bonnes» interventions et de laisser travailler les machines.