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Manifestation contre les accords UE-MErcosur

Plus de 400 agriculteurs ont manifesté mercredi 21 février à Lille contre la ratification des accords d'échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur que s'apprête à signer le gouvernement français.

C'est une image forte qu'a choisie la profession agricole pour manifester son mécontentement. Cette fois, pas de déversement de fumier, ni de paille, mais un cercueil incarnant « la mort de l'agriculteur français ». Autour de lui, des exploitants agricoles venus de l'ensemble de la région ont procédé à une marche funèbre symbolique à travers la capitale des Flandres à l'appel des FDSEA, de la FRSEA et des Jeunes agriculteurs des Hauts-de-France. Des manifestations similaires avaient lieu au même moment dans toutes les régions de France.

« Nous sommes les premiers concernés »

Les agriculteurs avaient rendez-vous en début d'après-midi devant le siège du Conseil régional des Hauts-de-France. Ils se sont ensuite rendus en cortège jusqu'à la place de la République avant de s'arrêter devant les grilles de la préfecture de région pour faire part de leur indignation. « Nous sommes la première région française exportatrice de produits agricoles et donc les premiers concernés par ces accords, lance Laurent Degenne, président de la FRSEA Hauts-de-France. Il faut éviter ce piège qui pourrait enterrer notre agriculture ». En l'état, l'accord UE-Mercosur (dont la signature est annoncée dans les prochains mois) permettrait en effet l'introduction sur le marché français de volumes supplémentaires de produits (viande bovine, volaille, sucre, éthanol, porc, céréales, boissons...) en provenance d'Amérique du Sud. « Nous avons déjà du mal à être compétitifs face à nos voisins belges ou allemands, explique Armand Paruch, président des JA Hauts-de-France. Ces accords engendreraient une concurrence déloyale entre les agriculteurs car les normes et les réglementations sont loin d'être identiques. » « Comment peut-on autoriser à nouveau l'importation de viande aux hormones alors qu'elles sont interdites depuis 30 ans en France ?, questionne Christophe Hochedé, responsable de la section bovine de la FDSEA 62. Cela reviendrait à sacrifier 30 000 éleveurs français ! ».

Interpeller les consommateurs

Un peu plus de deux mois après la mobilisation du Pas-de-Calais qui avait déjà réuni 500 agriculteurs répartis entre Arras, Saint-Omer et Montreuil-sur-Mer contre ce projet d'accords ; la grogne ne faiblit pas. Au contraire, « cinq départements se mobilisent collectivement désormais », souligne Karel Lesaffre, secrétaire général de la FDSEA 62. L'objectif de cette procession riche en « images » était d'interpeller le gouvernement mais également les consommateurs. « Ces produits risquent de se retrouver quotidiennement dans nos assiettes, toute la population est concernée », signale Jean-Christophe Rufin, vice-président de la FDSEA du Nord. Les agriculteurs ont d'ailleurs reçu le soutien de l'association régionale UFC Que choisir mais aussi de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT) qui demande l'abandon de tout accord UE-Mercosur sur la viande bovine. « Il y a un non-sens total entre la tenue des états généraux de l'alimentation, la volonté affichée de promouvoir les produits du terroir et la politique d'importation qu'impliquent ces accords », poursuit Charlotte Vassant, de l'Union des syndicats agricoles de l'Aisne. Le préfet de région a reçu une délégation de représentants du monde agricole durant l'après-midi. « Il semble nous suivre sur le fond et fera remonter nos revendications », se réjouit Laurent Degenne. Les syndicats ont néanmoins appelé les professionnels « à rester mobiliser et mobiliser les citoyens ». Un signe fort à la veille de l'ouverture du Salon international de l'agriculture de Paris.

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