Menacés ou agressés parce qu’ils travaillent en forêt
Les Assises de la forêt et du bois qui se sont clôturées le 16 mars ont donné l’occasion aux acteurs de la
filière de prendre un certain nombre d’engagements pour son développement, mais aussi de poser
des garde-fous.
Les Assises de la forêt et du bois qui se sont clôturées le 16 mars ont donné l’occasion aux acteurs de la
filière de prendre un certain nombre d’engagements pour son développement, mais aussi de poser
des garde-fous.
Que certains concitoyens puissent avoir le «syndrome Idéfix» - le fait pour une personne d’être triste ou en colère à la vue d’un arbre abattu -, cela passe encore. Ce qui est, en revanche, inacceptable pour les professionnels de la filière bois-forêt, c’est que ce syndrome se traduise par des actes violents ou malveillants envers ceux qui travaillent au contact des arbres. Lors des assises de la forêt et du bois qui se sont tenues d’octobre 2021 au 16 mars dernier, le problème d’actes de vandalisme et d’incivilités commis sur des matériels, mais aussi à l’encontre de certains personnels, a été soulevé. Pas moins de 48 organisations travaillant ou représentant la filière bois, mais aussi des structures «amies», ont signé une déclaration commune dans laquelle elles affichent leur soutien aux travailleurs en forêt. Parmi elles, on note la participation de France Bois Forêt, l’Union des industriels et constructeurs bois, la Fédération nationale du bois, le Syndicat national des pépiniéristes forestiers ou encore la fédération nationale des … chasseurs au même rang que les entrepreneurs du territoire (EDT) et le réseau des Chambres d’agriculture (APCA).
Condamnation des mauvaises pratiques
«Si le débat peut être posé sur certaines techniques sylvicoles ou d’exploitation au regard des interrogations et attentes de la société, les participants ont considéré que cela ne pouvait en rien excuser des comportements portant atteinte aux outils de travail et à la sécurité des personnels travaillant en forêt et qu’il convient de les condamner», rappellent ainsi les signataires du texte. Pour ces professionnels du bois, il est bon de rappeler que «le développement de la mécanisation en forêt n’est pas forcément synonyme de travaux ou d’exploitation non respectueux du fonctionnement et de l’intégrité des écosystèmes forestiers». «Ce sont les mauvaises pratiques qui doivent être dénoncées et non la mécanisation en soi. Des innovations et des bonnes pratiques sont, au contraire, développées pour limiter l’impact des engins forestiers sur les sols notamment.» Des initiatives comme celle qui consiste à éditer un guide qui recense une vingtaine de recommandations pour protéger les sols lors de différents travaux (Pratic’sols) rappelle ce qui se pratique en agriculture par le réseau des Chambres d’agriculture, des Cuma, des entreprises de travaux agricoles…
Si elle est montrée du doigt par d’aucuns, «la mécanisation permet d’améliorer les conditions de travail en réduisant la pénibilité et le risque d’accident, et participe à l’attractivité des métiers grâce à la technicité, la conduite d’engins sophistiqués et la montée en compétence», souligne-t-on encore au sein de la filière.
Insultes, agressions et vandalisme
Comment expliquer qu’au cours des dernières années, «des machines et des hangars d’entrepreneurs forestiers ou d’entreprises d’exploitation forestière ont été vandalisés, incendiés ou dégradés ?», interrogent les professionnels du secteur forestier. À cela s’ajoute des intrusions de plus en plus fréquentes sur des chantiers en cours par des personnes non équipées de protections individuelles. Ces actes seraient excusables s’il s’agissait d’un intérêt bienveillant, ou d’une simple curiosité, même si déconseillés parce qu’ils «mettent les travailleurs forestiers et ces personnes elles-mêmes en danger». En l’occurrence, à en croire les organisations signataires de la tribune de soutien aux travailleurs de la forêt, la présence de personnes tierces à un chantier vise plutôt à neutraliser des engins et l’activité forestière. Enfin, relèvent encore les organisations professionnelles du bois, «certains travailleurs forestiers et notamment les bûcherons, sont régulièrement pris à partie verbalement sur leur lieu de travail». Inacceptable. «Si le débat et la controverse peuvent se concevoir, les agressions verbales n’y ont pas leur place», dénoncent les signataires qui appellent à l’instauration d’un mécanisme de remontée des problèmes rencontrés sur le terrain, «facilitant l’objectivation et le partage de l’information entre les parties prenantes du secteur forestier». Là encore, un dispositif a été créé propre à l’activité agricole et a pour nom «Demeter». Mais l’actualité des dernières semaines a montré que ce genre d’outils ne fait pas que des heureux.