Mise à disposition de parcelles : prêt à usage et bail Safer
Le commodat ou le prêt à usage est une mise à disposition d’un bien agricole, à titre gratuit. A contrario, le bail «Safer» est un contrat de mise à disposition d’un bien rural au bénéfice de la Safer avec une contrepartie onéreuse à l’égard du propriétaire. Explications.
Le commodat ou le prêt à usage est une mise à disposition d’un bien agricole, à titre gratuit. A contrario, le bail «Safer» est un contrat de mise à disposition d’un bien rural au bénéfice de la Safer avec une contrepartie onéreuse à l’égard du propriétaire. Explications.
Le prêt à usage soumis aux articles 1875 et suivant du Code civil est «un contrat par lequel l’une des parties livre une chose à l’autre pour s’en servir, à la charge par le preneur de la rendre après s’en être servi». En clair, un propriétaire (le prêteur) met gratuitement ses terres à disposition d’un exploitant agricole (l’emprunteur). Le contrat de prêt n’est pas un bail et n’est donc pas soumis au statut du fermage concernant la durée, le droit de préemption, la reprise par le bailleur…
À la différence du contrat de bail à ferme, le contrat est nécessairement gratuit, c’est-à-dire sans contrepartie financière ni en nature pour le propriétaire.
L’existence d’une contrepartie (bien souvent financière) ne rend pas nulle la convention, mais le requalifie en bail rural par la combinaison de deux principes : l’ordre public du statut du fermage et la théorie de la fraude.
Formalisme
Aucune formalité particulière n’est requise, ni aucun formalisme particulier. Un prêt verbal est valable mais la preuve de son existence est alors plus difficile à apporter. Afin de limiter les risques de requalification en bail rural, il faut établir un contrat écrit dont la durée est bien souvent d’un an, renouvelable tacitement d’année en année sauf congé délivré par lettre recommandée avec accusé de réception selon les modalités du contrat, qui sont libres entre les parties.
En contrepartie de la mise à disposition, le prêteur (propriétaire) ne doit rien exiger de l’emprunteur (exploitant agricole), à savoir : ni rémunération, ni loyer, ni paiement des taxes foncières, ni avantage en nature… Si cette condition de gratuité n’est pas respectée, le contrat est requalifié en bail rural soumis au statut du fermage.
L’emprunteur (l’exploitant agricole) doit utiliser le bien pour l’usage prévu dans le contrat, le conserver et le restituer en bon état au propriétaire à la fin du contrat.
Si le prêt a été réalisé verbalement, c’est-à-dire pour une durée indéterminée, il peut, dans ce cas, y être mis fin à tout moment en respectant simplement un préavis de six mois, en principe.
Pas de formalité précise n’est préconisée, mais l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception est fortement conseillé.
Lorsque la durée du prêt à usage est déterminée, c’est-à-dire que la fin du contrat de la mise à disposition est prévue au contrat, l’emprunteur est tenu de restituer le bien à l’expiration du prêt sans que le prêteur (propriétaire) n’ai besoin de délivrer un congé.
Bail «Safer» : mise à disposition de biens ruraux
La Safer peut prêter son concours à des propriétaires ruraux afin de louer leurs terres, c’est ce que prévoit l’article L 142-6 du Code rural «les propriétaires peuvent confier la gestion de leurs terres à la Safer pour qu’elles soient louées et exploitées». Dans ce cas, on parle de convention de mise à disposition, qui permet aux propriétaires de faire exploiter leurs terres par un tiers de manière temporaire dans l’attente d’une vente, d’une succession, d’une mise en location ou d’un changement de destination à venir. Les cas de figures sont nombreux : prendre sa retraite sans vendre sa propriété ; louer ses parcelles pour qu’elles soient entretenues en attendant la reprise par un descendant ; héritage de terres agricoles et besoin de réflexion pour prendre une décision ; maintien de la propriété en bon état et avoir du temps avant de louer ses terres… L’opération doit avoir pour but l’une des missions attribuées à la Safer : la mise en valeur agricole de terres qui ne le seraient pas, l’installation, le maintien d’exploitants agricoles et l’amélioration des structures parcellaires.
La Safer n’ayant pas vocation à mettre en valeur elle-même les biens mis à sa disposition, elle va avoir recours à une forme de sous location autorisée et précaire. Cette convention de mise à disposition est un contrat de location au profit de la Safer et sont éligibles les immeubles ruraux libres de toute location au jour de la signature. La durée fixée en accord avec le propriétaire est au maximum de six ans, renouvelable une fois, quelle que soit la surface.
Outil simple et sans contrainte
Ainsi le propriétaire, à la fin de la convention, retrouve son bien libre et peut soit l’exploiter personnellement, soit le vendre ou le louer selon les règles du statut du fermage. En contrepartie de la mise à disposition, la Safer verse une redevance au propriétaire et assure toute la gestion des contrats et le suivi de l’exploitation. La Safer va louer les terres à un exploitant agricole et dispose d’un libre choix de l’exploitant agricole avec l’accord du propriétaire. Le bail consenti à l’exploitant n’est pas soumis au statut du fermage sauf pour les règles relatives au loyer. Lors de son activité, le sous-locataire peut être amené à procéder à des améliorations sur les terres exploitées. Le sort de ces améliorations, et celui des indemnités, doit être prévu dans le contrat.
L’exploitant bénéficiaire sait qu’au maximum au bout de douze ans il devra restituer les terres. L’exploitant ne bénéficie pas d’une priorité en cas de vente des terres. En revanche, cet exploitant bénéficie d’une priorité en cas de mise en location des terres à la fin de la mise à disposition directement, quand le contrat de sous location a eu une durée supérieure à six ans. L’exploitant n’a aucune relation avec le propriétaire.