Grandes cultures
Moisson 2022 : beaucoup d’agriculteurs heureux, quelques déçus
Avec une moyenne de plus de 9 tonnes de blé tendre à l’hectare, la moisson 2022 est considérée comme bonne. Ce chiffre rend néanmoins certains agriculteurs amers, car l’hétérogénéité était flagrante cette année. Certains n’ont pas fait mieux qu’en 2021, voire moins bien.
Avec une moyenne de plus de 9 tonnes de blé tendre à l’hectare, la moisson 2022 est considérée comme bonne. Ce chiffre rend néanmoins certains agriculteurs amers, car l’hétérogénéité était flagrante cette année. Certains n’ont pas fait mieux qu’en 2021, voire moins bien.
150 000 t de blé en plus chez Noriap. + 17 % de collecte au Groupe Carré. Un rendement moyen «autour de 93 qx/ha», estime la Chambre d’agriculture de la Somme. Sur le papier, la récolte de blé 2022 fait partie des très bonnes. «Mais ces rendements en parcelle sont très hétérogènes, allant de 60 qx à plus de 120 qx.» Cette campagne, marquée par la sécheresse et donc radicalement différente de celle de l’année dernière très pluvieuse, fait beaucoup d’heureux, mais aussi quelques décus.
Le premier fait marquant de cette moisson était sa précocité. Les premières bennes de blé étaient chargées dès le 8 juillet en secteurs précoces et les dernières étaient rentrées le 30 juillet. Du jamais vu. Le terme hétérogénéité était rapidement sur toutes les lèvres. «Nous pouvons parler de gradient nord/sud, avec des rendements toujours plus élevés au nord», constate Jean Deray, responsable du service céréales du Groupe Carré. «Dans la Somme, le secteur Plateau picard sud présentait les moins bons rendements, parfois même inférieurs à l’année dernière», précise Philippe Florentin, directeur général adjoint de Noriap. Plusieurs facteurs pouvaient impacter ces rendements : «Les terres superficielles ont clairement subi la sécheresse. Les semis tardifs, dans des sols tassés, ont aussi montrés de moins bons résultats», analyse-t-il. Le critère azote a enfin joué. «Certains agriculteurs ont limité les apports en raison du prix. Parfois, l’efficience de l’apport a été moindre à cause du manque d’eau.»
La qualité, elle, était plutôt au rendez-vous. «On n’a jamais rentré des blés aussi secs. Et à plus de 80 kg/hl, le PS (poids spécifique) est excellent», remarque Jean Deray. «Une qualité sanitaire du grain au rendez-vous sans mycotoxine, ni grain germé et sans dégradation du temps de chute d’Hagberg», ajoute la chambre d’agriculture. Seule ombre au tableau : le taux de protéines qui s’avère juste, voire un peu en déficit sur certains secteurs, avec «un petit 11 de moyenne, soit tout juste dans la norme.» «Certains industriels pourraient nous refuser des lots qui seront reclassés en fourragers», regrette Philippe Florentin.
Colza, la très bonne surprise
Les autres cultures d’hiver sont aussi satisfaisantes. «La très bonne surprise de l’année était le colza, avec une moyenne de 4,3 t/ha», rapporte le responsable de la coopérative. Le Groupe Carré a même réalisé + 70 % de collecte. «Une longue période de floraison, et des parasites peu présents l’année dernière ont favorisé le rendement.» Son prix (toujours à plus de 600 €/t) en font une production rentable cette année. Deux inquiétudes tout de même pour la prochaine campagne : la sécheresse n’aide pas la levée, et la culture est gourmande en azote. «Or, il y a une incertitude de prix et de disponibilité.» L’orge, avec 9,2 t/ha en moyenne chez Noriap, donne aussi le sourire à ses producteurs. «Les cultures de printemps ont en revanche beaucoup plus subi les effets de la sécheresse», remarque Jean Deray. Philippe Florentin relève des moyennes de 5,6 t/ha en orge de printemps. Les pois s’en sont malgré tout «mieux sortis» que l’année dernière avec une moyenne à 4 t/ha. «Ce n’est toujours pas extraordinaire, mais c’est mieux que rien, puisque certains n’ont même pas su récolter en 2021.»
Et la commercialisation maintenant ? Dans ce contexte de guerre en Ukraine, la demande en export était très forte cet été. «Avec 2 Mt, on n’a jamais autant exporté en juillet et en août», assure Philippe Florentin. Côté prix, la campagne semble bien démarrer, mais rien n’est écrit. «Ils peuvent s’envoler ou chuter du jour au lendemain. C’est devenu de la politique.» Le prix des intrants, lui, ne semble pas vouloir évoluer à la baisse. «Nous redoutons un effet ciseau», s’inquiète Jean Deray.
Quelles variétés choisir pour les semis 2020 ?
À partir du 10 octobre, en semis intermédiaires, les variétés stars ne sont toujours pas détrônées : KWS Extase en toutes situations (limon, craie, blé sur blé), Chevignon, quoi qu’un peu décevant en blé sur blé, Rubisko en toutes situations (très sensible à la septoriose). La nouveauté SU Addiction montre des rendements légèrement supérieurs à la moyenne en limon, mais est déconseillé en terres superficielles avec des rendements inférieurs à la moyenne.
Après le 20 octobre, pour les semis tardifs, Tenor était un peu en retrait en limon et en craie mais avec un bon niveau de rendement en blé sur blé. Il est assez sensible aux maladies foliaires. Complice a un très bon niveau de productivité en toutes situations mais est aussi sensibles aux maladies foliaires, notamment à la rouille jaune. Filon montre une productivité moyenne depuis deux ans mais garde un intérêt surtout en précédent maïs grain. Attention aux maladies foliaires et à la verse. La nouveauté Célébrity mérite d’être testée, avec une productivité élevée aussi bien en bonnes terres qu’en craie. Bonne tolérance aux maladies foliaires.