Interview de Dominique Dengreville, Président de l’Union des Producteurs de Lait de Picardie
«Nous voulons pour 2013 un prix du lait moyen annuel proche de 350 euros/1000L»
Dominique Dengreville, président de l’Union des producteurs de Lait de Picardie, s’exprime sur les manifestations menées ces derniers mois et la revalorisation du prix du lait.
Ces derniers mois, à l’appel de la Fdsea, de l’Uplp et des JA, des actions ont été menées en grandes surfaces afin d’obtenir une revalorisation du prix du lait. Au final, ont-elles servi à quelque chose ?
Oui bien sûr. Nous nous sommes fait entendre auprès des grandes surfaces, du grand public, mais aussi auprès des politiques et des industriels. Certains ont pris conscience du malaise qu’il y avait dans les élevages. Les politiques œuvrent pour réformer la PAC qu’il faut réorienter en faveur de l’élevage tout en prenant en compte l’aspect main-d’œuvre. Nous avons mis en évidence le manque de clarté dans les négociations commerciales, et le besoin indiscutable de rééquilibrer les rapports de force dans les négociations entre transformateurs et distributeurs. La Loi de Modernisation de l’Economie (LME) va être révisée afin que nous, éleveurs, puissions répercuter nos hausses de charge jusqu’à l’aval.
Concernant les prix, les négociations commerciales entre les distributeurs et les industriels étaient mal parti au début, elles étaient plutôt orientées à la baisse. Grâce à nos mobilisations, certaines grandes surfaces ont consenti des hausses. Et pourtant, nous partions de loin. Nos manifestations ont été utiles et nécessaires !
Le médiateur a proposé une revalorisation immédiate de 25 euros les 1000L de lait et ce dès le mois d’avril. Qu’en est-il ?
Avant, nous pouvions fixer les prix en Criel grâce aux indicateurs de marché. Suite aux injonctions européennes, cela n’est plus possible, ce serait perçu comme une entente illicite... Désormais, les entreprises définissent leurs prix mensuels en fonction de leur stratégie. Elles ont leur propre grille, ce qui est dommage, et ce qui rend les comparaisons de prix entre entreprises très difficile. Ce sont désormais les groupements de producteurs qui ont un rôle à jouer dans la définition du prix de leurs entreprises. C’est pourquoi il faut y adhérer. Aujourd’hui, comparer les prix des entreprises au mois le mois ne veut plus rien dire ! Seule la comparaison des prix moyens annuels est pertinente.
Concernant les 25 euros, les laiteries y sont favorables et s’y sont engagés via leurs groupes. Cette hausse ne leur pose pas de problème et je n’admets pas qu’elle soit remplacée par une avance de trésorerie. C’est inadmissible ! Les éleveurs en ont besoin maintenant et sur une durée de plus de trois mois !
Mais finalement, peu importe la façon dont les entreprises présentent la hausse : en bas de facture, au milieu, peu importe grâce à quoi on obtient ce prix. Le médiateur, la hausse des produits industriels, les manifs..., tous ces éléments réunis vont nous y aider. L’essentiel est que le prix moyen annuel de chaque laiterie soit très proche des 350 euros les 1000L en 2013, et qu’aucune laiterie ne décroche en-dessous de ces 350 euros. Nous avons pris contact avec les industriels et nous continuerons à discuter avec eux pour que le prix annuel moyen de chacune des laiteries ne passe pas en-dessous de cette barre.
Quelles sont les perspectives pour les producteurs de lait ?
Nous vivons actuellement un virage important avec la suppression des quotas, la dénonciation des interprofessions. Malgré tous ces changements, de réelles perspectives en production laitière s’offrent à nous : une augmentation de la consommation dans les pays émergents et des perspectives d’exportation. Et le syndicalisme est et sera toujours là pour défendre vos intérêts et tirer la sonnette d’alarme en cas de problème.
J’en profite pour rappeler la manifestation du 23 juin à Paris, «Elevage : grande cause nationale», événement incontournable. Je serais présent et j’espère que nous serons nombreux dans la Somme à y aller. Au-delà de nos revendications : augmentation des prix, simplification des normes, diminution des charges, la LME, la PAC… ce rendez-vous nous permettra de mettre en valeur notre métier, ce pourquoi tous les jours nous travaillons.