Production laitière
Nouveau bras de fer entre Lactalis et ses organisations de producteurs
Production laitière
Malgré la contractualisation, les relations commerciales toujours tendues entre l'industriel et les éleveurs.
Les éleveurs laitiers mobilisés devant l'usine Lactalis de Laval.
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Actuagri
Lundi 15 juillet, durant la nuit, des éleveurs de la Fdsea de la Mayenne ont déversé des dizaines de pneus pour bloquer l’entrée de l’usine Lactalis de Laval. Ils protestaient contre le prix du lait, jugé trop bas, que compte leur payer l’entreprise jusqu’à la fin de l’année alors que les cours mondiaux s’envolent. Les syndicats dénoncent l’attitude de l’entreprise, qui «change les règles de manière unilatérale" et «propose» un prix «politique» moyen annualisé autour de 340 €/ 1 000L alors que les perspectives de marché laissent présager un prix nettement supérieur (345 à 350 €/1 000L)». Selon les éleveurs, Lactalis prend comme prétexte son application de la hausse de 25 euros les mille litres préconisée par le médiateur du ministère, en mai, pour ne pas suivre les indicateurs interprofessionnels. Or, le suivi de ces indicateurs est inscrit dans les contrats, précisent les syndicalistes agricoles.
De son côté, Lactalis «condamne toute forme de violence» et se borne à répéter qu’elle applique la hausse des 25 euros les mille litres.
Action en justice
Jeudi 18 juillet, les discussions étaient au point mort entre l’entreprise et ses organisations de producteurs (OP). appuyées par la Fédération nationale des producteurs de lait et les Jeunes agriculteurs, les OP réfléchissent à une action en justice contre Lactalis pour non-respect des contrats. «Lactalis modifie les contrats de façon unilatérale. Si nous n’avons pas gain de cause devant les tribunaux, on saura ce que vaut la contractualisation chez Lactalis. Si on gagne, on remet la contractualisation en état de marche», explique Sébastien Amand, président de l’union nationale des éleveurs livrant à Lactalis (Unell).
Le médiateur saisi
Le médiateur des relations commerciales agricoles avait été préalablement saisi et a réuni les deux parties au ministère de l’Agriculture le 11 juillet. Il a rappelé que sa recommandation du 26 avril 2013 d’une hausse de 25 € /1 000 litres en moyenne sur l’ensemble de l’année 2013 du prix du lait est, expressément, indépendante des prix contractuels propres à chaque collecteur.
En conséquence, Lactalis a amélioré sa proposition initiale en s’engageant à répercuter en sus aux producteurs toute hausse de tarifs susceptible d’être obtenue de la grande distribution à l’automne. Au final, le médiateur a suggéré que les parties en différend fixent dès maintenant un rendez-vous pour la fin de l’année 2013. Ceci afin de «calculer les résultats de l’application des indicateurs contractuels prévus pour déterminer le prix d’achat du lait aux producteurs, et d’en aménager la mise en oeuvre en tenant compte, d’un commun accord, de la situation du marché et de l’environnement concurrentiel de l’entreprise», précise le communiqué du médiateur du 19 juillet.
La contractualisation vacille
Moins d’un an après sa construction, l’édifice de la contractualisation vacille. Rappelons qu'il a été mis en place par le mini-paquet lait, adopté en 2012 pour organiser la filière en prévision de la fin des quotas laitiers en 2015. En régissant les relations entre éleveurs et laiterie par des contrats, et en permettant aux organisations de producteurs (OP) de négocier au nom des éleveurs et de cosigner ces contrats, il devrait permettre aux éleveurs d’avoir plus de poids face à des laiteries de plus en plus grosses, prises dans une stratégie de fusions pour attaquer les marchés internationaux.