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Objectif réduction de protéine pour les laitières

Les Hivernales d’Avenir conseil élevage ont donné rendez-vous le 1er février chez Vincent Delargillière, à Pierrefitte-en-Beauvaisis, pour creuser le sujet de la protéine en production laitière.

Vincent Delargillière a organisé la surface d’herbe en 41 paddocks et 1,2 km de chemin pour 52 ha de prairies. 
Vincent Delargillière a organisé la surface d’herbe en 41 paddocks et 1,2 km de chemin pour 52 ha de prairies. 
© ACE



Vincent Delargillière est éleveur depuis 2005, mais la construction de sa philosophie de production débute bien avant, lors d’un stage en Nouvelle-Zélande. «J’ai été frappé par la capacité des éleveurs néo-zélandais à résister aux fluctuations du prix du lait et par leur qualité de vie !»
2015 est l’année charnière pour l’exploitation et son projet. Cette année-là, d’un commun accord avec son frère, l’activité de production céréalière est séparée de la production laitière, tandis que leur père prend sa retraite. L’élevage compte désormais 105 ha, dont 77 en prairies. A cette époque, l’alimentation du troupeau est basée sur un système herbe-maïs. Les vaches en production ont accès au silo de maïs en libre-service, avec un correcteur à base de colza. La consommation de tourteau s’élève alors à 1,2 t par vache.

L’herbe au cœur du système
«Le poste de charges, lié aux concentrés, avait tendance à augmenter. Je ne suis pas à l’aise avec les fluctuations des cours des aliments. Si, parfois, on peut faire un coup en achetant au bon moment, l’inverse est également possible. Ce système ne me convenait plus. Je suis également attentif aux demandes sociétales et au besoin de renouveau de l’agriculture. Je voulais un système plus autonome qui permette de vivre correctement du fruit de son travail.» Vincent Delargillière puise les solutions qu’il adopte dans les voyages et les rencontres avec d’autres éleveurs. Peu à peu, il bâtit un projet dans lequel l’herbe doit être au menu toute l’année !
En trois ans, il a l’opportunité de reprendre 21 ha de foncier et d’échanger des parcelles avec des agriculteurs, qu’il réimplante en prairies permanentes sur des surfaces labourables. Il parvient ainsi à constituer un parcellaire de 52 ha de pâturages accessible aux vaches.
En parallèle, la crise laitière, ainsi que les manifestations des éleveurs pour une meilleure rémunération du prix du lait, conduisent Vincent à s’interroger sur l’opportunité de la production biologique dans son projet. En septembre 2018, il amorce la conversion bio de l’exploitation.
Pour parvenir à réduire la dépendance protéique de l’élevage, le principal levier consiste à mieux valoriser l’herbe. L’ensemble du système doit être repensé pour répondre à cet objectif : aménagement du parcellaire, génétique des vaches, période de reproduction et de vêlages…

Investir dans le pâturage
Un chemin de 1,2 km est aménagé avec une sous-couche de remblai et de la marne recouverte en surface par une fine couche de tout-venant type 0-20 pour l’adhérence. Des clôtures sont posées et une quinzaine d’hectares est drainée. Enfin, chaque paddock dispose d’une entrée et d’une sortie différenciées, d’un accès à l’eau avec des bacs en béton équipés de flotteurs à niveau constant. «Tous ces aménagements représentent environ 50 000 . Cela peut paraître beaucoup, mais c’est incontournable pour gérer le pâturage et mettre à disposition des vaches une herbe de qualité tout au long de la saison», explique l’éleveur.
Vincent Delargillière pratique désormais le pâturage tournant avec un fil avant. La taille des paddocks est prévue pour deux jours de pâturage selon la pousse de l’herbe, le type de sol (parcellaire très hétérogène allant de la «zone humide» peu portante à des parcelles séchantes), et le nombre de VL en production.
«J’utilise l’herbomètre toutes les semaines. C’est un outil simple qui ne ment pas !» En effet, l’œil peut parfois être trompeur. Avec un outil de mesure, les quantités d’herbe en stock sont fiables d’une semaine sur l’autre. L’entrée des vaches dans un paddock est possible à partir de 15 cm (2 800 kg de MS d’herbe par hectare). Au-delà de 20 cm, le paddock est débrayé pour la fauche. L’objectif est de sortir les animaux à 4-5 cm, ce qui peut paraître ras, mais reste supportable à condition de respecter les temps de repos des paddocks. En pratiquant de la sorte, la repousse est homogène et l’herbe bien valorisée.

Une marge stable
Sur 2017-2018, la marge brute de l’élevage calculée par ACE était de 270 €/1 000 l alors que la moyenne ACE se situait à 220 €.
Déjà sur cette campagne, le niveau de charges était particulièrement bien maîtrisé, notamment le poste lié au renouvellement du troupeau. Le vêlage deux ans est ici une réalité. Pour y parvenir, la croissance est assurée par une phase lactée de quatre mois et demi. A partir de quarante-cinq jours et pendant quarante-cinq jours, les veaux ont en moyenne 8 l de lait par jour au milk-bar. En complément, les génisses ont un accès au pâturage dès un mois et un complément sous forme de concentré (c’est d’ailleurs le dernier concentré encore acheté).
Malgré toute la technicité mise en œuvre, le niveau de production du troupeau est en baisse. Sur la dernière campagne, la production annuelle était de 500 000 l alors que le droit à produire est de 600 000 l. «Je ne cherche pas à produire à tout prix ce qui m’est permis. Mon objectif est de réduire les factures pour conserver mon niveau de marge et gagner en qualité de vie !»



Dates repères

2005 : installation de Vincent Delargillière en Gaec avec son père : 600 000 l de lait, 200 ha, dont la moitié en SFP herbe-maïs, 80 VL et 15 bœufs

2015 : départ en retraite du père, installation individuelle de son frère

2016 : reprise de 16 ha de prairies

2017 : début des travaux d’aménagement du parcellaire de pâturage, introduction de la Jersiaise dans le schéma de reproduction

2018 : groupage des IA et saillies pour caler la période vêlage à la pousse de l’herbe ; dernier ensilage de maïs ; début de la conversion en bio depuis septembre



Arrêter de traire pour prendre du recul !

Parmi les modifications en cours du système de Vincent Delargillière, le groupage de tous les vêlages au printemps doit lui permettre, d’ici deux ans, de bénéficier d’une période sans traite, tout en calant les pics de production des VL à la pousse de l’herbe. «Un autre avantage est le regroupement d’opérations. L’écornage des veaux peut être réalisé par le vétérinaire en une seule fois, la surveillance des chaleurs est regroupée, ainsi que l’élevage des veaux…».
En bref, les activités sont rythmées par les saisons et le planning de reproduction. Outre les aspects d’organisation du travail et d’alimentation, cette conduite offre la possibilité de s’octroyer plus facilement quelques jours de repos nécessaires à la prise de recul, selon l’éleveur.

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