Offrir un bain de boue aux hirondelles des Hauts-de-France
Les partenaires du projet «Hirondelles et biodiversité» déploient, en ce moment, à l’échelle de la région, l’installation de bacs à boue destinés à aider les hirondelles à fabriquer leur nid.
Les partenaires du projet «Hirondelles et biodiversité» déploient, en ce moment, à l’échelle de la région, l’installation de bacs à boue destinés à aider les hirondelles à fabriquer leur nid.
Au milieu des commerçants ambulants qui prennent place chaque mardi sur le marché de Moreuil, c’est un stand un peu particulier qui retenait l’attention des passants, cette semaine. Animateur nature pour la Fédération des chasseurs de la Somme, Maxime Fourdinier n’avait rien «à vendre», mais il est plutôt là pour «donner». À l’abri de la pluie – un comble quand on sait que la boue s’obtient par un mélange de terre et d’eau –, il répondait à quelques questions sur les hirondelles et la manière dont tout un chacun peut leur venir en aide avec de la boue ; cette dernière étant la matière première nécessaire à la fabrication d’un nid. En prime, la possibilité de repartir avec un bac à boue après avoir signé une convention d’engagement à l’installer dans son jardin, ou dans un espace public s’il s’agit d’une collectivité, au bénéfice des hirondelles.
Aménagement et animations
Depuis trois ans, trois partenaires se sont associés dans les Hauts-de-France pour venir en aide aux hirondelles lors de leur étape printanière et estivale dans la région. Ces partenaires, ce sont la fédération régionale des chasseurs, l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Conseil régional des Hauts-de-France. Dans un programme baptisé «Hirondelles et biodiversité», chacun apporte sa contribution, charge ensuite aux fédérations départementales des chasseurs de désigner un référent dans chaque territoire pour animer une série d’ateliers autour des hirondelles et d’aider à la mise en place de bacs à boue. «Notre intervention porte sur deux volets, explique ainsi Maxime Fourdinier. Le premier, c’est l’organisation d’ateliers pédagogiques dans les écoles pour faire le monde merveilleux des hirondelles aux enfants». Une quinzaine de ces ateliers sont réalisés dans chaque département, tout au long de l’année. À Moreuil, ce sont les classes de CE2-CM1 et CM1 de l’école Lucie-Aubrac qui ont bénéficié dernièrement des explications de l’animateur-nature de la FDC 80. Pour aller plus loin, des animations «grand public», destinées plutôt à un public adulte sont également proposées pour apprendre à reconnaître les oiseaux et sensibiliser à la préservation de leurs habitats. D’ailleurs, combien savent que les deux espèces d’hirondelles qui nichent dans la région sont l’hirondelle rustique (hirundo rustica) et l’hirondelle de fenêtre (delichon urbicum) ? En quelques photos et descriptifs, les reconnaître devient un jeu…d’enfant.
Devancer la migration
Devant les kakémonos expliquant la démarche et présentant les différentes espèces d’hirondelles, le fameux «bac à boue» est posé au sol. Les initiés reconnaîtront sans mal, par la forme comme par la couleur, qu’il s’agit d’un bac de forçage pour endives. «C’est l’idéal, on n’a pas trouvé mieux», assure Maxime Fourdinier. «Ce sont des bacs réformés qui nous sont fournis par un producteur d’endives. Il suffit d’y mettre un peu de terre, de l’eau et d’alimenter régulièrement.» Trente-huit sont disponibles cette année. L’an dernier, un nombre équivalent a été installé. Dans l’idéal, le bac à boue doit être installé à proximité d’un lieu où les oiseaux pourront aussi trouver à manger. Pour réaliser son nid, une hirondelle peut effectuer jusqu’à 1 000 allers-retours entre le lieu qu’elle s’est choisi et une source de boue. «Le bac à boue doit donc être là avant l’arrivée des hirondelles. Si elles s’aperçoivent que le coin est favorable, elles s’installeront plus facilement», assure M. Fourdinier. Cette année, les premières hirondelles ont été observées sur le littoral le 23 mars. Suivant les conseils de l’animateur-nature, les bacs à boue doivent être entretenus à partir du 15 mars, et jusqu’au 15 juillet. Pourquoi pas au-delà ? «Au-delà de mi-juillet, on constate que les hirondelles ne resteront plus assez longtemps pour mener leur couvée jusqu’au bout… Il y a un risque d’abandon du nid que personne ne veut voir.» Le bac à boue peut quant à lui être nettoyé et stocké jusqu’à l’an prochain… même si Maxime Fourdinier reconnaît que certains pourraient être tentés par une autre utilisation.