Pénurie de matières premières pour l’agroéquipement
Les industriels de l’agroéquipement, qui connaissent un marché dynamique en 2021, sont mis en difficulté par une pénurie de matières premières.
Les industriels de l’agroéquipement, qui connaissent un marché dynamique en 2021, sont mis en difficulté par une pénurie de matières premières.
Des difficultés d’approvisionnement entraînent «un risque d’arrêt de la production» dans certaines usines, a alerté Jean-Christophe Régnier, président de la commission économique d’Axema, lors d’une visioconférence du syndicat de machinistes, le 27 mai. Pour l’année en cours, 86 % des constructeurs disent avoir des carnets de commande «bons, voire très bons», mais ils souffrent de problèmes d’approvisionnement (94 %) et même de «pénuries sur les matières premières et les produits finis» (75 %), selon une enquête auprès des adhérents.
«Nous avons subi un quasi-doublement du prix de l’acier en un an», a indiqué David Targy, économiste d’Axema. Le type d’acier S355 utilisé par les industriels, qui valait 550 €/t il y a un an, est passé à 850 €/t en décembre, et plane aujourd’hui à 1 250 €/t, d’après ses chiffres. «Cette situation risque de durer encore quelques mois», a-t-il ajouté. D’après le même sondage, 95 % des constructeurs vont augmenter leurs prix cette année, 86 % vont allonger leurs délais de livraison, et 13 % envisagent même des arrêts de production, voire des fermetures d’usine pour 6 % d’entre eux.
Quotas européens sur l’acier importé
«L’ensemble de l’industrie mécanique européenne est dans une situation catastrophique : nous subissons les conséquences de mesures d’exemption adoptées par l’Union européenne en 2019, qui a mis en place un quota d’importation de tous les aciers, et qui risque d’être reconduit en 2021», a expliqué Alain Savary, le directeur général d’Axema. Cette matière première est la plus utilisée par les constructeurs d’agroéquipement. L’acier représente en moyenne de 30 à 40 % des coûts de production. Les composants électroniques et hydrauliques apparaissent juste après dans le sondage comme étant face à une situation de pénurie.
Axema, qui note «une demande très soutenue» en agroéquipements, table sur un marché du neuf en croissance de 5 à 7 % en 2021, à 6,44 milliards d’euros, après une stabilité l’an dernier à un niveau «exceptionnel». Concernant 2020, la baisse des ventes de 5 %, anticipée initialement, n’a finalement pas eu lieu, les agriculteurs ayant pu investir dans de nouveaux équipements bénéficiant de la forte hausse des prix des grains. Les ventes de matériels d’irrigation et d’arrosage affichent une nette croissance. Même engouement pour les robots, avec une estimation de 14 000 unités en service, surtout dans l’élevage : le taux de robotisation de la traite est ainsi passé de 9 % à 20 % en deux ans. Les ventes de matériels de protection des cultures, de semis sont également en hausse. Celles concernant la fertilisation, le travail du sol, la récolte apparaissent en retrait.