Pomme de terre : une campagne 2020-2021 pleine de défis
Face à l’augmentation des surfaces, aux conséquences du Brexit, à l’évolution des coûts de production ou, encore, aux conditions de stockage qui changent, l’organisation qui regroupe les principaux pays producteurs européens (NEPG) s’attend à une campagne particulière.
Au cours des dernières années, la superficie consacrée aux pommes de terre de consommation a augmenté de 6,5 % dans les cinq principaux pays producteurs de pommes de terre. Cette situation, on la doit notamment au développement de l’industrie de transformation qui continue de répondre à une demande croissante du marché. Néanmoins, rapportait il y a quelques jours l’organisation qui regroupe les cinq principaux pays producteurs de pommes de terre au sein de l’Union européenne, «si une telle augmentation se produit à nouveau cette année, combinée à un rendement moyen, l’équilibre entre l’offre et la demande pourrait entraîner une pression sur les prix pour les producteurs». En résumé, bien que la demande provenant principalement de l’industrie de la transformation sur le continent augmente, on constate que la culture s’est davantage développée et que, dans des conditions de croissance et de récolte moyennes, il pourrait y avoir une offre excédentaire de matière première, en particulier pour les pommes de terre départ champ et la courte période de stockage.
La Grande-Bretagne scrutée de près
En Grande-Bretagne, le Brexit pourrait avoir une influence sur le flux entre continent et GB de pommes de terre et de produits à base de pommes de terre au cours de la prochaine saison, ce qui constitue l’un des défis à venir pour la chaîne d’approvisionnement en pommes de terre. Pour l’instant, le marché est en équilibre, malgré une récolte (légèrement) plus importante. Dans l’ensemble, la qualité dans les stockages est bonne. Des problèmes de germination et de vieillissement prématurés sont néanmoins constatés. Le contenu de certains bâtiments a dû être vendu plus tôt que prévu. Le NEPG se demande quelle sera la quantité et la qualité des stocks à la fin du printemps. Dans certains pays, la qualité en conservation reste un défi. Ailleurs en Europe, les stocks évoluent quant à eux au cours de la saison. Au début du mois de février, la Belgique affichait des stocks plus élevés que l’année dernière, mais plus faibles qu’en 2018 selon l’enquête auprès des producteurs publiée en Belgique.
Protection phytosanitaire et stockage
Pour la saison prochaine, les contrats sont désormais signés par les producteurs avec l’industrie de transformation, même si l’on a pu ressentir chez certains une réticence. «Dans ces contrats, constate le NEPG, les prix départ champ sur le continent sont restés les mêmes ou sont (légèrement) inférieurs à ceux de la saison dernière» ; cela se vérifie notamment pour la première partie de la saison de stockage. Pour le stockage long terme, les prix augmentent de façon quasi généralisée. La question est de savoir comment les nouvelles restrictions en produits phytos affecteront le prix de revient pour les producteurs avec des coûts de stockage plus élevés. D’autres nouvelles restrictions comme l’interdiction de l’utilisation du diquat vont également avoir une influence sur les coûts.
Sujet de nombreux débats au cours des derniers mois, l’interdiction du CIPC pour le stockage risque, quant à elle, de rendre la prochaine campagne «très difficile, techniquement et financièrement, pour les producteurs qui stockent leurs pommes de terre plus longtemps». Du côté du NEPG, on s’attend donc à ce que l’offre de pommes de terre départ champ soit temporairement plus importante en automne, car de nombreux producteurs ne connaissent pas les alternatives au CIPC. Le risque de perte de quantité et/ou de qualité des pommes de terre est donc particulièrement élevé, selon l’organisation.
En France, poursuite de la baisse des achats
Les achats de pommes de terre par les Français continuent de dévisser. Selon l’interprofession de la pomme de terre (CNIPT), ils sont en recul de 5,9 % en janvier par rapport à janvier 2019. «Les températures exceptionnellement douces sur la période ont fortement pénalisé les achats», précise le CNIPT. Par ailleurs, le prix moyen est en hausse de + 10 cts d’€/kg comparé aux trois précédentes années. Les acheteurs du rayon des pommes de terre ont été moins nombreux (- 4,7 %) et ils ont réduit le panier moyen de 4 % en volume. Les quantités achetées par les ménages sont en recul sur la quasi-totalité des circuits de distribution : - 7 % dans les hypermarchés, - 6,7 % dans les supermarchés, - 8,4 % dans les circuits spécialisés... Les commerces de proximité sont les seuls à enregistrer un résultat positif : + 3,2 %. En cumul, depuis le début de la campagne 2019-2020, soit sur la période du 12 août 2019 au 26 janvier 2020, les volumes achetés par les ménages baissent de 4 %, par rapport à la campagne précédente.