Pommes de terre : un stratégique plant français
La filière nationale du plant de pommes de terre est en plein développement. L’export devient un marché stratégique. Mais les obstacles ne manquent pas.
La filière nationale du plant de pommes de terre est en plein développement. L’export devient un marché stratégique. Mais les obstacles ne manquent pas.
L’Assemblée générale de la Fédération nationale des producteurs de plants de pommes de terre (FN3PT) s’est tenue le 7 décembre au Centre national du rugby de Marcoussis (Essonne). Ce cadre prestigieux était à la hauteur de cette filière d’excellence de l’agriculture française : deuxième producteur européen, deuxième exportateur mondial. Le secteur est en plein développement. Les surfaces de production de plants de pommes de terre sont en hausse constante et régulière. Elles sont passées de 18 754 ha en 2014-2015 à 24 356 ha pour la campagne 2021-2022. Les tonnages nets certifiés (hors plants pour plants) suivent cette tendance haussière : ils sont passés de 441 306 t en 2013-2014 à 578 228 t pour la dernière campagne (2020-2021). Pourtant, la filière n’est pas épargnée par les difficultés que rencontre généralement l’agriculture. Ainsi, les coûts de production (intrants, carburants, électricité, etc.) «ne cessent d’augmenter», rappelle Éric Fallou, président de la Fédération. «La loi Egalim2 doit permettre une meilleure prise en compte de ces augmentations», espère-t-il.
La menace taupins
Sur ce point, la FN3PT travaille sur un mandat-type pour que le producteur puisse demander une contractualisation écrite à son collecteur. Préserver l’excellence française. La production de plants de pommes de terre est, par ailleurs, impactée par la disparition de molécules alors que le changement climatique se traduit par une offensive des bio-agresseurs. «C’était le cas des pucerons vecteurs de virus en 2020, c’est le cas des taupins cette année», rappelle le président. «Notre métier de producteur de plants est en péril.» Le préjudice causé par les taupins est estimé à 6,2 millions d’euros. «Nous demandons aux pouvoirs publics une indemnisation des producteurs touchés», insiste Éric Fallou. Dans le cas des pucerons, la Fédération agit pour préserver la possibilité d’utiliser le Tepekki en plants et pour récupérer l’usage du sulfoxaflor.
Encore des parts de marché à prendre
Préserver l’excellence de la production française de plants, c’est également préserver et développer l’exportation. 1/3 de la production (202 533 t en 2020-2021) est exportée dans 70 pays. «C’est un marché stratégique pour le plant français», souligne Bernard Quéré, directeur de la FN3PT. Mais là aussi, les obstacles ne manquent pas. «La pandémie et les crises financières dans plusieurs pays clients du plant français ont fragilisé nos exports. Au-delà de ces problèmes, il faut aussi faire face à un contexte géopolitique pas toujours favorable à la France. C’est le cas de l’Algérie où l’origine France est à ce jour bannie, nous parlons là d’environ 15 000 t soit un chiffre d’affaires de l’ordre de 8 millions d’euros. Le Brexit est un autre exemple : nous demandons que les démarches d’équivalence puissent être engagées. Quant à l’Égypte, premier client du plant français pour rappel, il est déplorable que les ports français subissent plus la crise logistique que nos voisins européens», explique Éric Fallou. Pour pallier ces aléas, la fédération multiplie les actions dans de nombreux pays afin de conserver ou développer la présence du plant français. Car «des parts de marchés sont encore à prendre à l’export», conclut Bernard Quéré.