Politique
Pour Willy Schraen (FNC), la chasse se défend de gauche à droite... sans les extrêmes
Au cours de la campagne pour le premier tour des élections législatives, le président des chasseurs de France apporte son soutien à divers candidats, de droite, comme de gauche. A l’occasion d’un déplacement dans la troisième circonscription de la Somme, il s’en est expliqué.
Au cours de la campagne pour le premier tour des élections législatives, le président des chasseurs de France apporte son soutien à divers candidats, de droite, comme de gauche. A l’occasion d’un déplacement dans la troisième circonscription de la Somme, il s’en est expliqué.
Son livre « Un chasseur en campagne » (Éditions du Gerfaut) dans lequel il livre sa vision de la chasse et plus largement de la ruralité n’a jamais aussi bien porté son titre. Président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen s’est présenté au cours des derniers jours au côté de plusieurs candidats aux élections législatives. En « présentiel » lors de réunions publiques ou sur les professions de foi, le patron de la chasse française assume ses engagements, conscient que cela fait grincer quelques dents, jusque dans les rangs des chasseurs.
Le 1er juin dernier, il était ainsi l’invité du député sortant de la troisième circonscription de la Somme, Emmanuel Maquet, à Lanchères. L’occasion d’abord de dire tout le bien qu’il pense qu’il pense du député (LR) élu en 2017 candidat à sa réélection : « Emmanuel, c’est quelqu’un qui défend la chasse à l’Assemblée et sur qui on peut compter. Je l’ai régulièrement au téléphone ». S’il a accepté l’invitation d’Emmanuel Maquet, « c’est pour soutenir deux vieux amis », renchérit M. Schraen, en référence aussi à Patricia Poupart, la suppléante du député Maquet.
« Des gens bien partout »
Pendant la campagne pour l’élection présidentielle, comme au lendemain du second tour, Willy Schraen n’a jamais caché son soutien au président réélu, Emmanuel Macron : « J’ai voté pour lui et j’assume parce que j’estime que c’est celui avec lequel les intérêts de la chasse seraient le mieux défendu. Je sais dire merci à ceux qui nous soutiennent ». En ce qui concerne la composition de la future Assemblée nationale, l’approche se veut différente : « On ne peut pas tout miser sur un seul groupe parlementaire, même s’il est majoritaire. Certains textes sont parfois votés à quelques voix près », explique Willy Schraen. « On a des amis chez les LR, mais on a aussi des gens qui ne nous aiment pas, comme ce député des Bouches-du-Rhône… » L’élu en question, c’est Eric Diard qui a été condamné par un tribunal il y a quelques mois pour ses propos outrageux envers M. Schraen.
« Dans la majorité, pareil. On a des amis, mais aussi quelques ennemis contre Dombreval (sic)… », poursuit le président des chasseurs de France. En résumé, il assure qu’il y a « des gens bien partout, il faut juste faire le tri ». Une exception toutefois : il ne faut pas s’attendre à voir Willy Schraen soutenir de forces d’extrême droite ou d’extrême gauche, « ces mecs qui veulent tout interdire ». « Quand j’entends des chasseurs dire qu’ils vont voter pour la Nupes de Mélenchon, je ne comprends pas. C’est se tirer une balle dans le pied. Mais qu’ils se rassurent. Si ce genre de gens passent, on sera bientôt tranquille avec la chasse puisque nous n’aurons plus le droit de chasser le week-end. Et autant le dire. Si on enlève le weekend, beaucoup d’entre nous ne chasserons plus ».
Je sais dire merci à ceux qui nous soutiennent
De l’autre côté de l’échiquier politique, avec le Rassemblement National, « c’est la même musique », tance le président de la FNC : « Comment peut-on être chasseur et se présenter avec l’étiquette RN sachant que c’est quand même un parti qui est favorable au référendum d’initiative citoyenne (RIC). Rendez-vous compte qu’avec ce RIC, on va être régulièrement confronté à des demandes en tous genres, dont certaines consisteront à limiter la chasse ». Sans le citer nommément, Willy Schraen vise Nicolas Lottin, candidat du Rassemblement National (RN) face à Emmanuel Maquet : « Je ne comprends pas son choix. Comment peut-il à ce point mettre en danger ses engagements passés et sa passion ? »
Montée de l’intolérance
Pour élargir son propos au-delà de la pratique de la chasse, Willy Schraen évoque son souhait de voir la ruralité érigée « en grande cause nationale ». « Pour la chasse, mais pas seulement, les 6 prochaines années vont être dures ». Il décrit un climat délétère : « Notre société ne va pas bien. L’intolérance monte. On est en train de se demander si nous allons encore avoir le droit longtemps de transmettre ce que nous avons reçu ».
Puis il évoque « l’art de vivre » à la campagne, aujourd’hui chamboulé : « Tout le monde veut venir chez nous et lorsqu’ils y sont, ils ont tendance à nous prendre pour des cons (sic). Nous avons des modes de vie, des traditions que nous voulons et que nous devons protéger ».
Parmi les « choses » à protéger, Willy Schraen évoque les paysages et propose par exemple une autre approche de la politique de déploiement des énergies renouvelables que celle que l’on connait aujourd’hui : « Avec l’éolien, on s’est trompé. Plutôt que d’installer de grands mâts partout dans les champs, qu’on nous laisse installer de petites installations, chez nous, pour nous rendre autonomes. Idem pour ce qui est de l’eau. Récupérer de l’eau du ciel pour l’utiliser est d’une complication sans nom ».
Chasser le naturel…
Pour conclure son intervention, Willy Schraen s’autorise une redite de son chapitre sur « l’écologie punitive ». Revenant sur l’échec de la mise en place de la chasse adaptive et le fait de ne pas pu obtenir du gouvernement la chasse des oies en février, il renvoie la faute aux « écolos avec qui il est difficile de discuter. La solution était trop facile (…) Du côté des tenants de l’écologie punitive, il y a toujours une tendance à vouloir ternir les situations. Si les choses vont bien, ils perdent leur raison d’être ».
Avec les écolos, c'est difficile de discuter
Enfin, le président des chasseurs de France rappelle ce qui est devenu pour lui un credo : faire sortir la chasse du bois : « Nous avons trop longtemps vécu cachés et le réveil est brutal ». Insulté, menacé, il semble en sortir plus fort : « Plus je reçois de messages désagréables, plus j’ai envie de continuer à me battre. Et nous finirons bien par obtenir le respect que l’on mérite ».