Filière lait
Pourquoi 31 % du lait bio est déclassé en France
La première explication est une baisse de la consommation dans l'hexagone tandis qu'elle continue d'augmenter dans d'autres pays européens.
La première explication est une baisse de la consommation dans l'hexagone tandis qu'elle continue d'augmenter dans d'autres pays européens.
En France, la filière laitière bio pâtit d’une désaffection des consommateurs unique en Europe. La collecte de lait biologique atteindrait 1,24 milliard de litres, soit 12 % de plus qu’en 2020. Fin 2022, le Centre national interprofessionnel d’économie laitière (Cniel) anticipe une production de 1,35 milliard de litres. En fait, la collecte de lait biologique progresse mois après mois avec l’arrivée, sur le marché, d’élevages juste convertis de très grande dimension (+ de 450 000 l). « En septembre, elle s’est établie à 92,15 ML, soit +11 % par rapport à 2020 avec “seulement” +5 % de livreurs », souligne l’Institut de l’élevage. Or les consommateurs français ne sont pas au rendez-vous.
Hormis les fromages bio, la demande de produits laitiers bio est inférieure cette année à celle de 2019 (jusqu’à – 8 % pour les produits ultra-frais). L’offre excédentaire de lait bio se traduit par d’importantes pertes pour les éleveurs. Les 1 000 litres de lait leur sont payés à peine 470 €, soit près de 30 € de moins qu’en Allemagne.
Par ailleurs, le prix du lait baisse mois après mois (-13 €/1 000 l en septembre). Enfin, 31 % du lait collecté est déclassé et par conséquent payé au prix du lait conventionnel alors que les coûts de production croissent. Le manque à gagner des éleveurs liés à des collecteurs spécialisés dans le bio est bien plus important que celui subi par leurs collègues « conventionnel ».
Dans le reste de l’Europe, la situation est bien différente. En Allemagne et aux Pays-Bas, la consommation de lait bio croît régulièrement. Pourtant les adeptes de jus végétaux sont de plus en plus nombreux. Mais les quantités de lait produites en plus ne déséquilibrent pas les marchés. Les hausses sont très modérées : + 3 % en Allemagne sur un an.