Hippisme
Elle apprend à prendre soin des pieds des chevaux
Apporter du confort aux chevaux, et ainsi participer à la performance des cavaliers motive désormais Adeline Dargent au quotidien. La jeune samarienne a entamé une reconversion professionnelle dans la maréchalerie. Un métier physique mais technique, qui la passionne.
Apporter du confort aux chevaux, et ainsi participer à la performance des cavaliers motive désormais Adeline Dargent au quotidien. La jeune samarienne a entamé une reconversion professionnelle dans la maréchalerie. Un métier physique mais technique, qui la passionne.
Un rogne-pied dans une main, une mailloche dans l’autre, le pied bien callé entre les cuisses, elle pare le sabot de la jument avec le plus grand soin. Ses gestes ne sont pas encore aussi précis que ceux de son maître d’apprentissage, mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron… Ou plutôt, c’est en ferrant qu’elle deviendra maréchal-ferrant. À une petite trentaine d’années, Adeline Dargent a décidé de donner un autre sens à sa vie professionnelle, en quittant le domaine des assurances pour celui de la maréchalerie.
«Je suis passionnée de chevaux depuis toute petite, mais je n’ai jamais pensé sérieusement à travailler dans ce domaine. On dit que c’est un milieu difficile, dans lequel on gagne mal sa vie», confie-t-elle. Elle qui a «toujours aimé conseiller les gens» s’est épanouie dans le secteur du commerce. Mais ses méninges ont eu le temps de se creuser pendant la période du confinement. «J’étais sédentaire et ça me pesait. Je voulais retrouver du sens à ce que je faisais. J’avais envie d’un métier à la fois physique et technique.»
La maréchalerie s’est imposée comme une évidence. «Le maréchal réunit tous mes critères. C’est le professionnel que les cavaliers voient le plus. Il est très impliqué dans le suivi des chevaux», assure-t-elle. Le dicton «pas de pieds, pas de cheval» l’atteste. Alors pour apprendre à les soigner, elle suit un cursus de neuf mois, en alternance à la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) de Beauvais (60), et auprès de Vincent Audano, maréchal installé depuis plus de vingt ans dans la Somme. Les techniques de forge et l’hypologie lui sont enseignées.
Question physique, Adeline est servie. Le métier, encore largement exercé par des hommes, se féminise de plus en plus. Mais la tâche reste lourde. Le maréchal passe des heures courbé sous les chevaux, plus ou moins coopératifs, à manipuler de lourds outils. «Je n’ai jamais autant pleuré de ma vie. De douleur, de fatigue… Mais plus je pratique, plus j’adore.» La jeune maman avoue aussi que sans le soutien de ses proches, elle n’aurait pas pu s’investir dans cette formation. «Mon conjoint m’aide beaucoup. Il me motive moralement quand il voit que c’est dur et il s’occupe beaucoup de notre petite fille.»
Savoir lire le pied
Du côté de la technique, l’épanouissement est cette fois total. «Chaque jour, je découvre un peu plus toutes les facettes du métier. Le niveau de technicité est au-delà de ce que j’imaginais encore.» La première étape est une bonne lecture du pied. «Elle est différente selon le maréchal. Mais tous sont d’accord sur une chose : paré ou ferré, avec tel ou tel modèle de fer, le pied doit être équilibré.» Adeline apprend aussi à observer les membres, la locomotion du cheval, et à l’analyser pour proposer la meilleure solution. «Il ne faut pas vouloir faire de l’esthétisme. Il faut chercher à apporter du confort à l’animal, qui est indispensable pour la performance du cavalier sur le long terme.»
Pour Vincent Audano, Adeline est sur la bonne voie. Il a à cœur de lui transmettre sa passion. «Former quelqu’un, ça prend du temps. Mais quand la personne est réceptive, ça se fait bien.» L’apprentie apporte en plus sa touche à elle, tout en douceur auprès des équidés, qu’elle met vite en confiance. «Elle a aussi le contact facile avec les clients, et ça, c’est important.» Avant de voler de ses propres ailes, Adeline veut néanmoins prendre le temps d’acquérir les compétences nécessaires. «Je ne suis pas encore assez sûre de moi.»
Une semelle en composite innovante
Elle se projette pourtant dans l’avenir pleine d’ambition. Avec son conjoint ingénieur, ils s’investissent dans l’impression en 3D. «Nous travaillons à la création d’une semelle en composite pour les chevaux de sport. Celle-ci, d’un poids infime et réalisée sur mesure après le scan du pied, permettrait de compenser chaque défaut.» Un prototype est déjà sorti, et Hippolia, le pôle de compétitivité de la filière équine, les suit dans ce projet. Les idées d’Adeline galopent vers la réussite.