Filière avicole
Prison requise pour avoir « joué » avec du Fipronil
Le procès de sept responsables d’entreprises basées en Belgique soupçonnées d’avoir commercialisé en Europe des produits frauduleusement enrichis au Fipronil pour la désinfection de bâtiments d’élevage s’est ouvert hier, jeudi 22 avril, devant le tribunal d’Anvers.
Le procès de sept responsables d’entreprises basées en Belgique soupçonnées d’avoir commercialisé en Europe des produits frauduleusement enrichis au Fipronil pour la désinfection de bâtiments d’élevage s’est ouvert hier, jeudi 22 avril, devant le tribunal d’Anvers.
En verra-t-on un jour la fin ? Quelle sera la condamnation prononcée par le tribunal d’Anvers pour des ressortissants belges accusés d’avoir commercialisé à des éleveurs jusqu’en juillet 2017 une substance pourtant interdite pour la désinfection de leurs bâtiments d’élevage ?
Quatre ans après que l’affaire qui a secoué la filière œufs au sein de l’Union européenne ait éclatée, le procès de sept entrepreneurs s’est ouvert en Belgique. Ce qu’on leur reproche ? D’avoir mis en place « une organisation criminelle » pour importer, vendre ou utiliser un produit à base de Fipronil dans des élevages de volailles européens. Car bien qu’il soit autorisé comme antiparasitaire pour les animaux de compagnie (chats, chiens), le Fipronil est en revanche interdit dans les élevages de poules pondeuses - c'est là qu'il était utilisé contre le pou rouge -, en raison du risque d’en retrouver des traces dans leurs œufs. Des peines d’un an à quatre ans de prison ferme et des amendes conséquentes ont été requises. Le jugement est attendu dans les deux mois.
77 millions d’œufs détruits
Quand elle est révélée, mi 2017, l’affaire du Fipronil met à mal la filière avicole dans la quasi-totalité de l’Europe. Des recherches sont menées pour retrouver la trace d’aliments potentiellement contaminés. Des dizaines de millions d'oeufs contaminés avaient dû être retirés de la vente et détruits, parallèlement à la fermeture de centaines d'élevages de volaille. « Rien qu’en Belgique, plus de 77 millions d’œufs ont dû être détruits » et « 1,6 million de poules pondeuses tuées », a déploré l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), lors de l’ouverture du procès, le 22 avril, à Anvers. Elle s’est portée partie civile, de même qu’une trentaine d’autres parties civiles – parmi elles, il y a 21 exploitations avicoles belges – pour réclamer des dommages et intérêts.
En France, l’affaire a aussi des répercussions. Éleveur de poules pondeuses à Saint-Tricat, dans le Pas-de-Calais, Pascal Butez avait alerté les autorités dès qu’il en avait eu écho, en raison d’un « doute » sur l’utilisation du produit controversé dans ses bâtiments. La suite, on s’en souvient : l’abattage des volailles, une suspension de l’activité d’élevage, des bâtiments désinfectés plusieurs dizaines de fois sans réussir à éliminer complètement les traces de Fipronil, un soutien financier qui tarde à venir… et un profond traumatisme pour celui qui reste comme le seul éleveur de France connu à avoir été piégé.
Des répercussions en France aussi
En mai 2020, c’est aux Pays-Bas que deux entreprises néerlandaises faisaient l’objet d’un procès pour avoir utilisé du fipronil. Ces sociétés spécialisées dans la désinfection de bâtiments d’élevage ont en été condammées pour avoir pulvérisé un anti-parasitaire contenant du fipronil chez des éleveurs. « Les sociétés Chickfriend et Chickclean n'ont pas correctement respecté les accords avec les éleveurs de volailles dans la lutte contre le pou rouge et sont donc tenus pour responsables », déclarait à cette date le tribunal d'Arnhem. « Sur la base d'un grand nombre d'éléments de preuve, le tribunal suppose que les propriétaires savaient que le Dega-16 contenait du fipronil et que son utilisation pour lutter contre les acariens rouges était interdite », avait-il ajouté. Les deux entrepreneurs néerlandais ont été condamné à un an de prison ferme pour avoir trompé toute une filière.