Production ovine : l’UE exposée aux exportations néo-zélandaises
Le Brexit met actuellement en suspens près de la moitié des livraisons de viande destinées au Royaume-Uni, selon l’Institut de l’élevage.
A l’export, la filière ovine néo-zélandaise est à la fois attirée par les marchés asiatiques et moyen-orientaux à fort potentiel de croissance et par le marché européen, sûr et rémunérateur. Mais les premiers sont à la merci de décisions gouvernementales arbitraires, pouvant mettre fin à tout échange commercial, tandis que l’Union européenne (UE) est un débouché sur le déclin. Or, La Nouvelle Zélande exporte 389 000 téc, soit 85 % de sa production annuelle, ce qui la met en seconde place au niveau mondial après l’Australie (432 000 téc). Même avec des volumes exportés inférieurs de 25 % à leur niveau de 2008 depuis plusieurs années (le quota d’importation de 228 000 téc partiellement atteint à hauteur de 70 %), l’UE reste le premier débouché néo-zélandais avec 37 % en volumes et 47 % en valeur.
Cependant, le débouché européen est déséquilibré, car le Royaume-Uni est la destination de près de la moitié des volumes expédiés. Les trois principaux pays importateurs de viande ovine (France, Allemagne et Pays-Bas) ne représentent que 37 % des volumes importés par l’UE. Se pose alors la question de savoir comment ces importations britanniques seront réparties à l’avenir entre l’UE à 27 et le Royaume-Uni, lorsque ce dernier fera cavalier seul.
Accords de libre-échange
Depuis une dizaine d’années, le recul du marché européen a été compensé par les exportations vers les pays avec lesquels la Nouvelle Zélande a conclu des accords commerciaux de libre-échange en Asie, Océanie et sur le continent américain. «De nouveaux accords signés, pas encore entrés en vigueur, faciliteront encore les échanges (partenariat transpacifique, Conseil de coopération des Etats du Golfe)», souligne l’Institut de l’élevage. Pour autant, le marché européen reste la variable d’ajustement de la stratégie d’exportation néo-zélandaise les années excédentaires, lorsque les conditions climatiques favorisent la production d’herbe et, par conséquent, la croissance des animaux, ou lorsque les marchés asiatiques se rétractent.
Les énormes gains de productivité (1,1 agneau abattu par brebis en 2016 contre 0,6 en 1984) ont permis de doubler en trente ans la production de viande par brebis et d’atténuer la baisse de la production. On ne compte plus que 18,2 millions de brebis contre 50 millions en 1982. Par rapport à la France, le prix de l’agneau (entre 3 et 4 €/kg) est 1,5 à 2 fois inférieur au coût français (5,2 € en 2016). Mais les revenus des éleveurs néo-zélandais (39 000 €/UMO) sont trois à quatre fois inférieurs à ceux des producteurs laitiers.
Toutefois, les élevages d’ovins vont être impactés par la nouvelle réglementation environnementale et par les coûts supplémentaires engendrés par sa mise en œuvre.