Protéines végétales : le nouvel eldorado pour les Hauts-de-france
Le Protein summit, sommet international de la protéine, s’est tenu à Lille la semaine dernière. Dans un marché en pleine croissance, l’agriculture des Hauts-de-France a une carte à jouer.
Cultures de légumineuses, production de micro et macroalgues (spiruline), élevage d’insectes, conception de levures, biotechnologies… Face à l’évolution des habitudes alimentaires et des attentes environnementales, la course à la protéine gagne du terrain. Les professionnels de l’agriculture s’engagent pour renforcer son autonomie en protéines, tant dans les champs et les étables que dans les assiettes.
Plusieurs entreprises* basées dans les Hauts-de-France ont rejoint le consortium Protéines France, un réseau d’acteurs reconnu par l’Etat ayant pour ambition de fédérer et de catalyser le développement des protéines végétales ou laitières. La plupart d’entre eux étaient donc réunis dans le Nord du 24 au
26 octobre à l’occasion de ce sommet mondial qui a rassemblé 450 participants.
Recherche et développement
Avec une population attendue de 9 milliards d’êtres humains en 2050 et des espaces agricoles qui s’amenuisent, un des enjeux majeurs pour nourrir la planète réside dans la production de protéines. Il s’agit d’ingrédients alimentaires intermédiaires issus d’espèces végétales ou animales :
protéagineux (lupin, féverole, pois), oléoprotéagineux (soja), céréales (blé, orge), lait. «Pour répondre à cette demande mondiale, l’objectif premier est d’agir avec les cultures déjà disponibles en allant vers une meilleure valorisation», explique Antoine Peeters, directeur général adjoint du pôle de compétitivité français IAR (industries et agroressources), en charge du consortium Protéines France et organisateur du Protein summit.
Entreprises, start-up, producteurs, acteurs de la recherche, de la formulation et de la distribution innovent sur les marchés de l’alimentation humaine, animale ainsi que pour les applications biosourcées (matériaux, chimie…). La recherche et le développement apparaissent comme un impératif pour proposer des produits savoureux et simples d’utilisation afin de les intégrer dans le quotidien des consommateurs.
Créé il y a un an, Protéines France (18 membres à ce jour) compte sur l’engagement de l’Etat pour soutenir les orientations stratégiques qu’il porte. «Nous avons quatre piliers : fédérer la filière autour de priorités communes, faciliter la mise en place et le soutien public de projets, encourager la création et le développement de start-up afin de favoriser l’émergence d’innovations de rupture, et, enfin, contribuer à l’adaptation des réglementations ou codes des usages en vigueur afin d’accompagner la mise sur le marché de produits innovants», résume Antoine Peeters. Vaste programme donc pour cette association d’entreprises naissantes dont le champ d’action se concentre en grande partie dans le Nord de la France.
«Une chance pour les Hauts-de-France»
Si la quête de la protéine crée tant d’appétit, c’est que la demande mondiale est forte. «Le marché est très florissant, annonce le responsable de l’IAR. Il croît de 15 à 20 % par an». Derrière les termes de protéines végétales et de légumineuses, se cache une grande variété de cultures. Elles sont de plus en plus recherchées pour leurs bénéfices agronomiques et environnementaux : faible consommation en intrants, cultures de rupture dans les rotations, gain de rendement pour la culture suivante. Ces plantes ont notamment une spécificité clef : leur capacité à fixer l’azote de l’air. Elles sont surtout recherchées par une portion importante de consommateurs pour leur dimension plaisir (repas équilibrés et sains). Pois, lupin, féverole, lentille, soja…
Longtemps oubliées, voire méconnues des consommateurs, les légumineuses reviennent à la mode. De plus en plus utilisées dans la fabrication de produits alimentaires, les protéines végétales ont de nombreux avantages nutritionnels : peu de calories ; apport en protéines, glucides, fibres et acides aminés essentiels ;
limitation des apports en lipides. Elles améliorent, voire apportent des caractéristiques fonctionnelles aux produits, par exemple, en améliorant la conservation, la stabilisation des produits finis et la perception en bouche. «Cette tendance est une chance pour les Hauts-de-France, d’un point de vue agricole et agro-alimentaire, souligne Antoine Peeters. Le territoire compte, en effet, tous les acteurs de la chaîne de valeur, à commencer par les agriculteurs, puis les organismes de recherche et un tissu dense d’entreprises et de PME.»
La profession agricole est donc appelée à se mobiliser. Plusieurs plans d’action «protéines» ont déjà vu le jour au sein de coopératives, groupements ou groupes privés du Nord-Pas-de-Calais. «La réussite repose sur l’engagement de tous les acteurs pour qu’en valorisant pleinement son potentiel agricole et industriel, la région Hauts-de-France devienne un leader dans le domaine des protéines, conclut Antoine Peeters. Il faut continuer à cultiver l’innovation, tout en consolidant les débouchés.»
* Roquette, Herta, Lesaffre, Improve, Soufflet, Tereos, Terrena, Avril, Royal Canin…
15 à 20 %
C’est le taux de croissance annuel moyen de la filière protéine végétale et animale
450
participants et experts du monde entier se sont rendus au Protein summit 2018 (11e édition) organisé à Lille pour la troisième année consécutive