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Quelle alimentation minérale pour les bovins ?

La quasi-totalité des éleveurs complémentent la ration de leurs bovins avec des minéraux. Lesquels ? Quelle utilité ? Sous quelle forme ? Le sujet était abordé lors de la journée viande de la Chambre d’agriculture de la Somme le 3 juin, à Bray-sur-Somme. 

Les minéraux se présentent sous plusieurs formes. Un apport équilibré et régulier garantira santé, prévention et performance du troupeau.
Les minéraux se présentent sous plusieurs formes. Un apport équilibré et régulier garantira santé, prévention et performance du troupeau.
© Alix Penichou

Les minéraux représentent environ 5 % du coût d’une ration pour bovin allaitant, soit 490 € par vache en moyenne annuelle. «C’est une petite part, mais qui a son importance dans la santé des animaux. L’idéal est donc de l’utiliser au mieux», introduisait Daniel Platel, conseiller en élevage bovin allaitant, lors de la journée viande de la Chambre d’agriculture de la Somme, le 3 juin, à Bray-sur-Somme. 

L’expert a fait ses calculs, pour le groupe Bovins croissance de la Somme. «Pour un troupeau moyen de 56 mères, les minéraux représentent 16 E/UGB en moyenne, avec une fourchette de 27 à 5 E/UGB, soit 2 000 d’écart par troupeau. Les résultats sont pourtant similaires en termes d’IVV, de mortalité et d’état sanitaire. Mais on peut constater un poids carcasse 40 kg supérieur lorsque le poste minéral est plus important, ainsi qu’un âge inférieur au premier vêlage», constate-t-il. Même si les conclusions sont difficiles à tirer, une chose est sûre pour Daniel Platel : «Avec les progrès génétiques des plantes, les rendements ont été améliorés, mais les fourrages ont été appauvris. La complémentation en minéraux est très souvent nécessaire.»

Ces minéraux, lesquels sont-ils ? Élodie Weissenbacher et Olivier Allart, de la société spécialisée Alliance nutrition animale, à Doullens, entraient dans le détail. «Nous pouvons tout d’abord évoquer les macro-éléments, soit les matières premières qui composent les minéraux : phosphore, calcium, magnésium, sodium, et potassium.» Le phosphore (P) sert au squelette, métabolisme énergétique, croissance, production laitière. Son déséquilibre entraîne des chutes de croissance et de production, boiteries, baisse de fertilité surtout en cas d’excès et de déséquilibre avec le calcium. Le calcium (Ca) sert également au squelette, et a une fonction musculaire, sanguine, composant du lait. Fièvre de lait, boiterie et fractures apparaissent en cas de carence. Un excès réduit en revanche l’absorption des oligo-éléments.

Mg, Na, K…

Le magnésium (Mg) agit sur le métabolisme énergétique et musculaire. Il existe une situation à risque à la mise à l’herbe (tétanie, non délivrance,…). Le sodium (Na) a un effet sur l’influx nerveux, les muscles, le sang. On constate une perte d’appétit en cas de carence, une baisse du TB, et une acidose si elle est combiné à une carence en potassium (K). Le potassium, enfin, permet de maintenir la pression osmotique des cellules. Il joue un rôle sur le métabolisme énergétique. «Il est souvent en excès, les carences sont donc rares.»

Viennent ensuite les oligo-éléments et les vitamines. Les premiers participent à la production d’enzymes, la constitution des vitamines et hormones, aux défenses immunitaires et au contrôle du stress oxydatif. Les principaux apports journaliers recommandés sont le cuivre (Cu) à 10 mg/kg MS de ration, le zinc (Zn) à 50 mg/kg MS de ration, le manganèse (Mn) à 50 mg/kg MS de ration, le sélénium (Se) à 0,1 pour les vaches en lactation et 0,3 mg/kg MS de ration pour les vaches gestantes, l’iode (I) à 0,2 pour les vaches en lactation et 0,8 mg/kg MS de ration pour les vaches gestantes, le cobalt (Co) à 0,3 mg/kg MS de ration, le fer (Fe) et le molybdène (Mo) à 0,1 mg/kg MS de ration.

Indispensables vitamines

Les vitamines, substances organiques actives, sont aussi indispensables. La vitamine A ou Rétinol est la plus importante. «On la trouve dans les fourrages verts mais elle se dégrade une fois stockée. Elle maintient l’intégrité des épithéliums et des tissus (digestifs, peau, utérus, poumon, squelette…), le système immunitaire, le support des tissus de croissance et de développement (gestation) et aide à la vision», précise Olivier Allart. La vitamine D régule le métabolisme du calcium et du phosphore sanguin et possède aussi un rôle dans l’immunité. Réduction des performances, hypocalcémie et troubles de la reproduction peuvent montrer une carence en vitamine D. Rachitisme chez les jeunes animaux, chez l’adulte, on observera des fractures, des veaux morts nés ou faibles ou encore l’ostéomalacie. Essentielle à l’intégrité et au fonctionnement des muscles, à la reproduction, à la circulation sanguine et lymphatique, aux systèmes nerveux et immunitaires, la Vitamine E a un rôle d’anti-oxydant. Troubles de la fertilité, accroissement des rétentions placentaires, augmentation de la fréquence et de la durée des infections mammaires peuvent laisser envisager une carence. Enfin, la vitamine B1 est «absolument nécessaire en ration d’engraissement». Elles favorise le confort digestif et le bon fonctionnement du système nerveux. Une carence peut provoquer une nécrose du cortex cérébral. 

 

Déterminer les besoins 

Le plus délicat, dans la distribution des minéraux, est de déterminer les besoins du troupeau. Première étape : «il faut savoir ce qu’on donne à manger à ses vaches pour adapter l’apport en minéraux», assurent Élodie Weissenbacher et Olivier Allart, d’Alliance nutrition animale. Des analyses de fourrage doivent être réalisées. Lorsque les besoins de l’animal sont définis, reste à calculer les apports par la ration en additionnant les apports de chaque aliment. Pour ce faire, se référer aux tables de valeurs de l’Inra et aux analyses de fourrages. «Ils sont à ajuster selon les dépenses d’entretien, le besoin de croissance, le besoin de gestation et de lactation. Chez Alliance nutrition animale, les sacs de minéraux se remplissent à la carte pour répondre au mieux au besoin de chaque troupeau.»

 

 

Différentes formes d’administration 

Selon les habitudes de l’éleveur, l’apport en minéraux peut être mélangé à la ration (poudre ou granulés). Dans ce cas, la complémentation est collective. Élodie Weissenbacher et Olivier Allart, d’Alliance nutrition animale, alertent sur la quantité achetée : «Le prix d’un big bag peut être intéressant au kilo, mais la conservation des minéraux est délicate. Ils tolèrent mal les écarts de température. Nous conseillons l’achat de sac plus rapidement distribué.» Certains préfèrent les seaux et pierres à lécher, voire même les galets effervescents distribués dans l’eau de boisson. «Ces complémentations collectives correspondent bien aux animaux au pâturage pour lesquels on ne distribue pas de ration à l’auge.». Il est possible de faire l’impasse sur le minéral au pâturage : «L’herbe est naturellement pourvue en minéraux majeurs (Ca et P). En revanche, elle ne couvre pas les besoins en oligo-éléments (cobalt, zinc, sélénium).» Pour une longue durée, des apports complémentaires sont à prévoir. Autre possibilité : les bolus. Ils permettent de s’assurer que chaque animal a bien reçu sa complémentation, contrairement aux seaux à lécher qui pourraient être pris d’assaut par certains animaux dominants. «Mais attention, un petit bolus est souvent incomplet en minéraux.»
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