Quelles stratégies de développement pour l’agriculture picarde ?
Les chambres d’agriculture de Picardie définissent leur stratégie régionale pour la mandature 2013-2018.
Réunis en session le 23 septembre, les membres de la chambre régionale d’agriculture ont échangé sur les orientations et priorités pour l’agriculture picarde. Depuis la mise en place des nouvelles équipes, les élus des chambres d’agriculture départementales et régionale ont souhaité se donner un cap pour la mandature. «L’agriculture et l’agro-industrie sont des atouts majeurs dans notre région. Nous allons devoir nous adapter aux changements à venir, à commencer par la réforme de la PAC. Dans ce contexte, les chambres doivent afficher leur organisation en région au travers des orientations stratégiques que nous avons définies ensemble», a déclaré Christophe Buisset, président de la chambre d'agriculture de Picardie. Des commissions régionales ont été créées pour travailler sur les orientations identifiées comme «stratégiques» pour le développement de l’agriculture picarde (Cf. tableau ci-dessous).
La vision du Conseil régional
Invité de la session, René Anger, directeur de cabinet de Claude Gewerc, président du Conseil régional, a expliqué la stratégie de la Région pour l’agriculture dans le cadre de la prochaine programmation des aides européennes. «Il existe plusieurs types d’agriculture en Picardie et il n’est pas question de les opposer», a-t-il déclaré. Mais il a ensuite surtout fait état des opportunités à saisir en matière de chimie verte, d’agriculture biologique et de circuits de proximité. A propos de la chimie verte, il a rappelé que le travail a été réalisé jusqu’à présent avec les industriels, ce sont surtout les processus de transformation qui ont été étudiés. La production doit désormais s’engager plus résolument dans ces nouvelles filières. Quant aux filières de proximité et à l’agriculture biologique, René Anger a insisté sur le fait qu'il fallait les développer pour répondre aux attentes de la société. De plus, des aides européennes sont mobilisables sur ces activités.
PAC et directive nitrates : s'adapter
Au vu des travaux des différentes commissions, les élus manifesté leurs craintes vis à vis de la réforme de la PAC qui va entrer en vigueur en 2015. En visant à homogénéiser les aides directes, cette réforme va pénaliser lourdement les agriculteurs de la région. Avec des estimations allant d’une perte de 140 millions à 170 millions d’euros selon le scénario retenu, la Picardie sera la région la plus négativement impactée avec l’Alsace, car les agriculteurs ont historiquement développé des activités spécifiques, créatrices d’emplois et de valeur ajoutée et dont les DPU sont élevés.
Le directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf), François Bonnet, représentant le préfet de région, a conclu les travaux en saluant la volonté des chambres d’agriculture d’être force de proposition en matière d’innovation et de reconquête de compétitivité. Mais, concernant les changements imminents qui attendent les agriculteurs, ses propos n’ont pas été très rassurants. Sur la PAC, il est clair pour lui que les régions comme la Picardie seront pénalisées. Quant à la directive nitrates, il a rappelé que la France est dans une situation de contentieux avec l’Union Européenne. Le débat n’est donc plus agronomique mais juridique. Aux exploitations de prouver qu'elles sont compétitives malgré les contraintes environnementales, a-t-il déclaré.