« Qu'on ait une vache, dix vaches ou mille, être éleveur, c'est 365 jours par an »
Sur le réseau social Twitter où il se présente comme un « producteur laitier qui adore son métier et qui travaille chaque jour pour vous nourrir », Olivier Thibaut dénonce l'hypocrisie qui entoure les nombreuses réactions « d'anti-tout » suite à l'annonce de l'arrêt de la production laitière par la Ferme des 1000 vaches.
Pour montrer qu'il s'agit bien d'un éleveur et qu'il sait donc de quoi il cause, c'est depuis l'étable de son exploitation à Belloy-sur-Somme qu'Olivier Thibaut s'adresse à ceux qui se réjouissent de l'arrêt de la production laitière à la Ferme des 1000 vaches, en ce dimanche matin.
Il faut dire que depuis le vendredi 4 décembre, date à laquelle on a appris la nouvelle, les réactions sont nombreuses ; en particulier de la part de ceux qui veulent récupérer à leur compte ce qu'ils considèrent comme une « victoire ». Les discours de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, de l'ancien porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel ou encore de Francis Chastagnier (Novissen) lui sont « insupportables ». On pourrait y ajouter ceux des députés européens Yannick Jadot, Karima Delli ou encore ceux de la Fondation Brigitte Bardot ou de l'association OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA) qui milite pour que le site de la Ferme des 1000 vaches soit « racheté par le gouvernement via le plan de relance pour le mettre à disposition des ONG afin d'y placer les vaches retirées des éleveurs à la dérive (sic) ».
Ancien président de l'Union des producteurs de lait de Picardie (UPLP) et administrateur de la FDSEA de la Somme, Olivier Thibaut veut dénoncer l'« hypocrisie » d'un certain nombre de ces réactions et profite de l'occasion pour rappeler quelques revendications.
A destination de la GMS, tout d'abord, l'éleveur lance un appel à « arrêter de faire pression sur les prix » ; sans cela, on peut imaginer que les éleveurs connaîtraient moins de difficultés à vivre de leur métier et s'interrogeraient moins sur l'avenir de leur métier. En second lieu, il appelle consommateurs et pouvoirs publics à faire preuve de « cohérence ». « Que le citoyen, quand il veut quelque chose, soit en accord avec ce qu'il demande et achète français, même si cela doit lui coûter un peu plus cher », assène-t-il. Or, selon lui, les cas dans lesquels le prix prime sur l'origine sont encore nombreux. Enfin, il appelle les responsables politiques à « assumer leurs choix jusqu'au bout », regrettant par exemple le manque de courage de certains élus et des décisions dont l'application est inachevée.
Un appel à « acheter français »
Dans les commentaires qui accompagnent sa vidéo, Olivier Thibaut rappelle que le positionnement de la profession sur le sujet n'a pas varié depuis le début de l'affaire : « Le nombre de vaches n'est pas un problème », explique-t-il d'abord. Ensuite, « même si la gouvernance n'est pas notre tasse de thé, cette ferme aurait dû être traitée administrativement de la même manière qu'une autre ».
Dans un communiqué du 4 décembre, la FDSEA de la Somme rappelait en effet que « la ferme des Mille Vaches, d'un point de vue technique, e?tait ne?e du rassemblement d'une dizaine de troupeaux de producteurs locaux, et s'apparentait au final a? une ferme comme les autres, mais 15 fois plus grande. De?s lors, elle a subi 15 fois plus de pressions, 15 fois plus de difficulte?s a? fonctionner, 15 fois plus de difficulté? a? commercialiser ses produits ».
Olivier Thibaut rappelle ensuite que lorsqu'on est éleveur, « qu'on ait une vache, dix vaches, mille vaches, c'est tous les jours, 7 jours sur 7 ». Et de conclure son propos en appelant les consommateurs à « acheter français ».