Rebond des cours, mais «prix mesurés» attendus pour 2018
Après avoir atteint des niveaux très bas cet hiver, les cours européens du porc repartent à la hausse. Mais les fondamentaux du marché annoncent, pour 2018, des prix «mesurés» dans l’UE.
Les cours européens repartent à la hausse depuis quelques semaines. Le cours directeur allemand a même connu une hausse d’une ampleur «inattendue, de 7 centimes en Allemagne» (à 1,40 EUR/kg rendu abattoir) après un premier rebond de 3 ct/kg la semaine précédente, qui suivaient des mois de baisse continue, rapportent les analystes du marché du porc breton (MPB) dans une note de conjoncture le 12 février. «Il semblerait que depuis quelques mois, des porcelets danois et hollandais, traditionnellement exportés vers l’Allemagne, aient pris le chemin soit de la Pologne, soit de l’Espagne», constate le MPB, qui s’interroge sur l’ampleur de cette baisse de production (crainte de l’arrivée de la peste porcine africaine en Allemagne, prix bas...).
Le cours du MPB suit une tendance similaire, bien que moins marquée : + 1,1 ct/kg lundi dernier, après + 1,6 ct/kg il y a deux semaines. Le cours breton était reparti à la hausse depuis le 22 janvier. Le marché européen du porc atteint tous les ans son prix le plus bas en hiver ; il est descendu particulièrement bas en 2017, après la baisse des achats chinois qui avaient connu un essor extraordinaire en 2016 (voir graphique).
Mauvais signaux pour 2018
A moyen terme, les nouvelles sont moins roses. Mis à part les prix de l’aliment, qui devraient rester stables durant le premier semestre compte tenu des récoltes importantes de céréales et oléoprotéagineux, les perspectives de marché sont plutôt mauvaises pour l’année 2018.
Selon une note de FranceAgrimer diffusée le 2 février, la production porcine européenne s’oriente vers une hausse significative en 2018, si l’on en croit le dernier recensement du cheptel reproducteur (mai 2017) qui était supérieur de 1 % à celui de l’année précédente. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la France, car la croissance se fait essentiellement en Espagne, aux Pays-Bas et au Danemark.
L’UE n’est pas la seule zone en croissance ; ses deux principaux concurrents à l’export, les Etats-Unis et le Canada prévoient des hausses respectives de 3 et 2 %. La concurrence devrait continuer d’être rude vers les marchés asiatiques, d’autant que les deux pays d’outre-atlantique devraient encore profiter d’une parité dollar-euro favorable, estime le ministère de l’Agriculture.
En Europe, «on peut ainsi envisager que les prix restent mesurés», conclut FranceAgriMer. En novembre, l’Ifip prévoyait pour la France des prix en baisse de 8,4 % sur 2018 par rapport à 2017, à 1,36 EUR/kg (- 7,5 % pour l’ensemble de l’UE).
Deux incertitudes : l’Asie et la PPA
Les fondamentaux du marché européen du porc sont mauvais, mais deux incertitudes planent sur 2018, positive d’un côté et très négative de l’autre.
L’inconnue potentiellement négative et «de taille», selon les termes de FranceAgriMer, c’est l’évolution de la peste porcine africaine en Europe : «si la PPA devait toucher (l’Allemagne) et qu’elle se voyait fermer l’export, cela poserait un grave problème d’équilibre du marché européen», estime le ministère. L’incertitude potentiellement positive pour les producteurs de porc français réside dans un éventuel réveil de la demande asiatique en viande de porc, difficile à prévoir et «qui à ce stade ne s’est pas manifestée».
Au-delà de ces inconnues, les producteurs peuvent espérer que les habituels variants de ce marché leur soient favorables cette année : une consommation stable grâce à un climat propice aux grillades ou une récolte mondiale de grains abondante en 2018 pour maintenir les prix de l’aliment bas toute l’année.
Ou, beaucoup plus improbable, que la PPA touche l’Asie avant l’Allemagne. Rappelons que le Cirad estimait en septembre que «le risque d’émergence de la PPA sur le territoire chinois est important».