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Réchauffement climatique : Bruxelles vise l’élevage

Alors que le Giec vient de rendre son rapport sur l’évolution des températures mondiales, la Commission européenne prépare une stratégie pour répondre à ses engagements. Parmi les pistes : l’agriculture de précision, la gestion des terres et des forêts et la réduction de la consommation de viande bovine et de lait.

Une réduction «modérée» de la consommation de viande et de lait pourrait diminuer «considérablement les émissions provenant de la production agricole», souligne le document.
Une réduction «modérée» de la consommation de viande et de lait pourrait diminuer «considérablement les émissions provenant de la production agricole», souligne le document.
© D. R.



Les experts internationaux du climat ont une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme. Dans leur rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C de quatre cents pages, adopté le 8 octobre, ils préviennent que pour limiter «le réchauffement planétaire à 1,5°C, il faudrait modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société». Pour que la hausse des températures moyennes reste à 1,5°C, les émissions de gaz à effet de serre (GES) devront chuter drastiquement dès avant 2030 (- 45 % d’ici 2030) pour atteindre une «neutralité carbone» en 2050, sans quoi les températures pourraient bondir jusque + 3°C.

Stratégie européenne
La Commission européenne prépare une stratégie pour une réduction à long terme des émissions de gaz à effet de serre dans l’UE (dans la perspective de la conférence climatique de Katowice du 3 au 14 décembre). Dans un projet de texte qui a fuité, elle propose trois options : réduire les émissions de 80 % d’ici 2050, atteindre un niveau d’émissions net nul d’ici 2070, ou atteindre un niveau d’émissions net nul en 2050.
Tout en reconnaissant le potentiel restreint d’atténuation du secteur agricole - du fait des multiples exigences qui lui incombent en matière de sécurité alimentaire -,
Bruxelles estime que la gestion des sols et des forêts, l’agriculture de précision et la réduction de l’élevage de ruminants sont les trois éléments qui peuvent contribuer à l’effort d’ici 2050. Le secteur deviendra néanmoins l’une des principales sources restantes d’émissions de GES après 2050 en cas de décarbonisation profonde de l’UE.
Les émissions de méthane et d’oxyde nitreux provenant des activités agricoles de l’UE s’élèvent à 430 Mt éq CO2 en 2016, soit environ 10 % des émissions totales de GES de l’UE.
Avec seulement 2 % des émissions provenant du C02, 55 % des émissions sont du méthane (provenant de la fermentation entérique des ruminants et de la gestion du fumier) et 43 % de l’oxyde nitreux (gestion du sol et du lisier). Ces émissions autres que le CO2 ont diminué de plus de 20 % depuis 1990, principalement grâce à la réduction du cheptel et à l’amélioration de l’efficacité globale de l’agriculture, notamment par l’utilisation plus efficace des engrais inorganiques.

Puits de carbone limité
Mais «il existe des options politiques et techniques pour réduire encore les émissions et augmenter les séquestrations dans les secteurs de l’agriculture et de l’utilisation des terres», assure la Commission. Parmi celles-ci : augmenter la productivité pour éviter la conversion des terres (en utilisant moins de terres, moins d’animaux et moins d’intrants d’origine fossile) ; adopter des technologies et des pratiques novatrices visant à réduire les émissions de GES (les principales sources d’émissions qui pourraient être ciblées de cette façon sont la fermentation entérique, la gestion des sols agricoles et la gestion du fumier) ; prendre des mesures pour séquestrer le carbone directement sous forme de biomasse et, enfin, utiliser mieux la biomasse produite par le secteur de la sylviculture et de l’agriculture comme alternative aux combustibles fossiles ou comme contribution à la bioéconomie.
Le secteur de l’utilisation des terres du changement d’affectation des terres et de la foresterie (LULUCF) dans l’UE est aujourd’hui un puits de carbone. Le bilan net en 2016 s’élevait à 314 Mt de CO2 absorbées dans l’ensemble de ce secteur (les 424 Mt de CO2 absorbées par les terres forestières compensant les émissions des autres types de couverture terrestre, en particulier les terres cultivées et les zones d’habitat, et les émissions nettes plus faibles des prairies et zones humides). Quels que soient les scénarii étudiés, ce bilan sera difficile à réellement améliorer.

Viande et lait en ligne de mire
Une «stratégie méthane», principal gaz à effet de serre émis par le secteur agricole, reposant principalement sur une réduction «modérée», «respectant les recommandations en matière de santé», de la consommation de viande et de lait - dont l’impact est jugé particulièrement important -
pourrait diminuer «considérablement les émissions provenant de la production agricole», souligne le document. C’est un cercle vertueux que décrit le projet de la Commission de Bruxelles : «Une réduction de la demande de viande bovine au niveau des consommateurs, avec une réduction proportionnelle de la production de viande dans l’UE, réduirait sensiblement la quantité de méthane émise dans l’UE, nécessiterait une production réduite d’aliments pour animaux ce qui, à son tour, réduirait les émissions d’oxydes d’azote et permettrait de réduire le besoin global en engrais et de libérer éventuellement des terres arables».
La consommation de viande de l’UE a globalement, depuis les années 1990, diminué de 8 % avec une réduction de 33 % de consommation de bœuf compensée par une augmentation de 37 % de la consommation de volaille.
Au total, «la combinaison de mesures techniques d’atténuation du côté de l’offre et d’une modification de l’alimentation du côté de la demande pourrait réduire de près de moitié les émissions de GES non liées au CO2, qui passeraient de 434 Mt éq CO2 en 2015 à 240 Mt éq CO2 en 2050 ou l’équivalent d’un peu moins de 5 % des émissions de 1990».

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