Règlements de comptes à la campagne
Sécurité, partage des espaces, gestion et état des populations de gibier, valorisation de la venaison et, bien évidemment, un peu de politique ont animé les débats lors de l’assemblée générale de la fédération des chasseurs de la Somme, samedi dernier à Amiens.
Sécurité, partage des espaces, gestion et état des populations de gibier, valorisation de la venaison et, bien évidemment, un peu de politique ont animé les débats lors de l’assemblée générale de la fédération des chasseurs de la Somme, samedi dernier à Amiens.
Avec l’ouverture générale d’une nouvelle saison – elle est prévue cette année le dimanche 18 septembre –, l’assemblée générale de la fédération départementale des chasseurs de la Somme est l’autre temps fort de l’année cynégétique. Samedi dernier, dans l’auditorium de Mégacité à Amiens, environ 400 personnes y ont participé avec un ordre du jour ponctué lui aussi de plusieurs séquences.
Plus de chasseresses
Les élections pour le renouvellement du conseil d’administration, tout d’abord ? Une simple formalité pour Yves Butel et son équipe de 15 membres qui ont été réélus avec un score de 97,39 %. Plusieurs personnalités, parmi lesquelles une dame, Aline Diruy, habitant Pierrepont-sur-Avre (Montdidier), ont à cette occasion fait leur entrée dans ce conseil. «Tout arrive, a ainsi déclaré le président Butel. Une femme dans notre conseil d’administration, c’est une première. C’est une obligation légale (issue de la dernière réforme de la chasse, ndlr), mais c’est aussi un plaisir. On est aujourd’hui à 30 % de femmes parmi les candidats au permis de chasser contre 10 % il y a encore quelques années.» L’excédent budgétaire de 218 581 € constaté sur le dernier exercice clos au 30 juin 2021 témoigne, quant à lui, d’une gestion «saine», selon son trésorier, Alex Pion. En nombre de porteurs du permis de chasser, «notre fédération va bien également, s’est réjoui Yves Butel. Nous n’avons pas perdu de chasseurs en 2021. C’est même le contraire puisque nous en avons gagné une centaine».
Nouveaux dialogues
Dans la suite du discours du président de la FDC 80, une succession de bons et de mauvais points. Les anti-chasse de tous poils, d’abord : «Ce n’est pas en abolissant la chasse qu’on sauvera la planète», lance Yves Butel. Pour lui, le partage du calendrier, comme l’ont souhaité certains politiques est «une utopie». En lieu et place, il dit préférer la «cohabitation» avec les autres utilisateurs de la nature. Avec l’Office français de la biodiversité (OFB), «je me réjouis d’un retour à la normale des relations. Nous sommes repartis sur de bonnes bases». Le départ du directeur général de l’Office national des forêts (ONF) ?
«Une bonne chose, toujours selon M. Butel. Quand on sait que ce dernier avait confié à notre président national vouloir des forêts domaniales sans chasse, je suis satisfait de son départ et j’espère que son successeur saura apporter de la sérénité.» Avec le monde agricole, le patron des chasseurs de la Somme salue des relations «cordiales», «grâce au dialogue permanent et les efforts fournis par la fédération en matière de prévention des dégâts de grand gibier». «Sans cela, affirme M. Butel, le sanglier ne serait plus toléré.» Lors de la dernière saison, on estime qu’il s’en est tué 4 000. L’inquiétude des prochains mois porte sur le volet indemnisation des dégâts imputables à la grande faune sauvage et l’augmentation du cours des céréales que pourrait provoquer le conflit russo-ukrainien.
Craignant un impact sur les populations de petit gibier, Yves Butel s’est ému de la levée (même temporaire) de l’obligation de mettre en place des jachères, ainsi que du développement non maîtrisé de la méthanisation. «Développer la méthanisation est en soi une bonne idée, mais il faut trouver des solutions pour que ce ne soit pas fait à n’importe quel prix», défend le président de la FDC 80. Enfin, l’autre menace pour le petit gibier vient de la progression de la grippe aviaire. Avec elle, l’activité d’un certain nombre de professionnels de l’élevage de gibier serait déjà en pointillés. Sur le terrain, si la situation de la perdrix grise inquiète, celle du faisan et du lièvre apparaît meilleure, mais néanmoins fragile.
Ouverture vers le grand public
En ce qui concerne le déroulement de la prochaine saison, «il n’y aura pas de changement majeur, juste quelques aménagements», a déclaré de son côté Jean Pilniak, secrétaire général. Après avoir souligné le succès de l’opération «Hauts-de-France Propres» et «Les chasseurs ont du cœur», la fédération des chasseurs a fait le point sur son projet de centre de valorisation de la venaison ; lequel devrait ouvrir ses portes prochainement : «Le projet avance bien. Nous terminons la construction au sous-sol du siège de la fédération, a dit Yves Butel. Cela va nous permettre d’améliorer nos formations sur ce thème, mais aussi d’aller plus loin.» Et devenir ainsi un nouvel outil de communication pour un loisir confronté au besoin de se réinventer.