Rentrée de Coop de France : à Paris les charges, à Bruxelles les prix
Pour sortir de la crise qui frappe les productions animales, le président de Coop de France en appelle à Bruxelles pour déclencher l’intervention publique, et à Paris pour réduire les charges qui plombent la compétitivité des filières.
«Il n’y a pas de solution franco-française à la revalorisation des prix», a martelé Philippe Mangin, le président de Coop de France, le
10 septembre à Paris. Après avoir fustigé l’attitude du Premier ministre, Manuel Valls, «qui a demandé au ministre de l’Agriculture de maintenir la pression sur les entreprises». Bref, «les pouvoirs publics ne peuvent se défausser sur les acteurs économiques pour obtenir une revalorisation des prix».
Qu’il s’agisse des 1,40 € /kg pour le porc, des 340 €/t pour le lait ou de la revalorisation de 20 cts/kg de la viande bovine, Paris ne peut imposer un prix plus élevé que la concurrence étrangère. A moins d’accepter un creusement des pertes dans les entreprises, surtout quand une partie de la production est exportée. Et de dénoncer la chasse aux industriels qui ne joueraient pas le jeu alors que les distributeurs seraient devenus plus vertueux.
Pour le président de Coop de France, le niveau des prix à la production relève d’abord des autorités communautaires, et notamment des mécanismes de gestion des marchés, notamment pour le lait. A ce sujet d’ailleurs, il considère que la Commission européenne a sous-évalué les effets de l’embargo russe sur les marchés, et il déplore son manque de réactivité pour déclencher l’intervention publique, y compris lors du Conseil des ministres européens du 7 septembre à Bruxelles, qui s’est déroulé sous la pression des agriculteurs. Jusqu’à présent la Commission de Bruxelles n’a pas pris conscience de la gravité de la crise qui frappe les éleveurs.
En revanche, la question de la compétitivité de l’agriculture dans son ensemble est de la responsabilité de Paris, a insisté Philippe Mangin. Il pointe les écarts de coût de main-d’œuvre entre la France et l’Allemagne qui subsistent toujours malgré ce qui est dit. «Nos voisins utilisent toujours de la main d’œuvre-détachée sur laquelle ils payent les cotisations sociales du pays d’origine». En outre, le Smic en Allemagne se met en place progressivement et n’a pas atteint encore le niveau français.
Distorsions de concurrence
Le président déplore également la fiscalité française, qui est complètement inadaptée à la volatilité des prix et des revenus. «Les agriculteurs ne peuvent pas faire des provisions comme les entreprises et l’utilisation de la DPA est très compliquée», observe-t-il. Autres distorsions, les normes et la fâcheuse tendance de l’administration française à sur-transposer les règles communautaires.
Au bout du compte, l’excès de réglementation «a retardé la modernisation de l’agriculture et de l’élevage en particulier, que nous payons aujourd’hui», estime Philippe Mangin. A cela s’ajoute l’insuffisance de structuration des filières, pour laquelle Coop de France ne cache pas la responsabilité des professionnels.
Philippe Mangin tire sa révérence
Après quinze ans de bons et loyaux services à la présidence de Coop de France, Philippe Mangin a indiqué qu’il ne serait pas candidat à sa succession, lors du congrès électif des 16 et 17 décembre. «Je ne me sens ni fatigué, ni usé, mais quinze ans, c’est beaucoup. Il faut penser au renouvellement des générations pour libérer de nouvelles énergies», a-t-il indiqué.
A l’occasion de ce congrès qui verra l’arrivée d’un nouveau président, Coop de France adoptera son projet stratégique pour 2016-2020 qui mettra «la compétitivité et la conquête de valeur au centre des préoccupations des coopératives», a indiqué le président.