Réunion abattoir de Montdidier
Ce 22 février, les élus de la Région et du Département conviaient les éleveurs de la Somme à une réunion de concertation sur l’après-fermeture de l’abattoir de Montdidier. La question soulevée : et maintenant, que fait-on ?
Voilà bientôt un mois que la décision judiciaire annonçant la fermeture immédiate de l’abattoir de Montdidier est tombée. Et voilà bientôt un mois que les vingt-trois salariés et les éleveurs qui faisaient abattre leurs bêtes à Montdidier sont sans solution. Pour tenter d’éclaircir la situation, Jean-Michel Serres, président de la commission agriculture et agroalimentaire à la Région, Laurent Somon, président du Conseil départemental, et Françoise Crété, présidente de la chambre d’agriculture, rassemblaient les éleveurs ce 22 février, à la Maison des agriculteurs, pour recueillir leur avis.
L’annonce d’une fermeture a d’abord été une surprise pour les élus. «Je reste amer de ce qui s’est passé, annonce Laurent Somon. Le deal était de maintenir l’abattoir le temps de créer un nouvel outil, moderne et efficace. Mais il a été décidé d’accélérer le dépôt de bilan, pour accélérer une reprise qui n’a finalement pas eu lieu.»
Depuis deux ans, effectivement, la Région accompagne un travail d’audit pour un abattoir neuf. «Ce qui en ressort est que nous avons besoin d’un outil de proximité, explique Jean-Michel Serres. Et Montdidier semble le plus approprié, de par la qualité du personnel de la Snam (Société nouvelle d’abattage de Montdidier), et la position centrale de la ville, entre les départements de la Somme et de l’Oise.»
Dans les locaux existants, de toutes façons, une partie des bâtiments a été vendue, et il n’y a donc pas de possibilité de s’étendre. «Le projet le plus viable serait la construction d’un nouvel abattoir. La ville est prête à mettre un terrain à disposition et la Région et le Département sont prêts à accompagner.» Mais le problème qui existe aujourd’hui est de taille : «Pendant deux à trois ans, que se passe-t-il le temps de la construction ?»
La question est posée aux éleveurs. Car le Département, comme la Région, sont clairs : «Nous voulons bien accompagner un projet industriel, mais notre rôle n’est pas d’entrer dans le fonctionnement. La balle est malheureusement retournée dans le camp des éleveurs.»
Souhaitent-ils tout mettre en œuvre pour une reprise de l’outil, alors même que les deux professionnels, les Etablissements Lagache et la SAS Sauvage Viande, on jeté l’éponge ? Les travaux de mise aux normes exigés par la DDPP ont été estimés à 300 000 €. «Il faudrait au moins 3 000 t pour équilibrer les comptes, cela implique donc un engagement ferme des éleveurs et des professionnels, précise Jean-Michel Serres. La somme devrait être amortie sur trois ans, soit le temps de construction d’un outil neuf.» Le volume à atteindre ne semble pas être une utopie, puisqu’en 2018, 3 800 t ont été abattues, dont 1 500 t venant de petits et moyens producteurs. Lagache et Sauvage, eux, apportaient environ 7 à 800 t chacun. Au plus haut, 5 500 t avaient été abattues.
Mais Edouard Brunet, président des JA de la Somme, tenait à mettre en garde. «Maintenant que l’abattoir est fermé, une réouverture comporte des éléments à prendre en compte : la DDPP va exiger une application à la lettre des mesures sanitaires, et non plus une simple adaptation. Il faut aussi estimer le temps de la procédure judiciaire qui aboutira à une autorisation de reprise du site, plus le temps des travaux… On sera finalement proche de la date d’ouverture du nouvel abattoir.»
Apport de garanties
La solution la plus probable serait donc de concentrer les efforts sur la réouverture d’un nouvel abattoir. A condition que les éleveurs apportent des garanties en termes de volume. Les éleveurs de L’Oise pourraient se joindre à ceux de la Somme. «Ils étaient quatre-vingt à la réunion du 20 février, à Breteuil, assure Jean-Michel Serres. Ils ont de vraies opportunités en termes de vente directe. Et Montdidier était pour eux un outil indispensable.» Tout est à imaginer, y compris un atelier découpe dans l’outil, «qui serait un vrai plus», estiment quelques éleveurs.
En attendant, des pistes d’organisation ont été avancées pour les trois années à patienter, comme la création d’un centre de réception des animaux à Montdidier, afin de grouper le transport vers d’autres abattoirs. Les éleveurs qui commercialisaient en circuit court se trouvent néanmoins sans solution, car peu d’abattoir acceptent de faire de la prestation, et préfèrent vendre eux-même les bêtes qu’ils abattent.
Une réunion commune avec les éleveurs de la Somme et de l’Oise devrait être prochainement organisée pour préciser le projet d’un outil neuf. «Le 15 mars, il faut savoir où on en est», insiste Jean-Michel Serres.