Le cheval est entré dans la vie de Camille Sannier à l’âge de dix ans. Et depuis deux ans, la jeune femme en a fait son métier, en devenant équithérapeute. Dans la thérapie qu’elle propose, le cheval joue un rôle de médiateur, permettant de travailler à la fois sur le mental, le corps, et les émotions. L’équithérapie n’est pas une pratique à confondre avec l’équitation adaptée. Le but n’est pas d’apprendre à monter à cheval : «90 % du temps, on est à pied. On va faire du pansage, étape importante qui permet d’entrer en lien avec le cheval, commente-t-elle. Puis, on peut faire des parcours de motricité, des jeux thérapeutiques, des parcours sensoriels... Il faut construire une relation avec l’animal.»

Camille voulait d’abord travailler dans le social, et a suivi une licence de psychologie. «Puis, j’ai tout plaqué pour allier la psychologie humaine et la psychologie animale.» Elle débute en tant que coach éducatrice d’équitation pour ensuite se spécialiser en équitation éthologique : «J’ai étudié la science du comportement des animaux dans leur environnement naturel.» Après une formation d’un an en équithérapie et huit chevaux plus tard, Camille a ouvert son centre Equi Harmonie à Salouël.

Le cheval possède des vertus thérapeutiques et Camille s’efforce de les développer avec ses patients : «Il a un système limbique plus développé que le nôtre.» Pour faire simple, il s’agit de la région de notre cerveau qui joue un rôle dans les émotions, la mémoire et la motivation. «Le cheval, dans la nature, est une proie. Par son instinct de survie, il se calque à l’humain. C’est un vrai miroir de l’homme.» Avec toutes ses aptitudes développées, il est capable de détecter le conscient et l’inconscient. «Il ressent les choses grâce à l’observation, mais avant tout grâce à l’instinct.» Et le cheval sait se faire comprendre facilement : «Si je prends un cheval qui est d’habitude très joyeux, et que la personne qu’il côtoie ne l’est pas, son tempérament va changer. Il peut par exemple mordiller.»

TDAH et burn-out

La jeune femme travaille beaucoup avec des adultes, mais tend davantage à travailler avec les enfants. Spécialisée dans la gestion des TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), elle travaille aussi avec des personnes atteintes de troubles autistiques. «Je peux également prendre en charge des personnes victimes de burn-out. Mais aussi des personnes qui manquent de confiance en elles ou qui ont du mal à gérer leurs émotions.»

Le temps de thérapie varie en fonction de la demande. «Souvent, pour traiter un objectif, on a besoin d’une dizaine de séances. C’est pour cela qu’à chaque début de séance, je réalise une petite thérapie pour que l’on puisse discuter et définir les objectifs», explique-t-elle. Pour les troubles autistiques et le handicap, la thérapie est plus longue, avec un objectif différent. «Les premiers mots des personnes qui viennent me voir sont toujours les mêmes. Ils recherchent tous de l’apaisement et de la relaxation, quelle que soit la pathologie.»

Nourriture à volonté

Après chaque session, les chevaux ont besoin de temps pour se ressourcer : «Tout est fait ici pour que le bien-être animal soit respecté. Ils sont en troupeau H24, ils ont de la nourriture à volonté. Il faut les laisser évacuer, car cette activité n’est pas anodine.». C’est pour cela que Camille les limite à une séance de thérapie par jour.

Cette thérapie tend à se développer, bien qu'elle soit encore loin derrière la médiation animale pratiquée avec les chiens.

Différents problèmes traités

L'équithérapie, ou thérapie assistée par les chevaux, peut être bénéfique pour une variété de problèmes physiques, émotionnels, et cognitifs. Voici trois exemples de problèmes qui peuvent être traités grâce à cette approche :
- Troubles du spectre de l’autisme (TSA) : l’équithérapie aide les enfants et adultes avec TSA à développer leurs compétences sociales, leur communication non verbale, et leur gestion des émotions. Le cheval, en tant qu’animal calme et non-jugeant, favorise une interaction positive et rassurante.
- Burn-out : pour les personnes en état d’épuisement professionnel, l’équithérapie offre un espace de reconnexion à soi-même. Travailler avec un cheval favorise la réduction du stress, aide à retrouver confiance en soi et permet de s’ancrer dans le moment présent grâce à une interaction apaisante et authentique.
- Troubles anxieux et dépression : être en contact avec un cheval peut aider à réduire le stress, améliorer l'estime de soi, et développer une meilleure gestion des émotions. Le fait de prendre soin d'un animal et de travailler avec lui en pleine nature crée un effet apaisant et revitalisant.

Un cadre légal encore flou

L'équithérapie n'étant pas une profession réglementée, il n'existe pas de diplôme d'État. Cependant, plusieurs organismes proposent des formations spécialisées, comme l'Institut français d'équithérapie (IFE), qui délivre des certifications. Ces certifications ne confèrent pas un titre officiel protégé, mais elles sont souvent reconnues par les professionnels du secteur. Les praticiens exercent généralement sous des statuts variés : travailleur indépendant, salarié dans un centre équestre, ou au sein d’établissements médico-sociaux. Les équithérapeutes doivent souvent disposer d'une qualification dans un domaine connexe, comme une profession médicale ou paramédicale (psychologue, kinésithérapeute, ergothérapeute, etc.), et une expérience ou un diplôme dans le domaine équestre (BPJEPS, licence d'équitation).