Samuel Caillet : la qualité du lait, il n’y a que ça qui paie
Comme pour son frère Julien, l’installation de Samuel Caillet a été motivée par la création d’un atelier laitier, qui n’existait pas à l’origine dans l’exploitation familiale. Un rêve d’enfant devenu réalité.
Longtemps, l’envie de revenir travailler dans l’exploitation paternelle fut bien loin des projets de Samuel Caillet. On peut même dire qu’il en était hors de question. Alors, aujourd’hui quand on croise ce dernier, bottes au pied, le sourire aux lèvres, dans la cour de sa ferme de Bulson (08), on se demande ce qui a bien pu le faire changer d’avis. Cela tient en un mot : le lait !
En effet, historiquement, il n’y avait pas de production laitière au sein de ce qui est aujourd’hui l’EARL de la Belle Volée. «Mon père, c’est un céréalier pur et dur, raconte Samuel Caillet. Alors l’idée de travailler sur une exploitation 100 % production végétale, ce n’était pas pour moi.» Car, depuis l’enfance, ce qui le passionne, c’est l’élevage. Un intérêt qu’il partage avec son jeune frère, Julien. Quand ce dernier décide de s’installer, il y a une dizaine d’années, il entreprend de démarrer un troupeau laitier. Onze vaches pour commencer, une salle de traite achetée d’occasion, c’est parti…
Pendant ce temps, Samuel, lui, cherche sa voie : après une formation de comptabilité, un CAP de cuisinier, il multiplie les expériences professionnelles, travaillant, plusieurs années notamment, dans la fonction publique. «Je venais régulièrement donner un coup de main, puis j’ai passé mon BPREA, forgé mon expérience, pour la traite notamment, au sein du service de remplacement, et l’opportunité de s’installer s’est présentée. J’ai repris le troupeau d’un autre éleveur qui, lui, était contraint d’arrêter. La passion avait fini par me rattraper. Il m’a juste fallu plus de temps.»
«La qualité, il n’y a que ça qui paie !»
L’éleveur, âgé de trente-neuf ans, est désormais au côté de son frère à la tête d’un troupeau de cent soixante Prim’Holstein. Leur père, qui approche de la retraite, se consacre à la partie céréales. «Pour mon frère et moi, il n’y a que le lait qui compte, souligne-t-il. On est tout le temps auprès du troupeau. On a tenté de faire un peu d’allaitantes, mais on a vite renoncé. Ce n’était pas pour nous. La conduite d’un troupeau laitier nous correspond mieux. On fait des vêlages étalés tout au long de l’année.» Les associés viennent d’investir dans une nouvelle salle de traite 16 x 2, ainsi que dans un nouveau bâtiment. Ils apportent un soin particulier à l’amélioration génétique et à la nutrition. «Produire un lait de qualité, il n’y a que ça qui paie. Mais c’est une attention de tous les jours. Il ne faut jamais relâcher. C’est d’autant plus vrai quand on a un grand troupeau», ajoute Samuel Caillet.
Etre acteur de son métier
Si l’amour du métier a tendance à en atténuer les contraintes, le manque de main-d’œuvre commence à poser de plus en plus de problème au quotidien. «On souhaiterait pouvoir se libérer du temps, pour pouvoir se consacrer encore plus à la surveillance du troupeau et gagner en souplesse de travail. Mais cela fait plusieurs mois que nous sommes à la recherche d’un salarié. Sans succès. On se rend compte que l’élevage laitier attire de moins en moins, aussi chez les salariés», regrette-t-il.
S’investir dans son métier autrement, c’est aussi ce qui tient à cœur de Samuel Caillet. Il reste engagé auprès du syndicat JA, et est depuis cette année élu au sein de la Chambre d’agriculture des Ardennes. Il est aussi partie prenante de la société «Mon lait ardennais». Un projet collectif qui a permis de voir apparaître dans les rayons des GMS ardennaises ce lait 100 % issu des producteurs du département. «Cela me permet d’aller à la rencontre des autres, d’être acteur de ma profession. C’est très motivant d’être dans la construction de projets. Cela demande de l’organisation, mais cela fait aussi partie de mon métier.»