Sécuriser l’embarquement des chevaux dans un van
Un éclairage LED capable de fournir
un niveau d’éclairement homogène semble réduire le stress du cheval pendant l’embarquement et la phase stationnaire.
«Le transport (embarquement, trajet dont phase stationnaire et post-transport sur le lieu d’arrivée) est une pratique courante dans la gestion des chevaux de compétition, de loisir ou d’élevage. Or, cette pratique habituelle pour les chevaux et les humains peut engendrer un état d’anxiété chez l’animal et ainsi avoir un impact sur son bien-être», note Claire Neveu d’Ethonova, lors de la 44e Journée de la recherche équine à Paris.
De nombreuses études ont testé des solutions pour réduire le stress pendant la phase de transport, mais peu pour le limiter pendant l’embarquement. Une étude a évalué l’impact de la lumière, à la fois dans le van et dans l’environnement extérieur. En effet, la vision du cheval est différente de celle de l’être humain, notamment dans son adaptation aux changements de luminosité, plus lente, et dans sa perception dichromatique des couleurs.
«L’objectif de notre étude était donc de déterminer si différents types d’éclairage pouvaient avoir un impact sur la durée d’embarquement, ainsi que sur le comportement et la physiologie des chevaux lors de l’embarquement et de la phase stationnaire (pont fermé). Pour cela, nous avons utilisé un éclairage LED modulable, à variation de teinte de lumière blanche et ajustable en termes de quantité de lumière émise (flux lumineux).» Cette étude a été menée au Haras de la Barbotière (Calvados).
Transport = stress
Vingt-deux trotteurs français âgés de deux ou trois ans ont été sélectionnés pour leur expérience similaire et très réduite du transport. Ces jeunes chevaux ont été répartis de façon aléatoire dans deux groupes d’âges et de sexes variés et ont effectué trois embarquements, espacés de vingt jours, dans trois conditions : lumière naturelle, lumière blanche avec deux intensités différentes ou lumière blanche avec deux températures de couleur proximale (teintes) différentes.
«Pour chaque condition et chaque embarquement, les chevaux étaient menés en main par le même manipulateur, et les données comportementales relevées par un deuxième manipulateur, appelé observateur. Lors de la phase d’embarquement et de la phase stationnaire, le comportement (défécation, latence d’approche, comportements de défense, d’exploration, postures d’attention…) des sujets était observé en continu. Les données physiologiques ont été relevées par un cardiofréquencemètre avant, pendant et après l’épisode de stress (embarquement, phase stationnaire, box après)», précise la spécialiste.
Quelle que soit la condition, la fréquence cardiaque lors de l’embarquement et de la phase stationnaire est significativement plus élevée qu’au box avant le test. De même, la fréquence cardiaque est significativement plus élevée dans la zone d’embarquement et dans le van pour le premier passage que pour les deux suivants. «Les résultats mettent en évidence que l’embarquement est réellement un épisode de stress pour les chevaux et que ceux de deux ans mettent plus de temps à embarquer, lors du premier passage, que ceux de trois ans.»
Impact positif de la lumière
Lors de leur premier embarquement, les chevaux montés avec un niveau d’éclairement lumineux défini comme élevé à l’intérieur du van (> 4 500 lx), ont mis moins de temps à embarquer et ont exprimé moins de comportements de stress que ceux embarqués lorsque le niveau d’éclairement lumineux était modéré (< 3 000 lx). Lors de la phase de confinement dans un van stationnaire, les chevaux exposés à un éclairage LED dans certaines plages de températures de couleur proximale présentent une récupération post-stress du rythme cardiaque significativement plus rapide que dans des conditions d’éclairement naturel. «Un éclairage LED capable de fournir un niveau d’éclairement homogène semble donc réduire le stress du cheval pendant l’embarquement et la phase stationnaire.»
Réduire les risques
«D’un point de vue pratique, un cheval moins stressé à l’embarquement et pendant une période de confinement sera moins susceptible d’exprimer des comportements dangereux pour lui ou son cavalier/propriétaire. Si la durée d’embarquement est réduite, le stress des manipulateurs s’en trouvera également diminué. Tous ces facteurs pourraient donc contribuer à limiter les risques d’accidents, à améliorer la relation humain-cheval, ainsi que le bien-être de chacun. L’anxiété a également un impact sur les performances sportives. Il est donc possible qu’un cheval moins stressé à l’embarquement et pendant une période de confinement se montre plus compétitif.»
Une des perspectives d’application pratique serait d’évaluer sur le cheval les impacts de la lumière, diffusée par dispositif d’éclairage à LED ajustable, dans d’autres situations courantes telles que l’hébergement en boxes individuels, les soins médicaux, la phase de transport et d’ouvrir ainsi de nouvelles pistes d’amélioration du bien-être pour toutes les pratiques habituelles de gestion des chevaux.