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Sica Somme de Saveurs : la force du collectif

La Sica Somme de Saveurs est l’histoire de vingt-sept agriculteurs samariens, qui ont «pris leur destin en main», en plantant des légumes pour créer de la valeur ajoutée.

Le conditionnement a démarré le 12 septembre.
Le conditionnement a démarré le 12 septembre.
© A. P.



Depuis le printemps, des légumes estampillés «cultivés dans les Hauts-de-France» sortent des champs et d’un centre de conditionnement de la Somme. Ils sont le fruit du regroupement de vingt-sept agriculteurs, installés dans la Communauté de communes Somme Sud-Ouest, qui se sont officiellement unis le 13 avril, sous le nom de Sica (Société d’intérêt collectif agricole) Somme de saveurs.
Tout, dans ce projet, est réfléchi de manière collective. Chaque producteur a investi 5 000 € de part sociale dans la Sica, et chacun donne de son temps. «Pour un hectare de blé, comptez dix heures de travail. Pour un hectare de poireaux, comptez six cent cinquante heures, assurent-ils. Nous avons opté pour la mutualisation des prix, à qualité égale. Avec ce fonctionnement, nous sommes tous gagnants.» Il a aussi été question de mutualisation pour l’achat du matériel de production. La Cuma des Evoisons, à Lignères-Chatelain, a investi dans le matériel nécessaire à la culture de poireaux : planteuse, arracheuse et buttoir. La Cuma des Saint-Samson, à Hescamps a, quant à elle, fourni le matériel des choux : planteuse et récolteuse. Un tracteur a aussi été acheté. Coût total : 450 000 €. Le plus gros budget demeure cependant celui de la main-d’œuvre. «Elle représente 70 % du coût de production», précise Christophe d’Halescourt, le président.
Dès le 5 mai, cinq salariés se sont affairés dans les champs. En tout, 43 ha de poireaux, 12 de choux, 8 de céleris, 2,5 de choux frisés, un essai de quelques ares de choux chinois et 2,45 ha de céleri bio ont été plantés. «Nous apprenons le métier, explique Christophe d’Halescourt. Nous avons choisi des bonnes terres, avec de bonnes réserves hydriques qu’il a fallu parfaitement préparer, avec un labour d’hiver, puis un passage de herse rotative…»
La culture des poireaux s’est révélée très technique. Les thrips, ces minuscules insectes dont les piqûres conduisent au dessèchement des feuilles, étaient particulièrement surveillés. Les renouées et les repousses de colza étaient délicates à gérer, car peu de produits sont homologués. Pas le droit à l’erreur, néanmoins, car la marge peut être significative (environ 15 centimes du kilo), mais les plants sont onéreux (5 500 €/ha).
Le résultat a heureusement été à hauteur des attentes : les légumes, arrachés depuis le 12 septembre, sont «d’une qualité irréprochable», atteste Reo Veiling (coopérative belge qui vend déjà 250 000 t de produits frais chaque année dans le marché européen), en charge de la commercialisation. Tous sont conditionnés à Lignères-Châtelain, où une chaîne de lavage a été montée provisoirement, en attendant la construction d’un bâtiment spécifique (cf. encadré). Et cette année, ces poireaux s’arrachent comme des petits pains. «Il y a une très forte demande», confirme Rita Demare, de Reo Veiling. Les cours oscillent entre 0,90 et 1,10 € le kg, alors qu’ils atteignaient à peine 0,30 €/kg l’année dernière. Seul hic : la quantité produite chaque jour n’atteignait pas l’objectif fixé. «Nous avons débuté entre 6 et 7 t par jour, alors qu’il fallait au moins produire 10 t.»

Meilleure maîtrise
Aujourd’hui, presque la moitié des surfaces sont arrachées. La cadence de conditionnement des poireaux a augmenté, puisque deux équipes de seize personnes se relayent désormais, de 6h à 13h30 et de 13h45 à 20h. 12 t en moyenne sortent chaque jour de la chaîne de production. «Une routine se met en place avec le personnel. Il y a moins de turnover. On commence aussi à mieux maîtriser notre matériel, et donc à éviter les arrêts techniques», avoue Christophe d’Halescourt. Les arrachages devraient se poursuivre au moins jusqu’à fin avril, en fonction des conditions.
Pour la prochaine campagne, les producteurs pensent augmenter les surfaces d’emblavement de quelques hectares, notamment pour les céleris et les poireaux. Pour ces derniers, «nous allons essayer de planter des variétés précoces plus tôt pour gagner un mois d’arrachage». La Sica va aussi se diversifier, avec la production de 5 ha environ de courgettes, qui seront plantées début mai, pour une récolte entre fin juin et début juillet. «Il y a de la demande, et comme le conditionnement se fait au champ, nous ne serons pas freinés par la logistique

Un centre de conditionnement flambant neuf
Un bâtiment de 2 800 m2 doit être construit à la Zac de la Mine d’or de Croixrault. Lavage, épluchage et conditionnement par catégorie (bottes, filet, vrac) y seront réalisés : cent dix jours de lavage, à un rythme quotidien de douze à quinze tonnes de légumes lavés. La communauté de communes supporte cet investissement de 2 100 000 €, qui comprend l’achat du terrain de 2 ha et la construction. «La Sica aura un contrat de location-vente d’une durée de vingt ans», explique Christophe d’Halescourt. Les dernières contraintes administratives seront bientôt réglées, le permis de construire est accordé, et le chantier devrait débuter au printemps.

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