Politique
Sur les chemins de campagne de l’ex-CPNT
Bâti sur les fondations du parti Chasse pêche nature et traditions (CPNT), Le Mouvement de la ruralité (LMR) fait le tour des régions à la recherche de candidats pour les prochaines élections législatives et présenter ses orientations. Une délégation nationale a fait étape dans la Somme le 8 mars.
Bâti sur les fondations du parti Chasse pêche nature et traditions (CPNT), Le Mouvement de la ruralité (LMR) fait le tour des régions à la recherche de candidats pour les prochaines élections législatives et présenter ses orientations. Une délégation nationale a fait étape dans la Somme le 8 mars.
La Somme, qui fut un fief du mouvement politique CPNT, peut-il le redevenir dans le futur ? «On aimerait et on y travaille», annonçait début de semaine le président du parti Le Mouvement de la ruralité (LMR), le girondin Eddie Puyjalon. Accompagné de son vice-président, Érick Marolleau et du porte-parole Yves d’Amécourt, le trio est venu à la rencontre de ses délégués régionaux dans les Hauts-de-France, avec un focus particulier sur les problématiques rurales du Pas-de-Calais et de la Somme. Au programme de ces deux jours et demi, des rencontres avec des éleveurs, des chasseurs, des opposants au développement éolien, des pêcheurs à pied. Depuis la création de LMR (septembre 2019) sur les bases de feu CPNT, «on a élargi notre base», confie Eddie Puyjalon : «On s’adresse à toutes les composantes de la ruralité». Et de rappeler que «déjà, du temps de CPNT, on s’intéressait 70 % du temps à autre chose qu’à la chasse, mais ce n’était pas forcément bien identifié».
Présidentielle et législatives
Sans candidat déclaré à l’élection présidentielle depuis 2012, CPNT puis LMR regardent chez les différents autres candidats celui ou celle en mesure de mieux représenter la ruralité. 2022 ne fera pas exception : «On a fait le choix de ne pas y aller parce que notre mouvement est encore jeune», explique Yves d’Amécourt. Réalistes, les représentants de LMR savent aussi que mener une campagne présidentielle demande des moyens financiers et humains importants. Vers qui alors se tourner ?
«On regarde les programmes des uns et des autres. Il y a des choses intéressantes chez tous les candidats», affirme M. d’Amécourt, avant qu’Eddie Puyjalon ne tire un trait catégorique sur les candidatures de Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Yannick Jadot (EELV). Celui sur lequel LMR semble avoir le plus d’atomes crochus est un certain… Jean Lassalle, le candidat béarnais, haut en couleurs.
En ce qui concerne les prochaines élections législatives, LMR veut «occuper le terrain». Autrement dit, présenter des candidats, «partout en France, peu importe qui il y aura en face», selon Eddie Puyjalon. Si le parti veut peser à l’avenir, il lui faut des fonds et cela passe par un nombre d’élus suffisant pour bénéficier du financement public des partis politiques. Dans l’hypothèse où le parti de la ruralité ne parviendrait pas à envoyer des élus à l’Assemblée Nationale, il espère au moins «faire bouger les lignes et interpeller sur les problématiques qui nous sont chères», poursuit son président. «Depuis trente ans, les campagnes électorales sont l’occasion d’entendre de belles promesses, mais après ? Chez LMR, nous ne sommes pas des professionnels de la politique. Mais nous ne sommes pas non plus seulement là pour dénoncer. On a des propositions !», lance M. Puyjalon.
«Redonner vie aux territoires»
Chez un éleveur de moutons de Brutelles, Yves d’Amécourt, qui fait la démonstration de ce que devrait être, selon lui, un élu local. À l’écoute des difficultés rencontrées par Philippe Dehedin – l’éleveur, qui est double actif, a lancé une cagnotte en ligne pour sauver son activité –, le porte-parole de LMR conseille son hôte sur un certain nombre de démarches à effectuer pour espérer sortir la tête de l’eau. Un peu plus tard dans l’après-midi, dans le marais du Hâble d’Ault, les représentants de LMR s’imprègnent encore des lieux et s’intéressent à la gestion de cet espace naturel et de la place qui y est occupée par les chasseurs. Ici, on ne dit pas «tonne» comme dans le sud-ouest d’où est originaire Eddie Puyjalon, mais «hutte». Le plaisir de se promener entre les mares est toutefois le même. Le président du mouvement de la ruralité pose des questions, observe et se ravi de voir une pose éphémère de canards souchet. Et égratigne au passage la gestion des espaces naturels quand elle est aux mains «d’organismes infiltrés par des écolos». Fin de journée, au cours d’une réunion publique à Woignarue, les représentants de LMR déroulent leurs propositions, et l’esprit du mouvement : «On est là pour ouvrir les yeux des gens», campe Eddie Puyjalon. Pour Yves d’Amécourt, les priorités sont «moins de bureaucratie», «la reconquête de notre souveraineté alimentaire, énergétique», «l’arrêt de la métropolisation du pays au profit des centres-bourgs, des petites villes et des villages auxquels on a tourné le dos», «l’investissement dans les territoires» ou encore «faire confiance aux gens de terrain». Pour lui, il est «urgent de reconsidérer agriculture et ruralité qui sont considérées comme un mal nécessaire depuis trente ans alors qu’il y a des richesses inexploitées». «Il y a des entreprises, des artisans qui ont du boulot à proposer, mais on ne leur donne pas les moyens d’embaucher. Un comble !, alerte Yves d’Amécourt. On a des produits comme la laine, mais pas la volonté de mettre en place une filière… Idem pour ce qui est de la forêt qu’on délaisse. Les champs, comme la forêt, quand ils sont cultivés, captent du carbone.» Eddie Puyjalon veut, quant à lui, «qu’on arrête de tuer celui qui produit». Et Yves d’Amécourt de conclure : «Notre projet, finalement, ce n’est pas que de défendre des traditions. C’est de redonner vie aux territoires. La France a des richesses. Il faut les faire émerger. Mais la méthode employée jusqu’à présent n’est pas la bonne. La France doit arrêter de chercher à être la meilleure en matière de normes et de règles».