Animaux
Taser ou étrangler son chien pourrait bientôt être interdit
Adoptée par l’Assemblée nationale le 16 janvier dernier, une proposition de loi (PPL) de la députée Corinne Vignon pour l’interdiction des colliers étrangleurs et électriques ne plaît pas à tout le monde.
Adoptée par l’Assemblée nationale le 16 janvier dernier, une proposition de loi (PPL) de la députée Corinne Vignon pour l’interdiction des colliers étrangleurs et électriques ne plaît pas à tout le monde.
Comme le Parlement français a interdit la fessée aux enfants depuis 2019 comme méthode éducative, le même Parlement pourrait prochainement interdire l’utilisation des colliers étrangleurs et électriques pour… les animaux de compagnie (chiens, chats). Le 16 janvier dernier, l’Assemblée nationale a en effet adopté en première lecture une proposition de loi visant à interdire «l’utilisation sur les chiens et les chats de tout dispositif à décharge électrique, étrangleur sans boucle d’arrêt ou dont les pointes sont tournées vers le corps de l’animal». Qu’on les appelle collier électrique, de rappel ou encore «de dressage», l’utilisation de ces instruments fait débat depuis de nombreuses années.
Soutenue par la Fondation Brigitte Bardot
Portée par la députée Renaissance de Haute-Garonne Corinne Vignon, la proposition de loi a été déposée «en lien avec la Fondation Brigitte Bardot». Lors de sa présentation dans l’hémicycle, la députée Vignon, également présidente du groupe d’études «condition et bien-être des animaux» avait évoqué différents symptômes liés à l’utilisation de ces colliers : «brûlures», «perte de poils», «terreur», «paralysie». En résumé, pour l’élue, ces «colliers de dressage» ne sont «pas efficaces et contre-productifs». Une exception à leur interdiction serait toutefois maintenue : lorsqu’ils sont utilisés par les «services et unités des armées utilisateurs de chiens», ainsi que pour des «opérations de capture d’animaux dangereux et errant».
Pour la Fondation Brigitte Bardot, l’adoption du texte par les députés est «une très belle étape franchie (…) qui nécessite désormais la confirmation par le vote du Sénat dans les prochains mois», qualifiant au passage les colliers de dressage comme «des colliers de torture». Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a lui aussi salué l’adoption de la PPL en considérant qu’il s’agit d’«une avancée en faveur de la lutte contre la maltraitance animale», au moment où les «attentes sociétales sont de plus en plus fortes» en la matière.
Protéger le chien
Avant que les sénateurs n’aient à se prononcer sur la proposition de la loi, la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et son président ont adressé le 20 janvier une lettre ouverte aux parlementaires pour marquer leur opposition à une partie des dispositions du texte. Favorable à l’interdiction des colliers étrangleurs ou à pointes, Willy Schraen détaille dans un argumentaire de deux pages les raisons pour lesquelles l’interdiction des colliers dits «électriques» doit être reconsidérée : «Utilisé dans de bonnes conditions, cet outil est particulièrement précieux», assure-t-il. Pour le patron des chasseurs de France, le collier «électrique» ou «de dressage» serait utile pour «l’apprentissage des règles nécessaires à la chasse et à la vie au sein d’un foyer», rappelle qu’il en existe différents modèles, tout en reconnaissant «qu’une bonne éduction ne sera jamais remplacée par un collier». Enfin, poursuit M. Schraen, «les colliers électriques permettent de limiter les réactions spontanées du chien face à des distractions extérieures» avec, comme argument premier, celui de la sécurité du chien.
Pétition en ligne
Éleveur et dresseur de chiens dans le département de l’Aube, Nicolas Collet a, de son côté, lancé une pétition en ligne il y a un peu plus d’une semaine pour tenter d’inverser la vapeur. Sur sa page Facebook, il dit «ne pas avoir vu arriver» la proposition de loi. Depuis, il tente de faire monter le nombre de signatures nécessaires à donner de la visibilité à son opposition à l’interdiction des colliers dits de «dressage».
Pour lui, «cette loi est portée par des mensonges grotesques» sur la maltraitance des animaux et l’éducation violente des animaux, comme le suppose le texte de loi. «On n’a jamais vu personne abandonner son chien d’arrêt parce qu’on lui mettait un collier pour l’empêcher de se faire renverser parce que nous chassions près d’une route», relève l’éleveur qui s’en prend «aux bobos qui vont porter plainte contre leur voisin parce que le chien de celui-ci aboyait».
En ce milieu de semaine, la pétition en ligne avait recueilli un peu plus de 2 700 signatures. Il lui en faudra sans aucun doute beaucoup plus pour faire revenir le parlement sur ce projet d’interdiction.