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Thierry Roquefeuil : «le prix du lait c’est vital, la Pac c’est primordial»

L’intervention du président national des producteurs de lait à l’assemblée générale de l’Uplp a tourné autour de quatre thématiques.

Thierry Roquefeuil, président de la Fnpl, attend des politiques qu'ils s'engagent sur les conditions qui assureront  la pérennité de l'élevage laitier.
Thierry Roquefeuil, président de la Fnpl, attend des politiques qu'ils s'engagent sur les conditions qui assureront la pérennité de l'élevage laitier.
© AAP

«On veut du prix sur le deuxième trimestre, 30 € pour compenser la hausse de nos coûts de production». Et l’assemblée d’acquiescer «c’est un minimum !». Dans son intervention à l'assemblée de l'Uplp le 3 avril dernier à Gentelles, Thierry Roquefeuil, a rappelé la chronologie qui a amené la tenue de la table ronde avec la distribution qui se tenait le 8 avril. L’explosion des charges a conduit la Fnpl à publier un indicateur de charges à l’automne qui montrait justement cet écart de 30 €. Les difficultés faites aux entreprises lors de leurs négociations avec la grande distribution, et le constat des prix pratiqués par les entreprises au premier trimestre a amené la Fnpl à interpeler le président de la République à l’occasion du salon de l’Agriculture. Le gouvernement a ainsi proposé de revoir la loi de modernisation de l'économie afin d’améliorer les conditions de négociation. Cela pour le moyen terme. A court terme un «effort» conjoncturel devrait permettre d’atteindre cet objectif. Mais ce n’est pas encore gagné.

La réforme de la PAC : quel impact ?
Pour autant il ne faut pas sous-estimer l’autre dossier du moment, la PAC où selon les arbitrages qui seront faits, l’impact pourrait être très significatif selon les exploitations laitières. «En moyenne cela ne varie pas beaucoup, mais dans notre secteur nous avons les DPU maximum et les DPU minimum» Afin de limiter les effets la Fnpl serait plutôt en faveur d’un recouplage partiel sous forme de prime à la vache laitière, solution qui aurait le mérite de fédérer tous les producteurs français. Thierry Roquefeuil indique «que les lignes ne sont pas figées. D’un niveau initial de 10% le niveau de couplage est passé à 12 et pourrait attein­dre 15 %. Mais sur ce dossier, malheureusement il n’y a pas grand-chose à gagner pour les producteurs de lait. Contrairement aux céréaliers, on prend aux éleveurs pour donner à d’autres éleveurs».
Au chapitre environnemental, le président de la Fnpl demande simplement du pragmatisme comme cela peut se faire dans d’autres pays européens. Il prend l’exemple des capacités de stockage des effluents qui doivent passer à six mois, alors qu’à l’observation des pratiques, les stockages bout de champ permettraient de passer ce cap sans obliger les éleveurs à investir une nouvelle fois.

Fixer des caps
Enfin Thierry Roquefeuil évoque le rôle des pouvoirs publics. Une aide conjoncturelle de 20 millions d’euros pour les producteurs de lait va être octroyée prochainement «mais cela ne fait pas le compte ramené sur 70000 producteurs. Les projections indiquent que cette aide devrait avoisiner 1000 euros pour les JA et les investisseurs». Mais ce qu’attend surtout le président de la Fnpl, c’est «d’avoir au niveau politique, de tous bords, des gens qui fixent des caps et qui s’engagent, comme cela peut se faire dans d’autres pays européens, sur les conditions qui font que l’élevage laitier sera là demain».

ZOOM

Quel rôle pour l’UPLP ?

Les producteurs de lait s’interrogent sur le rôle du syndicalisme laitier dans le nouveau paysage qui se dessine. La fin des quotas laitiers et la constitution d’organisations de producteurs livrant aux industriels à côté des coopératives laitières peuvent laisser penser que le syndicalisme est devenu inutile. En effet les problématiques de volumes et de prix seront réservées aux organisations de producteurs (OP) et conseils d’administration de coopératives. Le syndicalisme est exclu de la discussion sur les prix du lait vu l’interdiction désormais faite à l’interprofession laitière de traiter le premier point (paquet lait).
Cela étant, comme le souligne Dominique Dengreville, «nous n’avons plus de grille de prix négociée en interprofession et il n’est plus possible aujourd’hui de comparer nos prix entre livreurs à différentes entreprises tant les écarts peuvent être importants selon les mois, jusqu’à 40 € les 1000 l. Nous mettrons en place les outils nécessaires à la bonne connaissance du prix du lait qui reste notre priorité».
Et de poursuivre «on le voit aujourd’hui avec la grande distribution, le syndicalisme aura toujours son espace pour faire avancer les choses. Car une OP liée à un transformateur ou les adhérents d’une coopérative ne pourront pas mener d’action vis-à-vis d’une grande surface sauf à en subir des conséquences négatives et immédiates.
C’est pourquoi la campagne d’adhésion à l’Uplp rendue nécessaire pour pouvoir appeler des cotisations prend toute son importance. Malgré les OP, qui appellent également des cotisations, l’Uplp aura toujours besoin de moyens financiers pour mener ses actions et bien informer les producteurs de lait. Dominique Dengreville considère «qu’une cotisation de 12 €/1000 l (valeur 2013) n’est pas cher payée, un billet de 50 € en moyenne pour les producteurs de la Somme».
Déjà 60 % des producteurs de lait on fait confiance à l’Uplp et renvoyé leur bulletin d’adhésion après des sollicitations par courrier. «Pour convaincre les plus sceptiques, nous irons à leur rencontre» affirme le président de l’Uplp. Et Thierry Roquefeuil de confirmer :«Le syndicalisme laitier, c’est du poil à gratter pour les transformateurs et les OP». En ce moment ce sont les grandes surfaces qui éternuent.

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