Vie rurale
Trois fleurs récompensent la participation citoyenne des Querrorivains
Ce 11 décembre avait lieu la cérémonie de remise des prix des Villes et Villages fleuris de la région, à Lens. Parmi les récompensés figure Querrieu, 632 habitants, qui a décroché trois fleurs et un prix du coup de cœur du jury pour sa participation citoyenne. Reportage.
Ce 11 décembre avait lieu la cérémonie de remise des prix des Villes et Villages fleuris de la région, à Lens. Parmi les récompensés figure Querrieu, 632 habitants, qui a décroché trois fleurs et un prix du coup de cœur du jury pour sa participation citoyenne. Reportage.
Le terrain vague, ou s’entassaient les caravanes abandonnées de l’ancien camping municipal, n’est plus qu’un mauvais souvenir. Depuis 2022, les habitants de Querrieu profitent des bords de l’Hallue au Parc des Merlettes, lieu de promenade arboré, site de pêche et parc de jeux pour enfants, avec tyrolienne, toboggans, ponts suspendus… Le tout est entretenu grâce à de l’éco-pâturage de moutons, chèvres et chevaux. «Ce lieu est le premier gros projet que nous avons mené. Et tout cela grâce à l’investissement des habitants», tient à préciser Jonathan Sanglard, maire de la commune. Cette année, leurs efforts ont été récompensés par la distinction trois fleurs des Villes et Villages fleuris et le prix du coup de cœur du jury pour sa participation citoyenne. Le prix était remis ce 11 décembre, au Colisée de Lens.
Pour la commune d’un peu plus de six-cents âmes, la transformation est remarquable. «Je me suis présenté aux élections municipales en 2020, parce que je voulais secouer le cocotier», sourit l’édile de trente-six ans. Aussitôt déconfiné, Jonathan Sanglard invitait les citoyens à des plantations d’arbres. «Chaque enfant est parrain d’un arbre, et a son nom écrit sur une plaque.» Rapidement, il se rend compte que les gens se prennent au jeu du collectif. «Un jour où j’étais en chantier pour la création du parc, une trentaine de personnes sont venues me prêter main forte. Les gens avaient envie d’aider et d’apprendre à se connaître.» Il organise alors la première journée de la citoyenneté, qui a lieu désormais chaque année. «C’est un vrai succès. Le but est de rassembler pour embellir le village. On a planté quatre-mille-cinq-cents bulbes de fleurs, plus de trois-cents arbres, on a construit des hôtels à insectes… Et on crée du lien social.» Jonathan Sanglard est, depuis septembre 2024, ambassadeur national de la Journée citoyenne, pour l’Observatoire de la décentralisation et de l’action sociale (ODAS).
Les efforts ont rapidement payé, puisque la commune a obtenu une première fleur en 2022. Le passage à trois fleurs sans passer par le niveau deux fleurs est rare. Une sacrée récompense pour les Querrorivains engagés. Surtout, ils bénéficient d’un cadre de vie bien plus agréable. En plus du parc des merlettes – le nom est inspiré du petit oiseau morné (sans bec ni pattes) imaginaire dans les armoiries, qui figure sur le blason des seigneurs de Querrieu – quatre-vingts projets ont été menés en quatre ans. Le maire cite, entre autres, le verger et un jardin partagés, l’organisation d’une fête de la pomme, un poulailler communal qui valorise les déchets alimentaires de la cantine, des composteurs partagés qui permettent de fertiliser les plantations de la commune et les jardins des habitants… Le prochain rendez-vous est donné ce samedi après-midi pour la plantation d’une haie comestible avec des groseillers dans le cimetière. «C’est aussi un lieu de promenade. Il n’y a pas de tabou.»
Des livres et des ballons
À Querrieu, la culture et le sport ont aussi toute leur place. La rénovation d’un local a permis d’ouvrir une bibliothèque, ouverte deux fois par semaine et gérée par des habitantes bénévoles. Près des installations sportives, des casiers connectés permettent de disposer de boules de pétanque, de raquettes de tennis… Un city stade a été inauguré en 2021. Surtout, le stade de football – Jonathan Sanglard est lui-même membre de l’équipe senior et éducateur d’une équipe jeunes – peut désormais se targuer d’un terrain synthétique flambant neuf. Comment la mairie finance-t-elle tout cela ? «Chaque projet obtient environ 80 % de subventions, principalement auprès de l’État, de la Région et du Département. Je passe mes soirées à monter des dossiers», assure Jonathan Sanglard. La participation des citoyens permet enfin des économies.
Une idée en cache une autre
Comme une idée en cache une autre, Querrieu n’a pas fini sa transformation. La place du village, excentrée et inutilisée, devrait retrouver l’effervescence qu’elle mérite. «Le Département va y installer une aire de covoiturage. Elle sera ainsi rénovée. Et au fond, nous allons construire une halle couverte, qui permettra la tenue de fêtes locales et de marchés ponctuels, par exemple.» Le square Brou, derrière l’église, va être aménagé en amphithéâtre, où des spectacles de plein air pourront être donnés. Côté «fleurissement», la commune réalise un inventaire de la faune et de la flore, dans le cadre du programme de l’OFB (Office français de la biodiversité) Territoire engagé pour la nature. Une candidature au budget participatif du Département est aussi en cours pour la végétalisation de la cour d’école. Enfin, les commerces - «poumons du village» - ne sont pas oubliés avec, par exemple, des bons d’achats distribués aux habitants, à dépenser à Querrieu. Il se pourrait certainement que la boulangerie, qui a fermé en cette fin d’année, rouvre prochainement grâce à la mobilisation de la mairie.
Des abeilles chouchoutées
Trente ruches et des centaines de fleurs à butiner. Querrieu est autant un village de choix pour les habitants que pour les abeilles, et la commune le fait savoir. «Nous sommes labellisés APIcité, avec une distinction deux abeilles cette année, signe de “démarche remarquable“», se réjouit le maire, Jonathan Sanglar. Ce label national est décerné aux collectivités «qui aiment et s’engagent pour l’abeille et les pollinisateurs sauvages». Interdiction de l’usage de produits phytosanitaires dans les jardins publics, installation de ruche, ou encore programmes de sensibilisation autour de cette problématique font partie des actions mises en avant. «L’objectif de ce label, accordé pour trois ans, est de valoriser les politiques locales en matière de protection des pollinisateurs», est-il expliqué sur le site internet d’APIcité. À Querrieu, encore une fois, la participation citoyenne a permis cette démarche. «Les habitants plantent, et les ruches sont gérées par un apiculteur amateur.»