Un abonnement en échange d'un bio moins cher
Alors que des voix s'élèvent contre la mainmise de la grande distribution sur le développement du bio et des risques de «conventionnalisation», c'est en ligne que des start-up proposent une commercialisation innovante. Moyennant un abonnement annuel, ils promettent des prix cassés sur des produits bios.
«Le frein à la consommation de produits bio, c'est le prix», assure Lucas Lefebvre, cofondateur de la Fourche, magasin en ligne de produits bios. Sur le modèle des américains Costco (arrivé en France en 2017) et de Thrive market, ce site propose à ses adhérents des prix sur les produits bios remisés de 25 % à 50 % à condition de souscrire un abonnement annuel de quelque 60 E. «Nous échangeons du pouvoir d'achat contre de la fidélité, explique-t-il. Le modèle est vertueux dans le sens où les adhérents sont très engagés, ils consomment plus et sont plus fidèles.»
Un modèle économique qu'ont également choisi deux autres start-up concurrentes : Aurore market et Kazidomi. Si les réseaux de distribution bio spécialisés opèrent d'ores et déjà sur internet grâce à des services de click and collect ou de livraison selon les enseignes, leur présence est encore timide. Un projet de site d'e-commerce national est en cours de finalisation pour Biocoop et devrait voir le jour dans les prochains mois. Ce ne sont pourtant pas sur ces plates-bandes que ces acteurs assurent chasser. «Nos clients sont à 80 % des personnes qui, avant, ne fréquentaient pas les magasins bios, car ils n'en ont pas les moyens, explique Lucas Lefebvre. Nous piquons plutôt des clients à la grande distribution.»
Démocratiser la bio
Tous ces nouveaux venus dans la distribution se targuent de vouloir «démocratiser le bio». Mais pas en lésinant sur la qualité ni en rabotant les prix payés aux producteurs. Kazidomi promet ainsi «une qualité inégalable à un prix très bas» en «contournant les nombreux intermédiaires de la chaîne de valeur» tout en «payant un prix décent aux producteurs». «Nous sommes engagés sur la qualité avant tout. Notre cahier des charges est assez drastique», garantit également le cofondateur de la Fourche. Leurs approvisionnements sont sourcés à près de 80 % en France, et le reste est regardé de très près. «Nous sélectionnons les marques bios les plus responsables et des produits sains, délicieux et écolos», promet le magasin en ligne. Trois axes d'engagements sont fixés : respect de la santé, de l'environnement et des hommes.
Le site Aurore Market propose également les produits - bio ou non bio - C'est qui le patron ? !
«La marque du consommateur partage nos valeurs et rémunère à leur juste valeur les producteurs», témoigne l'entreprise sur son blog. Si le développement de ces magasins est rapide, comme l'illustre la hausse des adhérents de 300 % chez Aurore market sur la seule année 2019, le chiffre d'affaires de ces entreprises reste encore modeste face aux acteurs historiques. «Nous avons le chiffre d'affaires d'un petit magasin bio», confie Lucas Lefebvre.
La véritable détonation dans le secteur de la vente en ligne de produits bios (et non bios) pourra être l'arrivée d'Amazon Fresh sur le marché français. «Surtout que la probabilité que le e-commerçant rachète une enseigne pour appuyer sa logistique n'est pas nulle, observe l'institut d'étude Xerfi dans une étude de janvier. Le géant d'outre-Atlantique a, en effet, adopté une telle stratégie aux États-Unis.»
Commerce Équitable France demande une TVA réduite pour les produits labellisés
Certain de la capacité du commerce équitable à être un levier de la transition écologique des modes de production et de consommation, le collectif Commerce équitable France demande, dans un communiqué du 6 décembre, la mise en place d'une série de mesures lui permettant de changer d'échelle. «Depuis quelques années, la croissance du commerce équitable origine France témoigne du succès grandissant, tant chez les producteurs que chez les consommateurs, d'un modèle économique éprouvé et fonctionnel, qui permet de lever les freins au changement», affirme le collectif.
Un des fondamentaux est de «renforcer le cadre juridique de commerce équitable» en rendant obligatoire le recours à un label pour les produits s'en réclamant, estime le collectif qui représente les acteurs français du commerce équitable. Ensuite, il défend la mise en place d'une TVA réduite pour tous les produits labellisés commerce équitable.
«Alors que le commerce équitable fait la démonstration qu'il permet d'accélérer la transition écologique, un taux de TVA réduit spécifique serait une mesure permettant d'encourager les entreprises à proposer des produits issus du commerce équitable et d'envoyer des signaux positifs aux consommateurs», justifie le collectif.
Il demande également la mise en place d'un «crédit d'impôt pour les investissements de mise en conformité avec les exigences du commerce équitable», car les «coûts induits par la transformation des modes de production pour devenir une entreprise plus respectueuse du commerce équitable constitue un frein au changement qui doit être levé». Autre souhait : la mise en place d'un «avoir fiscal pour couvrir les frais de labellisation équitable», qui représentent pour les entreprises labellisées «des sommes considérables pour attester de la véracité de leurs bonnes pratiques».