Un brumisateur pour libérer les vaches du coup de chaud
Eleveur de vaches laitières dans le Cambrésis, Sébastien Delva livre ses conseils et ses astuces de bricolage pour abaisser le stress thermique de ses animaux.
Quand la température dépasse les 35°C dans la salle de traite, l’éleveur n’est pas le seul à souffrir de la chaleur. Pour y remédier, Sébastien Delva livrait il y a quelques jours sur les réseaux sociaux sa méthode pour abaisser la température dans le bâtiment d’élevage où il travaille à Inchy-en-Cambrésis (59).
Depuis environ «quinze jours à trois semaines», il utilise ainsi un système de brumisation qui disperse une fine pluie au-dessus de ses vaches laitières avant leur passage dans la salle de traite. Si certains éleveurs font le choix d’un système usiné, Sébastien a, lui, préféré opter pour un système «fait maison». Son brumisateur n’est autre qu’un arroseur de jardin rotatif retrouvé par son beau-père au hasard. «En bricolant un peu, c’est finalement assez simple à réaliser et à un prix bien en dessous de ce que l’on peut trouver chez des fabricants spécialisés», assure le jeune éleveur.
Un brumisateur «fait maison»
Le système de brumisation «maison» a été installé au-dessus de l’aire d’attente, sur un poteau, en hauteur. «On utilise tout simplement l’eau de la salle de traite. Il a suffi de brancher un tuyau sur le robinet de la salle de traite, d’ajouter une vanne et d’amener le tuyau jusque-là», explique Sébastien Delva. Le système est déclenché «cinq à dix minutes» avant le début de la traite. Les animaux se trouvent ainsi mouillés, «sans être trempés». «Auparavant, poursuit Sébastien, on utilisait les douchettes de la salle de traite, mais cela n’est pas vraiment adapté.»
Les avantages de la brumisation sont multiples : chasse-mouches, abaissement de la température ambiante, collage de la poussière, neutralisation des odeurs. Certains modèles peuvent aussi être adaptés pour la désinfection des bâtiments.
Une ration alimentaire d’hiver humidifiée
Quand le thermomètre s’affole, la principale crainte est de voir une baisse de la production laitière de ses animaux. Chaleur et stress thermique peuvent en effet être responsables d’une diminution de la production, d’une perte de poids et des performances de reproduction. Selon certaines études, ces conséquences malheureuses apparaîtraient à partir de 26°C. Or, jusqu’à aujourd’hui, «je n’ai pas vu de différence sur la production par vache. Cela veut dire que le système est assez efficace…»,
témoigne l’éleveur.
Depuis quelques jours, en raison des températures et de la pousse de l’herbe, il a quand même été contraint de modifier la ration alimentaire de son troupeau : «Etant donné que l’herbe ne pousse pas, nous sommes passés à une ration hivernale, avec maïs et foin. Pour la rendre moins sèche, j’ajoute
deux à trois litres d’eau dans la ration». A l’extérieur, une fois qu’elles auront retrouvé leurs pâturages, les vaches disposeront d’eau à volonté. «Des abreuvoirs profonds sont installés dans chaque pâture, rappelle Sébastien Delva. Ils sont constamment alimentés par un système automatique enterré qui permet de garder un niveau constant.» Le rôle de l’éleveur consiste alors à veiller à leur bon état : «C’est assez rapide, et cela ne demande pas d’entretien particulier. On jette un coup d’œil en allant chercher les vaches. On regarde s’il n’y a pas de fuite, et c’est tout.»
Des besoins en eau variable selon le type d’animaux
Conseiller en productions animales et fourrages à la Chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais, Pierrick Boulan rappelle que «les animaux souffrent davantage des températures élevées que du froid». La baisse de production de lait des vaches laitières peut ainsi atteindre «entre 10 à 20 %». En période de fortes chaleurs, comme cela est le cas actuellement, avec des pics à plus de 35°C, «les besoins des animaux en eau sont fortement accrus, poursuit le conseiller. Pour une température de 30°C, ils doublent par rapport à l’hiver pour une même alimentation. Une vache en lactation peut actuellement consommer plus de 150 litres d’eau par jour», poursuit Pierrick Boulan. Les conséquences d’un coup de chaleur peuvent être importantes, tant sur le plan de la santé des animaux que du revenu de l’éleveur. Un coup de chaleur peut en effet provoquer une forte diminution de l’appétit qui peut atteindre 25 %. Au pâturage, les parcelles ombragées sont, bien sûr, préférées. En bâtiment, pour favoriser le refroidissement de la température corporelle, l’idéal serait d’installer des ventilateurs et brumisateurs. La nuit, afin de faire baisser la température ambiante du bâtiment, il est recommandé de l’ouvrir au maximum pour créer des courants d’air.