Un fonds et des négociations tripartites pour aider les éleveurs
Pour combler les problèmes urgents de trésorerie des producteurs, des mesures concrètes ont été proposées à la suite de la rencontre du gouvernement avec les représentants de la grande distribution ce lundi 8 janvier.
Pour faire face à la baisse des prix dans les filières porcine, laitière et bovine, plusieurs initiatives ont été proposées lors de la réunion entre le gouvernement et la grande distribution, le 8 février à Paris, sous l’égide de Manuel Valls, qui en a profité pour fustiger l'attentisme de la Commission européenne sur le sujet. Des négociations sont en cours, ont annoncé le ministre Emmanuel Macron, et les distributeurs, entre le secteur de la grande distribution et la FNSEA, quant à la création d’un fonds pour aider les éleveurs de porcs. Le dossier, qui comporte plusieurs points techniques, devra ensuite attendre la validation en aval des Autorités de la concurrence française et européenne.
«On parle de dix centimes d’euros le kilo», déclare Serge Papin, PDG du groupe Système U, part de la contribution des distributeurs. Au sujet du secteur laitier, l’instauration de négociations tripartites entre producteurs, industriels et distributeurs a été débattue. La loi de modernisation économique (LME), mise en place en 2008 sous l’ère Sarkozy, pourrait ainsi faire l’objet d’un réexamen afin d’y intégrer les organisations de producteurs. «Un consensus fort», estime le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Pour Serge Papin, cela «permettrait de tout résoudre», expliquant militer pour cette mesure depuis des années.
Ces deux mesures substantielles avancées à l’issue de la rencontre devront s’appliquer dans le respect de la concurrence, a rappelé le ministre de l’Economie. «La prudence est de mise», souligne Stéphane Le Foll. L’intégralité des distributeurs présents lors de la rencontre, à savoir Auchan, Carrefour, Casino, Cora France, Leclerc, Intermarché, Lidl et Système U, a donné son accord pour converger à une meilleure organisation des filières. «L’ensemble des enseignes a très clairement reçu le message», a affirmé Jacques Creyssel, président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).
Le Premier ministre, qui ambitionne la mobilisation de tous les acteurs des filières et la refonte de leurs organisations, va rencontrer le Premier ministre russe, Dimitri Medvedev, le samedi 13 février, pour évoquer avec lui l’embargo sanitaire sur la viande porcine.
Etiquetage et cotations
La grande distribution s’est déclarée totalement favorable au système de l’étiquetage. «Les industriels ont été ceux qui ont freiné ce mouvement», a tenu à rappeler Jacques Creyssel. Un décret sera publié dans la semaine concernant «Viande de France», a indiqué de son côté le ministre de l’Agriculture. La préférence pour les produits français ou le dit fameux «patriotisme alimentaire» serait de quelques centimes plus onéreux que la majorité des produits importés, selon Serge Papin. La menace d’importations massives et le risque de voir disparaître les productions de porcs et de lait français en seraient à ce prix.
En outre, une réforme relative aux cotations sur la viande bovine publiées par FranceAgriMer sera mise en place pour y inclure la notion de qualité. D’après Jacques Creyssel, «c’est un système daté», insistant sur la nécessité d’aller le plus possible vers la qualité.
La crise de l’élevage sera au menu des ministres de l’agriculture de l’UE le 15 février
Les ministres de l’agriculture de l’Union européenne doivent débattre de la crise de l’élevage lors de leur réunion du 15 février, avec, pour alimenter le débat, le mémorandum français présenté le 4 février. Ce document préconise notamment, outre des initiatives fortes à l’exportation, pour le lait, le relèvement temporaire du prix d’intervention et la création d’un groupe à haut niveau européen afin d’envisager, entre autres, «un mécanisme d’aides européennes octroyées aux producteurs ayant volontairement réduit leur volume de production en période de baisse des prix». Pour le porc, le maintien de l’aide au stockage privé ou, à défaut, «une mesure de réduction du nombre de truies mises en production pour l’ajuster aux capacités d’engraissement des éleveurs». Le mémorandum français plaide également pour l’indication du pays d’origine pour la viande utilisée dans les aliments transformés, de même que pour les produits laitiers, et pour «la révision de la directive détachement des travailleurs».