Un lait de qualité : un éleveur donne les clés de sa réussite
La laiterie Lact’Union a révélé la liste des lauréats de son concours qualité du lait pour la campagne 2019. Parmi eux, Dominique Dengreville, éleveur à Saint-Riquier, donne les clés de sa réussite.
La laiterie Lact’Union a révélé la liste des lauréats de son concours qualité du lait pour la campagne 2019. Parmi eux, Dominique Dengreville, éleveur à Saint-Riquier, donne les clés de sa réussite.
Pas question de délaisser les vaches, même en cette période intense de travaux des champs estivaux. Dominique Dengreville, installé à Saint-Riquier, en est persuadé : «obtenir un lait de qualité est un travail de tous les jours». «Être constant tout au long de l’année est d’ailleurs ce qui rend la tâche délicate, ajoute-t-il. La qualité du lait est cependant essentielle à la rentabilité de l’élevage, puisqu’elle permet de dégager une marge.» À l’EARL Dengreville (Dominique travaille avec son épouse et son fils), le travail a payé, puisque les éleveurs laitiers font partie des lauréats du concours qualité du lait de leur laiterie, Lact’Union. Trente-trois coopérateurs ont ainsi été récompensés, dont vingt de la Somme (cf. encadré).
Pour ce concours, tous les critères de la qualité du lait sont passés au crible : taux de matière grasse, taux de matière protéique, cellules, butyriques… Et Dominique Dengreville est vigilant sur tous les critères. Il faut dire que la bonification de 12 €/1 000 l, lorsque toutes les conditions sont remplies, est appréciable. Ici, les cent quatre-vingts vaches, pour environ cent-cinquante à la traite, ont un droit à produire de 2 millions de litres de lait. La production oscille entre 1,8 et 1,9 millions de litres.
L’hygiène avant tout
Règle numéro une : l’hygiène. «Une salariée à temps plein s’occupe exclusivement de la conduite du troupeau et de l’entretien du bâtiment d’élevage», explique l’éleveur. Les vaches sont logées sur caillebotis intégrales, avec des logettes équipées de matelas, recouverts de paille broyée très finement pour absorber l’humidité. «Chaque matin, le robot nettoyeur est passé, puis un coup de balai est donné le soir pour enlever les bouses.» Les risques de mammite sont ainsi limités. «Les cellules sont aussi liées à la santé de la mamelle, donc la propreté est indispensable.» Pour éviter le développement des germes, les trois robots de traite, installés en 2009, sont régulièrement nettoyés, ainsi que le tank à lait.
Les vaches sont chouchoutées. Si elles ne valorisent plus l’herbe pour des questions de constance de la ration, Dominique Dengreville aime les voir à l’extérieur, la nuit, à la fraîche. «Pour leur santé, et surtout celle de leurs pattes, je pense que c’est bénéfique.» La porte de sortie ne laisse passer que les vaches qui sont allées au robot. Grâce à ce dernier, les éleveurs disposent de données précises pour chaque bête. «Tous les matins, à 7h, on fait le point devant l’ordinateur. On détaille les petits soucis de chacune : celles qui passent moins au robot, celles qui se déplacent moins ou qui ont des problèmes de mamelles. On liste les inséminations, les vêlages…» Comme la contrainte de la traite est écartée, davantage de temps peut être accordé aux soins.
Une ration équilibrée
Une importance particulière est apportée à la ration, à base de maïs, de pulpes surpressées et d’herbe enrubannée. Les vaches sont aussi nourries au concentré lorsqu’elles passent au robot : tourteaux de colza, tourteaux de soja (non OGM*) et AmyPlus (coproduit). «Chaque aliment est complémentaire.» Selon Dominique Dengreville, l’enrubannage est le produit le plus risqué par rapport aux butyriques. «Il a un réel intérêt dans l’équilibre de la ration, puisqu’il apporte, entre autres, des fibres qui favorisent la rumination. Mais il faut être sûr de le récolter suffisamment sec et sans terre.»
La gestion du maïs ensilage doit aussi être maîtrisée. La date de récolte, tout d’abord, détermine la qualité. «On vise 35 % de matière sèche. Pour ça, nous notons la date de début de floraison, qui était cette année autour du 14 juillet, puis nous nous référons au cumul des températures.» Cette année, à Saint-Riquier, l’ensilage devrait avoir lieu entre le 15 et le 20 septembre.
Le stockage est ensuite déterminant. «Le mieux est d’avoir un silo vide et propre.» Pour pouvoir se le permettre, l’exploitation dispose d’un second petit silo, qui peut contenir 5 ha de maïs, soit l’équivalent de deux ou trois mois de ration. «On peut ainsi garder le gros silo fermé pendant près d’un mois, pour une bonne fermentation. Lorsqu’on l’entame, on mélange avec l’ensilage plus ancien du petit silo pendant trois semaines ou un mois, ce qui permet une transition en douceur.» La qualité du lait repose sur des détails qui ont leur importance.
* L’EARL Dengreville est entrée dans la filière lait d’animaux nourris sans OGM il y a six mois avec, à la clé, une prime de 15 €/1 000 litres.
Les critères de la qualité du lait
• Matière grasse : 38 g/l
• Matière protéique : 32 g/l
• Germes < 100 000 UFC/ml
• Cellules < 400 000 /ml
• Résidus d’antibiotiques : absence
• Point de congélation : absence d’eau ajoutée
Lauréats du concours qualité de Lact’Union,
campagne 2019 (Somme)
Christophe Carpentier, Eaucourt-sur-Somme
Julien Carpentier, Bouquemaison
EARL Becue, Boismont
EARL Boizard, Thierry et Paul, Lamotte-Buleux
EARL Dengreville, Saint-Riquier
EARL Devillers Jérôme, Woignarue
EARL du Moulin à Cailloux (Deneux), Cayeux-sur-Mer
EARL de la Ferme du fief (Fournier), Béthencourt-sur-Mer
EARL Leclercq Nicolas, Woignarue
EARL Mabille-Vermes, Huchenneville
Gaec Bois du roi (Leimer Boudaillier), Cambron
Gaec des trois étaux (Herbert), Ergnies
Gaec du Marais (Delandre Devismes), Forest-Montiers
Gaec Liégeois (Halter), Le Meillard
Grebert Cyril, Mesnil-Domqueur
SCEA de la Motte Boutin, Monchaux-les-Quend
SCL Domqueur lait (Schorderet Marvoyer), Domqueur
Philippe Sueur, Friville-Escarbotin
Catégorie JA
Gaec Crimet, Ferme de la Panneterie, Huchenneville
Gaec du Val de Neuilly (Balesdent), Neuilly-l’Hôpital