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Un million de pauvres dans la région !

L’Insee a dévoilé, ce 29 mars, une étude peu flatteuse sur la pauvreté pour notre région… Une personne sur six est considérée comme pauvre.

Certains territoires concentrent les phénomènes de pauvreté : le bassin minier, la Sambre-Avesnois, la Thiérache 
et le Saint-Quentinois, ainsi que les territoires urbains du littoral, comme le Calaisis, du Boulonnais ou de l’Abbevillois.
Certains territoires concentrent les phénomènes de pauvreté : le bassin minier, la Sambre-Avesnois, la Thiérache
et le Saint-Quentinois, ainsi que les territoires urbains du littoral, comme le Calaisis, du Boulonnais ou de l’Abbevillois.
© INSEE

Dur constat. Des atouts, les Hauts-de-France en regorgent, chiffres à l’appui. Mais dans une étude révélée le 29 mars, l’Insee dévoile une triste réalité. La région est fortement touchée par les différentes formes de fragilités sociales.

Premier indice : le taux de pauvreté. «En 2014, un million de personnes, sur les six qui peuplent la région, vivaient sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1 020 € par mois pour une personne seule», indique l’étude. 18,3 % des habitants sont considérés comme pauvres dans les Hauts-de-France. La région est donc la deuxième plus pauvre de France métropolitaine
(14,7 %) après la Corse (20,3 %). Les familles monoparentales et nombreuses, les jeunes et les locataires, plus présents dans la région, sont les plus touchés. Dans les territoires peu denses (comme dans le Pas-de-Calais), les plus touchées sont les personnes âgées.

Certains territoires concentrent les phénomènes de pauvreté : le bassin minier, la Sambre-Avesnois, la Thiérache et le Saint-Quentinois, ainsi que les territoires urbains du littoral, comme le Calaisis, du Boulonnais ou de l’Abbevillois. Le passé industriel et le tissu productif, qui peine à se reconvertir, engendrent des situations de chômage et de pauvreté bien plus importantes qu’au niveau régional : autour de Fourmies, 30 % de la population vit même sous le seuil de pauvreté.

Le sud de l’Oise, lui, est le moins touché du fait de sa proximité avec l’Ile-de-France. De même, les territoires situés à proximité des grandes agglomérations régionales sont assez épargnés. Cependant, dans ces agglomérations, la pauvreté est liée à des inégalités plus grandes.

Les inégalités de revenus sont d’ailleurs particulièrement marquées dans la région, du fait de la surreprésentation des bas revenus. Leur forte réduction passe avant tout par le relèvement de ces bas revenus, grâce aux prestations sociales : «La perception des prestations sociales et le versement des impôts directs contribuent àа réduire de moitié les inégalités de revenus entre les 10 % des ménages les plus aisés et les 10 % les plus modestes

L’argent, mais pas que

Mais la pauvreté n’est pas seulement monétaire. Elle couvre d’autres dimensions : situation sur le marché du travail défavorable, surendettement, impayés d’énergie... Les Hauts-de-France cumulent ces risques de pauvreté.

Le surendettement est très fréquent dans la région : «douze dossiers de surendettement pour  mille ménages sont déposés auprès de la Commission de la Banque de France», est-il précisé. Ce taux est le plus élevé de France métropolitaine. La moyenne est de huit ménages sur mille. Le Pas-de-Calais, l’Aisne et le Nord se classent aux trois premiers rangs métropolitains (environ treize dossiers déposés pour mille ménages). Mais le surendettement n’est cependant pas toujours lié à un taux de pauvreté élevé.

La pauvreté est également étroitement liée au taux de chômage. Dans les Hauts-de-France, ce taux est le plus élevé de France métropolitaine au 3e trimestre 2017 :
11,9 % contre 9,4 %. L’Aisne est le département le plus en difficulté (13,5 %). Plusieurs facteurs expliquent les difficultés d’accès à l’emploi : niveau de qualification plus faible, moindre mobilité des actifs, illettrisme…

En 2014, 21 % des actifs n’ont aucun diplôme, contre 18 % en France métropolitaine. «Une partie des jeunes de la région est aussi confrontée à d’importantes difficultés d’insertion : 29 % des
18-25 ans ne sont ni en emploi, ni en formation.
» Cela est lié au déficit de formation plus marqué dans la région. Le retard à l’entrée en 6e est le deuxième plus important de France métropolitaine après la Corse (11 % des élèves à la rentrée 2016 contre 9,3 % en France métropolitaine).

L’illettrisme est également plus fortement présent que dans les autres régions : 5,1 % des jeunes de 17 ans ayant participé à la journée défense et citoyenneté en 2015 sont concernés, contre 3,6 % en France métropolitaine. L’Aisne est le département où le taux est le plus haut (6,9 %), suivi de la Somme (6,2 %) et du Pas-de-Calais (5,5 %).

Dans les Hauts-de-France, comme en France métropolitaine, quatre ménages sur dix sont locataires, soit environ 985 000 ménages. «Parmi eux, 34 % vivent sous le seuil de pauvreté, soit sept points de plus que la moyenne métropolitaine.» Il s’agit du taux le plus élevé de France métropolitaine. Explication ? «La présence plus importante du parc locatif social, les locataires de logements sociaux représentant 20 % de la population contre
16 % au niveau métropolitain.
» Près de 40 % des locataires de ces logements locatifs sociaux sont en situation de pauvreté dans la région, soit six points de plus qu’en France métropolitaine.

Santé négligée

Une malheureuse conséquence de cette pauvreté est le faible recours aux soins. Parmi les personnes consommant au moins un soin au cours de l’année 2014, 38 % ont eu recours aux soins dentaires, soit le taux le plus faible de France métropolitaine (41 %). Il est encore plus faible parmi les bénéficiaires de la CMU (Couverture maladie universelle complémentaire, 34 % contre
38 %). Les départements les plus touchés sont la Somme et l’Oise : seuls 35 % des personnes consommant au moins un soin ont eu recours aux soins dentaires. Mais l’étude indique que «le moindre recours aux soins peut être en partie lié à la plus faible densité médicale. Si la région dispose d’une densité de médecins généralistes comparable à celle de France métropolitaine, elle est sous-dotée en médecins spécialistes».

Les chiffres de la Somme

16,9 % C’est le taux de pauvreté monétaire de la Somme,
département le moins pauvre des Hauts-de-France après l’Oise
(12,8 %)

18 600 € C’est le revenu médian par unité de consommation
dans la Somme, soit au-dessus de la moyenne régionale (18 200 €)

24,9 % de la population est considérée à «bas revenus» : le revenu
médian est inférieur à 612 € par mois

15,6 % C’est le taux de chômage départemental, contre 27,2 % au niveau régional

25,8 % des jeunes de 18 à 25 ans son non insérés, contre 28 % en Hauts-de-France

Des mesures pour les plus exposés

«On ne peut pas se satisfaire de cette situation», assurait Christine Jaafari, directrice régionale adjointe de la Jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS), lors de la présentation de l’étude. Mais qu’est-il fait pour y remédier ? «Nous développons une stratégie depuis plus de cinq ans, pour accompagner les personnes les plus démunies dans leurs droits.» Comme aux travers de la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) et de la scolarisation précoce des enfants de deux ans. Dans les Hauts-de-France, la part des personnes éligibles qui bénéficient de la CMU-C est d’ailleurs la plus élevée (70 % en 2013) de France métropolitaine (63 %). A la rentrée 2015, un quart des enfants de deux ans est scolarisé, soit deux fois plus qu’au niveau national.
«Le schéma de domiciliation dans les territoires sert, lui, à fournir une adresse à chacun, pour pouvoir bénéficier des minima sociaux, ajoute l’élue. Nous voulons prochainement mettre l’accent sur la formation et sur la lutte contre l’illettrisme pour faire progresser l’accès à l’emploi.» Les jeunes, «qui échappent souvent aux mailles institutionnelles», devraient être les cibles principales.
Autre projet : un plan régional de lutte contre l’illectronisme, qui devrait être lancé le 22 juin. Il fait suite à une crainte : «Le numérique risque d’ajouter une fracture sociale.» Dans ce cadre, un coffre-fort numérique est en expérimentation au CCAS d’Amiens. «Les documents essentiels des habitants, comme leur attestation de droits ou leur carte d’identité, sont scannés, puis stockés dans cette banque de données. Les personnes peuvent donc y avoir accès partout.»

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