Faune sauvage
Une battue contre ces sangliers qui retardent les trains
À l’ouest de la Somme, une battue d’une ampleur exceptionnelle est organisée ce dimanche 5 mars pour tenter de mettre la pression sur des populations de sangliers responsables de collisions avec les trains circulant sur la ligne Amiens-Boulogne-sur-Mer.
À l’ouest de la Somme, une battue d’une ampleur exceptionnelle est organisée ce dimanche 5 mars pour tenter de mettre la pression sur des populations de sangliers responsables de collisions avec les trains circulant sur la ligne Amiens-Boulogne-sur-Mer.
Si les sangliers se contentaient de regarder passer les trains sur la ligne ferroviaire qui relie Amiens à Boulogne-sur-Mer, il n’y aurait pas besoin d’organiser d’opération spéciale pour les décantonner. Seulement, face à l’augmentation du nombre de collisions entre les trains et la faune sauvage – les suidés en particulier –, l’Infrapôle Haute-Picardie de la SNCF en charge de la maintenance du réseau a proposé la mise en place d’une battue coordonnée entre les chasseurs de plusieurs communes de l’ouest picard, autour de Picquigny. Impliquant les communes de Picquigny, La Chaussée-Thirancourt, Soues, Crouy-Saint-Pierre, Belloy-sur-Somme et Fourdrinoy, cette battue aura lieu dimanche 5 mars et doit se dérouler une bonne partie de la journée.
Cinq collisions en décembre 2022
Derrière cette initiative, on retrouve Maxime Gombart. Responsable maitrise végétation et Expert faune sauvage pour SNCF Réseau, il est également administrateur de la fédération des chasseurs de la Somme. En croisant les données de ces deux structures, on constate que le secteur de Picquigny est aussi un territoire sur lequel se concentrent un certain nombre de dégâts sur des parcelles agricoles imputables à la présence de sangliers. Quant aux collisions avec les trains qui empruntent la ligne ferroviaire entre Amiens et Boulogne-sur-Mer, «rien qu’au cours du mois de décembre 2022, cinq collisions ont eu lieu», recense Maxime Gombart. Le secteur est particulièrement sensible en raison de la présence à proximité des voies de parcelles de miscanthus, d’une partie des marais de la Somme et de propriétés non chassées. «Ce sont autant de territoires qui servent de réserve aux sangliers. En organisant une battue coordonnée, on a plus de chance de faire circuler les animaux et donc d’en prélever plus…», espère M. Gombart. Fonction de l’efficacité d’une battue coordonnée, l’Infrapôle Haute-Picardie pourrait renouveler sur d’autres parties de son réseau.
Éviter à tout prix le déraillement
Si la mise en place d’une opération coordonnée demande un peu d’organisation et de concertation – une interruption temporaire de circulation (ITC) va par exemple être mise en place –, cela reste pour l’Infrapôle Haute-Picardie «un moindre mal». «Comparé au coût d’une collision, ce n’est pas grand-chose», estime Maxime Gombart, qui pointe le risque d’accident grave : «Un train qui percute un animal sur la voie, c’est au minimum un retard du train. Dans certains cas, il faut transborder les voyageurs, trouver un autre moyen de les transporter à bon port, et réparer les matériels endommagés.» S’il n’existe pas de chiffres précis pour la France sur le coût d’une collision entre un train et un animal sauvage, une étude suédoise l’estime «entre 150 et 200 000 €», signale M. Gombart. «Forcément, ce sont des chiffres qui interpellent.» D’autant qu’au-delà du coût «matériel», l’autre risque bien plus grave est celui d’un déraillement du train ; comme cela s’est déjà produit par le passé avec un train transportant des marchandises.