Artisanat
Une bière à l’eau de chanvre cultivé dans le Santerre
Quand une brasserie artisanale, une entreprise spécialisée dans la fabrication de produits à base de chanvre et un agriculteur se rencontrent, cela donne naissance
à une bière au goût de chanvre.
Quand une brasserie artisanale, une entreprise spécialisée dans la fabrication de produits à base de chanvre et un agriculteur se rencontrent, cela donne naissance
à une bière au goût de chanvre.
Dans le petit monde de la brasserie artisanale, on parle volontiers d’une «collab’». Autrement dit, l’association entre un brasseur et une autre brasserie, ou un acteur d’un tout autre domaine. À Corbie, c’est la rencontre entre la brasserie Picardennes et Sativatech, une entreprise spécialisée dans la production de chanvre et de CBD installée à Lamotte-Warfusée qui a donné lieu à la naissance d’une bière originale, la «Hempause». En anglais, le chanvre se traduit par «hemp», d’où le nom donné à cette bière dont le lancement officiel a eu lieu début mars, lors du salon «Amiens Bière Festival» à la Halle Freyssinet.
Cultivé pour son arôme
La clientèle visée par la brasserie Picardennes est double : «On s’adresse soit à quelqu’un qui connait déjà le goût du chanvre, soit à quelqu’un qui veut goûter une recette originale», expliquait en ce milieu de semaine Christophe Podigue, brasseur. Pour parvenir à une recette équilibrée, il a fallu plusieurs tests. Le résultat – surprenant –, est une bière «naturelle, légère et rafraîchissante», avec un degré d’alcool de 4,8°. «La difficulté, poursuit le brasseur, c’était de trouver un équilibre entre ce que l’on attend d’une bière et le goût du chanvre qui ne doit pas prendre le dessus.» Si Christophe Podigue garde secret les étapes de fabrication, il confesse toutefois que la base de la recette est celle d’une bière traditionnelle. Et d’ajouter que «houblon et chanvre font partie de la même famille botanique», ce qui amène une complémentarité. Pour Édouard Feraux, l’un des deux fondateurs de Sativatech, «l’idée, c’est de démocratiser le côté aromatique du chanvre qui n’est pas forcément connu». L’autre avantage de la bière à l’eau de chanvre, c’est qu’elle est fabriquée à partir d’un coproduit de la fabrication d’autres spécialités à base de chanvre produites par Sativatech.
Sans phytos
Xavier Ribeaucourt, l’agriculteur chez qui le chanvre est cultivé, dit quant à lui avoir voulu «simplement donner un coup de main à une entreprise qui se lance». Dans son assolement, le chanvre occupe deux parcelles pour une surface comprise entre 1,5 et 2 hectares. «La culture du chanvre est quelque chose dont on parle de plus en plus. Agronomiquement, c’est intéressant. J’interviens pour la préparation du sol, le repiquage qui se fait par bouturage et pour le désherbage qui se fait mécaniquement.» Ensuite ? «Il n’y a qu’à laisser pousser», sourit l’agriculteur qui doit néanmoins veiller à ce que les parcelles soient éloignées des regards. Dans le Santerre, le pillage des parcelles de chanvre par des consommateurs qui croient être tombés sur un point de deal à ciel ouvert et gratuit ne fait pas rire. La bière à l’eau de chanvre, en revanche, procure un moment de convivialité agréable partagé avec ses créateurs… à condition de la consommer avec modération.