Une campagne compliquée sauvée par les prix
Les volumes de la campagne 2019-2020 sont en recul par rapport à ceux de la campagne précédente et par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les cours sont quant à eux supérieurs à ceux des saisons antérieures avec des niveaux inédits pendant la période de confinement liée à la Covid-19.
Entre la sécheresse et les conséquences du Covid-19 tant sur la consommation que sur l’organisation du travail, la campagne 2019-2020 d’endives qui s’est achevée en juin est qualifiée de «compliquée» par le Réseau des nouvelles des marchés qui en publiait un bilan il y a quelques jours. «Tout au long de la campagne», rapporte le RNM, le marché de l’endive a vécu une situation de «sous-offre». La première raison de cette situation est la sécheresse de l’été 2019 qui a un effet négatif sur le potentiel de productivité des racines d’endives. La production de chicon qui en découlait s’est avérée irrégulière et en baisse de 12 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les conditions soudain très humides de l’automne (novembre) ont compliqué la récolte des racines.
Un marché calme et équilibré en début d’année
Le début de l’année civile (2020) est marqué quant à lui par un regain de la qualité de la production de chicon, qui pallie une quantité de l’offre en retrait. La demande mesurée du consommateur permet toutefois au marché de trouver pour un temps un équilibre avec des niveaux de prix corrects.
A partir du mois de mars, les mesures de confinement liées à l’épidémie de Covid-19 porteront les prix à des niveaux inédits et compliquent le travail. «Les mesures de confinement décidées à la mi-mars pour tenter d’endiguer la progression de l’épidémie de Covid-19 font soudain de l’endive un produit très recherché par le consommateur, notamment sous sa forme conditionnée en sachet», constatent les observateurs. Certains producteurs sont tentés de limiter la mise en bacs de forçage afin de préserver une durée suffisante de la campagne. Cette faiblesse de l’offre a pour conséquence un envol des prix à des niveaux inédits. Le cours moyen à l’expédition dépasse pendant quelques semaines la valeur des 3 € HT/kg, analogue au prix moyen pratiqué habituellement TTC au mieux de la campagne au stade de la distribution. En conséquence, on retrouve cette année très précocement le schéma habituel de la fin de campagne avec la baisse de la production et la hausse significative des cours. Mais l’épidémie de Covid-19 et les mesures prises par les pouvoirs publics pour l’endiguer perturbent aussi l’organisation du travail dans les endiveries. L’application des mesures sanitaires de distanciation rend le travail «compliqué».
Une fin de campagne anticipée
Passé le déconfinement à la mi-mai, le marché retrouve un certain calme, avec la concurrence des produits estivaux, qui permet de faire mieux correspondre l’offre d’endive à la demande. Les indicateurs de prix et de volume de production retrouvent des valeurs plus habituelles. Cette production d’été reste faible, de trois quarts inférieure à la moyenne quinquennale. Les prix continuent quant à eux leur repli mais conservent un écart positif de l’ordre de 40 % avec ceux de l’année précédente et ceux de la moyenne quinquennale. En juin, on constate toujours une baisse des cours mais celle-ci s’atténue. Le prix moyen mensuel repasse en-dessous de la valeur de l’année précédente mais demeure supérieur de 20% à celui des cinq dernières années. Globalement, on peut donc dire que la campagne s’est plutôt bien tenue en matière de prix. Enfin, pour la campagne 2020-2021, les semis qui ont débuté en avril laissent penser que les surfaces seront stables, avec un engouement pour la production de jeunes pousses. Lors de la campagne 2019-2020, on estime la production d’endives en France autour de 130 500 tonnes (source : Agreste), soit une diminution de 7% par rapport à la campagne 2018-2019.