Une chèvrerie moderne qui facilite le travail
La chèvrerie Les Fromages de chèvre Moret, à Tancrou (77), est installée dans un bâtiment neuf en bois. Du bâtiment d’élevage à la vente, tout est pensé pour faciliter le travail des exploitants et de leurs cinq salariés.
La chèvrerie Les Fromages de chèvre Moret, à Tancrou (77), est installée dans un bâtiment neuf en bois. Du bâtiment d’élevage à la vente, tout est pensé pour faciliter le travail des exploitants et de leurs cinq salariés.
En entrant dans l’élevage, début mars, pleine période des mises bas, l’ambiance est calme et sereine. Les 200 chèvres sont réparties des deux cotés - d’une longueur de 15 m - d’un large couloir central de 5 m de long. À l’avenir, la troupe devrait monter à 320 têtes sur trois-quatre ans, uniquement en gardant les chevrettes de l’élevage.
«Nous avons fait le choix d’une structure entièrement en bois car on voulait quelque chose de beau, chaleureux. Cela crée aussi une ambiance plus calme», explique Mathilde Reygrobellet, l’une des exploitantes des Fromages de chèvre Moret, qui travaille sur l’exploitation familiale aux côtés de son frère, Clément Moret, et de son cousin, Bertin Moret. Autour de ce bâtiment, construit par une entreprise française, la société Roiné, deux hectares de pâtures permettront aux chèvres de sortir même si l’alimentation sera toujours apportée à l’intérieur. Alors que dans les anciens bâtiments, aménagés dans le corps historique de la ferme datant du XVIIe siècle, l’alimentation se faisait au seau, maintenant tout est automatisé.
Un robot pour distribuer l’alimentation
Un robot Méchineau distribue trois fois par jour l’alimentation composée de produits locaux : le maïs des Graines de mon village, à Ocquerre (Seine-et-Marne), la pulpe de betteraves (revient de leurs betteraves après un passage à la sucrerie) et de la luzerne déshydratée de leur coopérative Tereos. La machine, pilotée par un smartphone, fonctionne seule. La ration distribuée est différente en fonction des endroits et le robot refait le plein seul et en silence. «Nous gagnons un temps important. Seule la distribution de foin, produit à Crécy-la-Chapelle (Seine-et-Marne), se fait encore à la main, mais les balles sont déposées dans le couloir centrale en tracteur», note Mathilde Reygrobellet.
En cette période de l’année, la nurserie est aussi pleine de vie. 380 chevreaux sont attendus en six semaines. Si le colostrum est toujours donné au biberon, une machine mélange poudre de lait et eau chaude automatiquement en fonction des sollicitations des jeunes qui tètent à la demande au fil de la journée.
Un robot de traite de 42 places
Côté salle de traite, une grosse innovation offre un gain de temps considérable : le roto-traite qui permet de brancher 42 chèvres en même temps. «Un chien électrique, à savoir une barrière électrique suspendue, les pousse vers la salle de traite qu’elles intègrent une à une. Une auge avec de l’aliment les attire et permet à la contention de se mettre en place», explique l’éleveuse. Le décrochement se fait automatiquement, normalement au bout d’un tour. Avec ce nouvel équipement, chacune des traites dure moins d’une heure, ce qui a permis d’en décaler les horaires.
À la recherche d’économies d’énergie
Le bâtiment a également été pensé pour maximiser les économies d’énergie. Des panneaux photovoltaïques sont installés sur les toits de l’élevage et de la nurserie et des doubles circuits sont en place pour refroidir le lait. Le lait chaud rencontre de l’eau froide, réduisant ainsi l’énergie nécessaire pour abaisser sa température à
10 °C. Quant à l’eau tiédie, elle est utilisée pour les animaux. Le même système équipe la fromagerie.
Quant au tank à lait, prévu pour deux traites, il est surélevé. Ainsi le lait arrive par gravité dans la fromagerie où se déroule la transformation quotidienne du lait en fromages et yaourts. Afin de travailler en pleine transparence, les visiteurs et clients pourront voir ce qu’il s’y passe à travers de grandes fenêtres. Ces baies vitrées sont également voulues dans l’objectif, à terme, de faire de l’accueil à la ferme. Le sérum, sous-produit du lait, est valorisé dans un méthaniseur du secteur. Sont contiguës une salle de lavage et de stockage du matériel propre.
Quant à la nouvelle boutique, accolée à un point accueil déjà prévu, les horaires ont évolué. Une personne sera dédiée uniquement à la vente des produits de la ferme et de voisins (épicerie avec produits sec uniquement pour l’instant et jus de pomme de la Ferme de la Vallière). Enfin, le site est également autonome au niveau du traitement des eaux blanches. Étant éloignés de l’assainissement collectif, les exploitants ont opté pour un bassin avec filtres à roseaux.
Ce projet, Mathilde, Clément et Bertin l’ont en tête depuis 2016. Les anciens bâtiments arrivant en bout de course, il leur était impossible de s’agrandir. Si le bâtiment est prêt depuis fin 2019, les finitions ont pris du retard en raison de la crise sanitaire. Et pour la fin de l’année, ils ont un nouveau projet : proposer une tomme afin de mieux valoriser le lait estival quand la clientèle est en vacances avec un fromage qui s’affine, dans l’objectif de le mettre à la vente pour les fêtes.