Une première coopérative de producteurs de légumes de plein champ
Trente-huit agriculteurs de la CC2SO créent une coopérative pour produire soixante hectares de légumes de plein champ. Une première dans la Somme.
Cinquante hectares de poireaux et dix hectares de choux devraient être piqués en plein champ, dès le printemps. Ce projet ambitieux est le fruit d’une association entre trente-huit producteurs de la Communauté de communes Somme Sud-Ouest (CC2SO).
«Tout est parti de la sollicitation de Del Monte (géant américain de l’agroalimentaire, qui devrait installer une usine de fruits et légumes à la découpe à Croixrault l’année prochaine, ndlr), explique Christophe d’Halescourt, président de l’association des agriculteurs. En se renseignant sur la filière, on s’est aperçu que nous avions un vrai potentiel de diversification. Les légumes de plein champ apporteront une valeur ajoutée à nos exploitations, qui doivent trouver des solutions pour être rentables.» Presque une évidence, dans un département vierge de culture de ce genre, avec pourtant «Une forte demande dans le secteur et des terres fertiles qui s’y prêtent.»
Dix emplois à la clé
Les 700 agriculteurs qui cultivent dans les 120 communes du territoire ont donc été conviés à une réunion, le 9 décembre dernier.
300 y participaient. 38 sont allés au bout de l’aventure. «Aujourd’hui, nous sommes en association. Mais le statut juridique doit évoluer en coopérative». Les agriculteurs ont déjà acté des intentions d’emblavement. Chacun devra repiquer un ou plusieurs hectares.
Après la récolte, les 2 500 tonnes de poireaux et 750 tonnes de choux nécessiteront l’embauche de dix équivalents temps plein. Car le lavage et le conditionnement des légumes est une lourde tâche. «Pour un hectare de blé, comptez dix heures de travail. Pour un hectare de poireaux, comptez six-cent cinquante heures», assure Alain Defosses, président de la CC2SO, partenaire du projet.
REO Veiling, partenaire de commercialisation
Pour la commercialisation, les producteurs ont opté pour une alliance avec REO Veiling, coopérative belge qui vend déjà plus de soixante espèces de fruits et légumes et 250 000 tonnes de produits frais chaque année, dans le marché européen. «Nous serons un partenaire de commercialisation, en apportant notre suivi des tendances du marché, confie Paul Demyttenaere, le directeur général. Nous avons une expérience de soixante-quinze ans dans le domaine. Nous savons qu’il y a une demande de production locale de légumes en Hauts-de-France. Celle prévue en 2018 n’aura aucun problème à trouver acheteur.»
L’usine Del Monte pourrait faire partie des clients «mais pas que, car nous voulons conserver une certaine indépendance», ajoute Christophe d’Halescourt. REO Veiling aura aussi un rôle de conseil, dans le choix des légumes et des variétés.
A très court terme, l’enjeu est d’implanter une structure pour le stockage et le conditionnement dans la Communauté de communes. Le matériel (repiqueuse, planteuse) sera acheté en commun. Un système d’irrigation devra aussi être pensé.
Objectif pôle de production
Pour Christophe d’Halescourt, «l’ambition est de devenir véritable pôle de production». Les agriculteurs pourraient augmenter les surfaces de production et y planter des oignons, des carottes, du céleri et des fruits rouges. Il serait alors nécessaire d’embaucher d’autres salariés.
Jérôme Chellé-Poiret, à la tête de son exploitation de polyculture et élevage de vaches allaitantes, à Equennes-Eramecourt, a été «convaincu par la valeur ajoutée que l’activité peut apporter, car les vaches ne payent pas cher en ce moment !» L’homme, d’abord venu par curiosité à la première réunion, s’est engagé à cultiver un hectare de poireaux la première année. Si l’affaire tourne comme prévu, il pourrait bien planter un hectare ou deux de plus en 2019.
REO Veiling, expert de la commercialisation
La coopérative REO Veiling a été fondée en 1942, en des temps difficiles, afin de permettre la commercialisation de la culture maraîchère qui se développait fortement en Flandre-Occidentale centrale, jusqu’à devenir un phénomène unique en Belgique. L’expansion a obligé l’entreprise à déménager plusieurs fois. Du Linkervaartkaai en passant par la Kattestraat jusqu’à son emplacement actuel limité par trois grandes voies : la Diksmuidesteenweg, la Groenestraat et la Oostnieuwkerkesteenweg.
Le hall de réception et la salle des ventes, opérationnels depuis le 1er avril 1991, occupent une superficie de 20 hectares dans la zone artisanale «De Klauwaertbeek». Le département conditionnement et les entrepôts des grossistes, situés le long de la chaussée de Dixmude, occupent, eux, 9 hectares.
En 1999, le marché de gros REO Veiling a fondé Lava, en collaboration avec six autres marchés de gros flamands de fruits et légumes. Le but de cette association était d’harmoniser entre eux la commercialisation, le contrôle de la qualité et la recherche.
Dans le cadre du partenariat avec les agriculteurs samariens, Paul Demyttenaere, le directeur général, précise : «Nous ne sommes pas un acheteur, mais bien un metteur en marché des produits frais. Ce que nous voulons, c’est travailler à 100 % avec les producteurs locaux et non pas à 50 % chacun.»
Le projet, en trois chiffres
60
C’est le nombre d’hectares dans lesquels pousseront les légumes en 2018. «Pour comparaison, une grosse exploitation de légumes de plein champs du Nord - Pas-de-Calais fait 10 hectares», confie Blaise Crété, agriculteur de la futur coopérative.
3 250
Autant de tonnes de légumes devraient être récoltés en 2018, dont 2 500 t de poireaux et 750 t de choux, choisis pour leur praticité : «Ils ne nécessitent pas de stockage», précise Christophe d’Halescourt.
1 200
Aujourd’hui, la coopérative REO Veiling regroupe
1 200 producteurs belges et français. Pour commercialiser leurs légumes, les trente-huit agriculteurs samariens qui créent leur coopérative locale devront aussi adhérer à REO Veiling.