Endives
Une visite ministérielle sans sel à la station expérimentale de l’endive
La visite de la ministre déléguée à l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher le 16 mai dernier à la station expérimentale de l’endive à Arras s’est faite sans grandes annonces. Au grand dam des responsables de l’Apef.
La visite de la ministre déléguée à l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher le 16 mai dernier à la station expérimentale de l’endive à Arras s’est faite sans grandes annonces. Au grand dam des responsables de l’Apef.
Déçus les endiviers, pour ne pas dire amers. À l’issue de la visite de la ministre déléguée à l’Agriculture, cette dernière a eu beau déclarer sur X (ex-Twitter) que «la France est le 1er producteur mondial d’endives et nous entendons le rester», cela n’a pas suffi à rassurer les producteurs. À Arras, Agnès Pannier-Runacher a toutefois réaffirmé l’action du gouvernement qui «s’investit aux côtés de la filière qui expérimente (…) des solutions alternatives aux phytosanitaires interdits», mais force est de constater que ces solutions ne sont pour le moment pas au point. Si la ministre a affirmé que des dérogations à l’interdiction du Bonalan, du Movento et du Safari n’étaient pas à l’ordre du jour «parce que c’est un enjeu de santé publique et parce que les décisions se prennent au niveau européen», elle a confirmé la mobilisation d’une enveloppe d’un milliard d’euros pour financer la recherche d’alternatives. Celle-ci devrait profiter aux endiviers mais aussi à d’autres filières concernées par l’interdiction de plusieurs molécules.
Essais non concluants
Lors de sa visite des installations de la station expérimentale de l’endive gérée par l’Association des producteurs d’endives de France (Apef), Agnès Pannier-Runacher a été invitée à se pencher sur les essais conduits depuis plusieurs semaines. Le résultat ? Une déception, comme le raconte au micro de BFM Lille, Philippe Bréhon, producteur d’endives dans le Pas-de-Calais et président de l’Apef : «Les essais que nous avons semé pendant l’hiver ne sont pas concluants. Les chénopodes ont fait leur croissance et ont empêché l’endive de pousser correctement. L’endive se trouve toute chétive, ce qui ne donnera pas une endive de qualité pour le consommateur.» Or, s’inquiète Philippe Bréhon, «si demain, on n’a pas de solutions, des endiviers vont fermer boutique et mettrons d’autres cultures comme des pommes de terre, du lin ou des betteraves. La filière va s’éteindre petit à petit et on ne parlera plus d’endives…» Pour le président de la marque Perle du Nord, Hugues Moilet, l’inquiétude est partagée, comme le rapportent nos confrères de la Gazette Nord-Pas de Calais : «Sans Bonalan, Safari et Movento et sans alternatives viables, il y a aura une baisse drastique de nos production.» Et tout un tas de conséquences en cascade.
«Visite de courtoisie»
Directeur de l’Apef, Pierre Varlet évoquait ce mercredi 22 mai «une visite de courtoisie» pour qualifier le déplacement ministériel du 16 mai dernier. «La ministre s’était engagée à venir sur place…», rappelle-t-il, soulignant «l’écoute» du ministère de l’Agriculture. Si aucune solution concrète n’a pu être validée, «on a quand même pu échanger et sensibiliser les élus présents.» Quant à l’enveloppe consacrée par le gouvernement pour la recherche d’alternatives, «forcément, cela est bienvenu.» Au sein de la station expérimentale de l’endive, les travaux peuvent donc se poursuivre. «Forcément, on aimerait que les choses avancent plus vite», regrette Pierre Varlet… contrarié par la météo «qui ne facilite pas non plus la mise en place d’essais.» Et le directeur de l’Apef d’annoncer la participation de l’organisation à la prochaine édition de Terres en Fête (7-8 et 9 juin) : «Ce sera encore une fois l’occasion de sensibiliser ceux qui voudront nous entendre à la situation de la filière endives.»